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dimanche 25 décembre 2016

Andreï ou le Sukhoi syrien





Le temps court à grande vitesse et les évènements se précipitent à son embouchure en emportant dans leur course effrénée les maillons les plus faibles ou affaiblis par la conjoncture internationale. Il y a peu de temps, le su-24 russe faisait les frais d’un Turc échaudé bien campé sur sa tête dont la pensée épousait le cher esprit de l’OTAN. Hier, ce fut au tour de l’ambassadeur de Russie de faire les frais du jeu  que se livrent les grandes puissances en terre syrienne. À qui profite le crime? Se serait demandé calmement un certain Ludovic. Quant à Colombo, il aurait tout simplement répondu comme aurait dit certainement sa femme. Se souvient-on encore d’Omar le Soudanais et d’Ocampo ? La CPI est un pays occupé à l’image de sa mère l’ONU qui ne peut enfanter que des rejetons auxquels elle fait briller le nom.
Qui a intérêt à envenimer la relation russo-turque ? Pourquoi avoir choisi Ankara au lieu de Paris ou Londres ? Ces dernières capitales occidentales sont-elles imprenables ou bien sans impact international ? Ce qui est certain, ce n’est nullement un travail amateur et encore moins un acte isolé. Le moment était bel et bien choisi à la veille de la réunion tripartite regroupant la Russie, l’Iran et la Turquie. Cherchait-on à avorter ce sommet ? Entre autres, oui ! Cependant, quoiqu’important, ce but est loin d’être principal. Alep constitue-t-elle le nœud gordien de l’affaire moyen-orientale ? Ou bien, n’est-ce qu’une victoire éphémère du pouvoir syrien sur l’échiquier international ? Trop d’aspects demeurent opaques et nul ne peut tirer au clair certains côtés, car ils font partie du secret des États. Néanmoins certains indices permettent une lecture appréciable  de la situation à la lumière de quelques faits et actes. L’on a l’impression que l’Amérique se désengage du proche orient et le discours de Trump est édifiant en la matière en ce sens qu’il laisse entendre une implication positive dans la résolution de la crise syrienne. Qu’on se détrompe, car le problème syrien est d’abord israélien et les Étasuniens ne sont pas près de laisser tomber  leur frère et allié. Détruire et démembrer la Syrie étant le plan initial, l’on continue dans cet idéal en appliquant les phases du projet selon des variantes circonstancielles. François Mitterrand disait dans « Le dernier Mitterrand » de Georges Marc Benamou : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort…apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde… C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort ! »
La guerre en Syrie n’est ni arabe ni ottomane malgré l’implication de l’Arabie, du Qatar et de la  Turquie et l’affaire du sukhoi n’est qu’un élément détonnant sinon le détonateur. Néanmoins, celui-ci n’a pas fonctionné selon les prévisions du plan préétabli par les seigneurs de la Terre et les séquestrés de l’OTAN ainsi que leurs administrés. Finalement, les Turcs et les Américains se sont fait avoir au jeu de la roulette russe et la Turquie a miraculeusement échappé à l’ours russe débarquant de Sibérie. L’on frôle la guerre parce que la destruction de l’avion russe était un acte belliqueux et délibéré décidé par les hautes instances de l’OTAN. Ce fut un test à priori mesuré, mais ô combien dangereux pour la paix. Cette étape franchie, il fallait passer au plan « B ». Cela suppose qu’il existe un « C », un « D » et un « Z » aussi. Néanmoins, cela ne peut aller à l’infini, puisqu’à défaut d’équilibre, une puissance doit s’effacer devant l’autre pour préserver la paix.
Qui est derrière le meurtre de Monsieur Andreï ? Certainement pas la Turquie cette fois-ci ! Son concours, quoique retardataire, à la solution du problème d’Alep plaide en sa faveur en la mettant dans la case des victimes aux côtés de la Russie. Les États-Unis ? Je dirais plutôt Israël qui voit d’un mauvais œil le règlement de la situation et le rapprochement entre la Turquie et la Russie. Toutefois, à contrario de la logique sidérante, cette entité est à écarter, car elle ne peut survivre à un conflit généralisé et ne peut en aucun cas se mettre à dos les Russes qui la soutiennent en dépit de tous les voyants clignotants au rouge dans la région. L’Occident ? Effectivement, mais il faut actualiser ce vocable pour englober les pays arabes mis à part ceux dits de la confrontation. À ce moment-là,  le commanditaire est tellement anonyme qu’on va noyer un poisson dans l’eau en cherchant à démêler l’écheveau.
Néanmoins, il nous reste un pays qui joue le rôle de sous-marin américain en zone européenne. Si l’Angleterre quitte l’Union, c’est justement pour avoir les coudées franches en matière de politique extérieure où elle entend redorer son blason. Les Américains viennent de passer le témoin à la perfide Albion pour s’occuper comme il se doit de ses intérêts dans la région. Madame  Theresa May ne vient-elle pas de présider le dernier CCG où elle souligna  les nouvelles lignes de sa politique moyen-orientale ? Finalement, ce n’est qu’un retour aux sources et les pays du Khalije sont heureux de renouveler encore une fois leur obédience et leur totale soumission. Du haut de son balcon, perchée tenant dans sa bouche une vipère, elle déclare en fanfare que la sécurité des pays du Golfe passe impérativement par celle de Londres. Elle annonce dare-dare que leur ennemi juré demeure l’Iran et qu’en aucun cas elle ne permettra à celui-ci de semer la zizanie en Arabie qu’elle chérisse par galanterie au plus haut degré de son argenterie. La Terre à Angle déclare à la Terre Arable qu’elle se tient prête à défendre les arables contre les musulmans dits barbares parce qu’indépendants. Le M16 ne serait nullement étranger à l’assassinat de l’ambassadeur russe dans le but de saborder le rapprochement russo-turc qui connait un certain enthousiasme depuis le coup d’État avorté. Il parait que les É.-U. sont derrière la tentative déjouée in extrémis par les Russes, autrement Erdogan ne serait plus ottoman. Dans ce contexte, c’est la Royal Navy qui est aux commandes de la flotte occidentale qui a vu la douce France se décharger de son Charles de Gaule, le bateau amiral de la marine française. Historiquement, la Grande-Bretagne est la marraine incontestée de toute la géographie moyen-orientale et la source ayant enfanté l’Arabie actuelle, quelques émirats et Israël et Mark Sykes et Arthur Balfour sont là pour attester de la véracité de la question.

La spéculation allant bon train, le policier victime de l’attentat faisait partie de la garde rapprochée du président ; il aurait été évincé suite à la tentative du coup d’État, car il appartenait au mouvement Gülen. Cousu de fil blanc, Les Américains sont visés par ricochet et Les Russes comme les Turcs savent exactement ce qu’il en est. Poutine fait l’autruche pour donner le temps à Erdogan d’amorcer le virage afin d’éviter le tournis propre au tournant. Les uns se font avaler des couleuvres, d’autres des pilules en attendant le baisser de rideaux. L’ambassadeur russe aurait pu être un grand-père à ce pauvre agent ayant refusé la vie à vingt ans ! À la fleur de l’âge, a-t-on le droit de penser à la mort quand tout en nous crie la vie ? Du temps du KGB et de la CIA, tout cynisme écarté, l’on raffolait de cet espionnage de classe où les acteurs émérites étaient considérés comme des héros. De nos jours, les secrets sont de polichinelle au point que les services liquident à bout portant leurs propres agents et sans prendre de gants. De Merah le français d’Algérie au Tunisien Anis de Berlin en passant par le Turc Aleppin, c’est le même scénario. Sont-ils imbéciles au point de faire disparaitre le seul et véritable  accusé, coupable et témoin ? 

samedi 10 décembre 2016

La vieille Anglaise, l'Arabe et le témoin


La danse macabre continue sur la scène arabe où l’on joue éternellement Méphisto et Frankenstein réunis. Du côté du keffieh l’on se promène nu en affichant clairement son mépris  viscéral de la chose ancestrale en commençant par arborer la kippa et le képi. Les sommets où les Arabes brillent et se distinguent se succèdent en se mettant à l’infinitif d’un verbe occidentalisé qui se conjugue à tous les temps réguliers et irréguliers. Dans cette conjugaison politique où la diplomatie arabe continue à faire l’autruche au détriment du chameau qui va à l’amble dans ce désert mortuaire où la vie se suicide à l’oasis de l’histoire.
 La Ligue arabe promet en tenant ses promesses de toujours se ressembler en regardant le miroir déformé qui lui rend le reflet de ses prouesses calamiteuses afin de toujours se ressembler. Cela n’étonne plus personne, même pas les masses populaires, cependant obnubilées par les découvertes miraculeuses des réseaux sociaux leur offrant des panacées aux maux cadenassés qui les enchaînent dans leur sommeil éternel. Quant aux élites arabes tellement occupées à téter le biberon occidental, elles ne peuvent roter ni éructer d’une manne providentielle d’un occident généreux et désintéressé.
Tout d’abord la palme revient au sommet arabo-africain. Arabes et Africains veulent enfin se tenir la main, mais sans la donner franchement, car l’une est sale et l’autre est noire. L’esclave surclasse-t-il le maître dans cette dialectique sourde et aveugle ? Le Sahara est-il arabe ou africain ? S’il est arabe, est-il algérien ou marocain ? S’il est africain, est-il Sahraoui ou saharien ? Un véritable labyrinthe cet hémicycle noir où les turbans ont imbécilement brillé comme à l’accoutumée. Ils ne sont prompts et véloces que face à des pairs qu’ils méprisent et qu’ils considèrent comme inferieurs.
Néanmoins, il nous reste un pays qui joue le rôle de sous-marin américain en zone européenne. Si l’Angleterre quitte l’Union Europeenne, c’est justement pour avoir les coudées franches en matière de politique extérieure où elle entend redorer son blason. Les Américains viennent de passer le témoin à la perfide Albion pour s’occuper comme il se doit de ses intérêts dans la région. Madame  Theresa May ne vient-elle pas de présider le dernier CCG où elle souligna  les nouvelles lignes de sa politique moyen-orientale ? Finalement, ce n’est qu’un retour aux sources et les pays du Khalije sont heureux de renouveler encore une fois leur obédience et leur totale soumission. Du haut de son balcon, perchée tenant dans sa bouche une vipère, elle déclare en fanfare que la sécurité des pays du Golfe passe impérativement par celle de Londres. Elle annonce dare-dare que leur ennemi juré demeure l’Iran et qu’en aucun cas elle ne permettra à celui-ci de semer la zizanie en Arabie qu’elle chérisse par galanterie au plus haut degré de son argenterie.
 La Terre à Angle déclare à la Terre Arable qu’elle se tient prête à défendre les arables contre les musulmans dits barbares parce qu’indépendants. Le M16 ne serait nullement étranger à l’assassinat de l’ambassadeur russe dans le but de saborder le rapprochement russo-turc qui connait un certain enthousiasme depuis le coup d’État avorté. Il parait que les É.-U. sont derrière la tentative déjouée in extrémis par les Russes, autrement Erdogan ne serait plus ottoman. Dans ce contexte, c’est la Royal Navy qui est aux commandes de la flotte occidentale qui a vu la douce France se décharger de son Charles de Gaule, le bateau amiral de la marine française. Historiquement, la Grande-Bretagne est la marraine incontestée de toute la géographie moyen-orientale et la source ayant enfanté l’Arabie actuelle, quelques émirats et Israël et Mark Sykes et Arthur Balfour sont là pour attester de la véracité de la question.


vendredi 9 décembre 2016

L'Algérie,La Syrie et L'Iran

La situation internationale est comme un sable mouvant, instable elle lance des défis autant que des changements en matière de stratégie. Les deux titans se livrent une bataille ardue sur l’échiquier international en faisant chacun intervenir ses pions pour se damer le pion où le pat est plus chanceux que le mat. Il ne peut y avoir de guerre entre les deux grands, mais ils peuvent, cependant, se mesurer ailleurs sur d’autres plans. La Syrie étant la terre de prédilection, les Syriens toutes sectes et ethnies confondues ainsi que les nervis issus de tous les pays constituent les cobayes par excellence. Deux blocs tectoniques se télescopent sur la faille de Damas et le tremblement ne peut être qu’astronomique, car ils sont rigides et puissants. Après six ans de guerre, la Syrie tient encore debout et mieux encore, elle se fortifie chaque jour davantage. La naissance du cinquième bataillon est finalement une réponse à une grande question. En effet, depuis 2013 je n’ai cessé de m’inquiéter sur l’absence de la mobilisation. À présent, je comprends que les conditions prévalant à son décret n’étaient pas encore réunies. C’est reconnaître que les Syriens qui ont choisi l’autre côté sont nombreux aussi. Maintenant que les choses sont claires et que l’on est arrivé à séparer le bon grain de l’ivraie, l’on peut décréter l’appel aux armes et sonner la charge. IQTIHAM est la nouvelle unité d’assaut composée uniquement de volontaires désireux de combattre les terroristes aux côtés de l’armée régulière et ses alliés. Enfin le glas sonne pour la horde sauvage et bientôt, Alep ne sera qu’un cauchemar et la guerre en Syrie qu’une parenthèse de l’histoire. Le communiqué succinct de l’armée stipule que la nouvelle unité est créée à la demande du peuple syrien qui veut en finir avec les groupes armés dans tout le pays. Le commandement général demande aux citoyens syriens où qu’ils soient à rejoindre ce corps de volontaires. Je crois humblement que le compte à rebours a d’ores et déjà commencé et que l’année 2017 sera une année clé dans le règlement de ce conflit planétaire.
 Quant à l’Iran, malheureusement le chemin sera encore long, malgré cette éclaircie des accords nucléaires. Les Américains ne cèderont jamais, ils ne font que reculer pour mieux repartir là où ils ont fauté. Les accords avec Téhéran ne sont qu’un renvoi aux vestiaires en attendant la reprise du match qui n’est absolument pas terminé. À travers la démolition de la Syrie, l’on visait l’éradication du Hezbollah pour enfin s’occuper de L’Iran qui a survécu à trente ans de sanctions et une guerre sans nom. Mieux encore, L’Iran s’est doté d’armes sophistiquées en évoluant dans tous les domaines (industriel, scientifique, culturel, spatial…) en comptant sur ses propres ressources tant humaines que matérielles. L’Iran musulman a tenu bon face au mastodonte américain sur tous les plans. Le Congrès américain vient de voter la reconduction des sanctions contre l’Iran pour dix ans en invoquant de nouvelles raisons, à savoir le non-respect des droits de l’homme, le soutien aux Résistances libanaise et palestinienne qualifiées de terroristes et le programme de missiles balistiques.
Il est impératif que l’Iran prenne des mesures à tous les niveaux et se tienne prêt à toutes les éventualités, car non seulement le nouveau président a annoncé la couleur lors de sa campagne électorale en ciblant l’Iran, mais vient de nommer à la tête de la CIA, Mike Pompeo qui a déclaré en 2015 qu’il considère la Révolution anti-impérialiste iranienne comme un mal absolu. Les choses sont, on ne peut, claires et Trump vient de montrer qu’il sait ce qu’il a à faire. Toutefois, n’étant pas le seul à avoir de la matière grise, il peut se tromper en récitant le Talmud à l’entrée d’une mosquée ou sur le parvis d’une église. Le temps est en sa défaveur et il ne peut le remonter qu’en actionnant le bouton du nucléaire, chose qu’il ne peut faire, malheureusement et heureusement. Le feu de forêt qui s’est déclaré en Israël a donné un avant-goût de ce que serait la prochaine guerre, d’autant plus que les combattants du Hezbollah sont devenus de véritables baroudeurs. Ils ont acquis de nouvelles techniques de combat et sont devenus maîtres dans les coups de main et artistes dans celui des rues en ambiance très compliquée. Les soldats syriens et autres Bassijs iraniens ont atteint un degré inégalable en matière de combativité et j’ose prédire des jours sombres pour Tsahal et ses différents corps d’armée. Même la population est devenue aguerrie à force de subir les effets de la guerre qu’on lui impose depuis la moitié d’une décennie. De la panique généralisée, elle réagit en développant une formidable résistance ce qui constitue un atout majeur en cas de nouvelle guerre. Celle-ci surviendra certainement, car les prémices sont là ainsi que ses détonateurs, Israël étant un indu occupant et un éternel agresseur. Ils complotent, mais Allah complote aussi et Allah est le meilleur des comploteurs pour paraphraser le Coran afin d’apporter au problème une certaine lumière.
Mais que vient faire l’Algérie là-dedans ? L’Algérie étant un pays indépendant et nullement touché par le printemps, d’aucuns se posent alors cette question. Elle est tout à fait légitime eu égard à cet angle de vision. Cependant, notre pays n’est aucunement à l’abri d’un conflit ; celui-ci est juste différé, car les circonstances ne sont pas encore réunies. Toutefois, l’Algérie est à l’intérieur de l’œil du cyclone pour peu que les choses basculent en Syrie. Il suffit que la Syrie tombe pour que se déplace l’hécatombe vers notre pays où tous les ingrédients sont en attente dans le chaudron où il ne manque que l’allumette pour mettre le feu. Néanmoins tant que la Syrie résiste en tenant le coup, le temps joue en notre faveur en dénouant les fils nombreux du complot. Ajoutons à cela la prise de conscience nationale ainsi que le réveil de l’opinion internationale qui fera en sorte d’atténuer les ardeurs de cette folie meurtrière.
Je ne vais pas m’attarder sur le volet sécuritaire qui n’est qu’un prélude pour aborder l’autre guerre, certes silencieuse, mais combien pernicieuse, j’ai nommé la crise économique. Celle-ci frappe de plein fouet l’Algérie que nos gouvernants croyaient à l’abri d’un tel conflit. Gouverner n’est pas seulement gérer, mais prévoir aussi. Un gouvernement qui ne prévoit pas, qui n’anticipe pas n’est point apte à gouverner. La stratégie commande à être toujours aux aguets et déchiffrer à temps les indicateurs économiques pour prendre les devants pour arrêter les bonnes politiques. La navigation à vue en matière d’économie peut dans certains cas éviter quelques écueils, mais ne peut sauver, hélas, du naufrage. En plein orage, l’on ne peut s’occuper de colmatage.
Le titre de ce texte qui est loin d’être un essai n’est nullement fortuit. L’Algérie doit prendre en référence l’Iran et la Syrie, le premier pour avoir survécu à un blocus planétaire et la seconde pour avoir résisté à une guerre universelle. Ces deux pays ont su développer une économie de résistance dans une ambiance de guerre et en dépit de toutes les sanctions infligées par les instances internationales visant leur banqueroute totale. Ils présentent deux modèles à méditer sérieusement en matière de stratégie. L’Iran constitue une école à part entière en ce sens qu’il a su assurer à créer une dynamique de développement à partir de ses propres ressources et a réussi dans une large mesure un essor économique assez conséquent. Leurs politiques de croissance obéissent à des plans stratégiques préétablis. C ceux-ci éclaircissent les priorités en permettant de s’assurer que les ressources sont bien utilisées. À défaut, une révision globale est alors envisagée afin de rectifier ladite stratégie dans le but d’atteindre les objectifs assignés. Ceux-ci ne peuvent être réalisés que si des actions opportunes et savamment réfléchies sont menées. Donc, c’est toute une planification qui est mise en œuvre comme une carte routière impliquant tous les opérateurs et acteurs économiques qu’ils soient particuliers ou étatiques. Cela requiert bien sûr une vision claire et pragmatique ainsi que des schémas réalistes.
Que fait l’Algérie pour soutenir la Syrie ? Sommes-nous obligés d’appliquer la réponse du berger à la bergère ? La vie d’une nation est identique à celle d’un individu et tous deux doivent impérativement saisir les opportunités pour améliorer son cadre et s’offrir les chances de l’améliorer. À défaut de merles, l’on se contente de grives et cela s’applique dans les deux sens pour les deux pays. Une réelle assistance de l’Algérie aurait participé à l’effort de guerre de la Syrie tant au niveau de la subsistance que de l'aide médicale. Une ligne de crédit aurait été d’un réel apport et une bouffée d’oxygène à l’économie syrienne qui malgré tous les indicateurs négatifs arrive à survivre et mieux encore à renaître de ses cendres. Ne disposant ni de pétrole ni de gaz et malgré l’effort de guerre à maintenir contre Israël, la Syrie n’avait contracté aucune dette extérieure et avait atteint l’autosuffisance alimentaire et dans bien d’autres secteurs. Il parait que l’on vient de découvrir d’énormes réserves de gaz et de pétrole qui vont apparemment changer la donne.
Qu’attend l’Algérie de L’Arabie ? Des érudits en sciences religieuses ? Des pétrodollars ? L’Algérie se goure encore une fois en matière de stratégie, car la visite menée en Arabie aurait dû être effectuée dans un premier temps en Iran qui est non seulement développé, mais engagé et surtout indépendant. J’ose avancer qu’un rapprochement franc avec ce pays peut être bénéfique à l’Algérie qui peut tirer profit de ses avancées technologiques. Sans être leader, l’Iran a percé dans tous les domaines et surtout dans l’industrie militaire qui suppose un développement conséquent dans tous les secteurs y concourant. Cependant, il n’est pas trop tard et l’on peut toujours redresser la barre sans craindre la réaction des Saoudiens qui vont se dire qu’ils ont été les premiers à bénéficier de cet honneur. Avec 14 millions de barils/jour et mille milliards d’investissements en terre américaine, l’Arabie n’est pas du tout prête à investir en terre algérienne. La nouvelle loi JASTA n’est pas pour encourager cet état de fait, au contraire, tout est pensé en vue de bloquer toute idée novatrice et tout esprit créateur.
Néanmoins, usant de facilité, le gouvernement trouve toujours des solutions aux problèmes engendrés par le choc pétrolier. L’optimisme démesuré quant à juguler les effets de la crise ne suffit point à limiter les dégâts et les mesures prises pour limiter les importations et les dépenses n’ont pas donné les résultats escomptés. Pire encore, elles ont contribué à mettre en difficulté certains segments d’activité générateurs d’emploi. Pourtant le premier investissement vraiment à portée de mai à faire est de réduire sinon arrêter tout type de subvention. En d’autres termes, cela veut dire appliquer une politique de prix efficace. Je n’arrive plus à expliquer les raisons du gouvernement à ne pas appliquer ces mesures d’austérité. Soutenir les couches défavorisées ? Négatif ! La subvention profite d’abord aux nantis. En plus de constituer une voie pernicieuse de gaspillage de devises, les subventions directes forment un frein au développement en ce sens qu’elles ne participent pas à la création de la richesse, mais au contraire encouragent la consommation délibérée. Tout le monde achète au même prix ! C’est aberrant ! Le citoyen, l’étranger, le touriste débourse la même somme pour le même produit. En Algérie, l’on subventionne au profit des étrangers ! L’argent du pétrole susceptible de produire de la richesse part en fumée. En principe, l’argent servant à la subvention doit être injecté en investissement. La solution ? Appliquer les prix réels des produits et soutenir directement les citoyens en leur octroyant des primes. Oui, de l’argent versé directement dans leurs portemonnaies ! En effet, ce sont des calculs à faire, mais pas impossibles à réaliser. Les retombés d’une telle politique seront énormes et très bénéfiques pour le pays. Du coup, l’on réduit le trafic illégal des denrées alimentaires et autres produits, l’on revoit à la baisse la facture des importations, l’on réduit les contraintes liées à la surveillance des frontières, l’on décourage les trafiquants notoires, l’on élimine les trafiquants occasionnels qui arrondissent au besoin leur fin de mois, l’on incite le citoyen à une consommation rationnelle, l’on réduit le nomadisme oisif, l’on réduit l’ardeur des automobilistes, l’on dégorge la circulation routière, l’on gagne sur la pièce de rechange, l’on allège les dispositifs de sécurité…
Si l’on vend l’essence à son prix réel, l’on résout forcément la majorité des problèmes liés à la circulation routière :
— La moitié des véhicules circulant actuellement ne sera plus en mesure de prendre la route
— Diminution des embouteillages dans les grandes villes
— Fluidité remarquable
— Réduction de la consommation de l’essence
— Diminution de l’importation de l’essence
— Diminution de la consommation de la pièce détachée et donc réduction à l’importation
— Baisse sur le nombre d’accidents de la circulation routière
— Arrêt définitif de la fuite de l’essence à travers les frontières
— Réduction du nombre de trafiquants
— Diminution du reflux au niveau des frontières
— Gain sur l’indice de sécurité territoriale
— Gain sur la longévité des routes algériennes
— Naissance d’une nouvelle culture en matière de circulation, de mode de déplacement (une seule voiture par famille-covoiturage-transport public-métro-tramway…)
Cette énumération est loin d’être exhaustive, mais elle permet de voir clair dans la situation. La subvention telle qu’elle est préconisée en Algérie est négative et surtout handicapante pour le développement du pays.
L’essence est subventionnée en puisant dans l’argent du peuple pour seulement une partie du peuple !
La souveraineté nationale ? Un pays qui ne produit pas ce qu’il mange, ce qu’il porte, ce qu’il médicalise ne peut préserver sa souveraineté, car il l’hypothèque continuellement. L’autosatisfaction alimentaire est un impératif stratégique qui doit constituer la priorité de toute planification économique. Elle est un objectif primordial à réaliser dans les plus brefs délais.

mardi 6 décembre 2016

Au revoir Fidel, adieu Castro

Le « havane » incandescent reposant sur le cendrier fumant de mon cœur est amer en cette heure où le temps se fige dans le cadran solaire. Le goût ocre du tabac s’enroule comme un serpent autour de mon âme qui gît sur le hamac d’où s’envolent en volutes éternelles des bouffées d’or et d’argent enguirlandées d’espoir et d’azalée. Fidèle à tes idées et principes, tu as été toujours rebelle aux senteurs du Colorado, car tu portes en toi les gênes de la belle Santiago où Cuba la sublime se pavane comme notre seul et ultime Eldorado. Hé, Castro ! Tu as été un cas triste et de trop pour cette Amérique anticastriste dont l’entrechat ignore totalement le fandango. Je te revois enfant sur le banc de cette école où tu es si brillant malgré le mal et la trahison de celle chargée de ton éducation qui te délaisse à l’abandon au milieu de la faim, du froid et de la peur du lendemain.

Oui, Fidel ! Fidèle à toi-même, tu te rebelles à Dolores contre cet instituteur autoritaire qui te fait fuir le collège où tu fus une lumière face à son alacrité. Ce matin, alors que je sirote mon café, je bois ton enfance que la misère et l’iniquité ont balisée. Oui, le seul bonheur à cette époque-là venait de ton professeur qui disait que tu étais une lumière que Dieu dans sa majesté a créée pour éclairer l’obscurité monstrueuse de La Havane. Il a vu juste Le Père Armando Llorente en prédisant que tu rempliras merveilleusement, de pages brillantes, le livre de ta vie qui se déroule comme un riche tapis juste devant le parvis de notre esprit sublimé. En effet, Monsieur Armando a été un grand visionnaire, car il ne peut oublier alors qu’il était emporté par les eaux furieuses de cette rivière en folie, toi, l’enfant, son meilleur élève, tu lui sauvas la vie.

Oui, mon ami, il fallait être Castro pour dénoncer très tôt les bandits du BAGA au service de la présidence de Cuba et être un homme de droit pour s’élever contre le président Ramon alors que tout autour l’on vivait son adolescence en flirtant sur les airs de la Samba. À vingt-deux ans, pendant que l’on suçait encore son biberon où flottait le drapeau de maman, tu débarquais à Cayo Confite, loin des côtes cubaines, aux côtés de Juan sur les rives dominicaines. Généreux, tu prêtes ta vie à Bogota dans les rues de la Colombie.

C’est à perdre son latin ce langage ordurier américain de bon matin fustigeant un révolutionnaire en le réduisant à un vil dictateur. Détrompe-toi Monsieur Trump et arrête de claironner aux sons de ta trompette des insanités verbales à l’encontre de la moitié de la planète. Malgré ta fortune et tes nouvelles fonctions, ton nom ne peut briller autant que ce monument de la révolution.

Te souviens-tu de Batista ? Ce général a totalement oublié dans sa folie meurtrière qu’il y avait à Cuba un homme appelé Castro qui n’avait ni froid aux yeux ni peur. Cuba sans Castro, c’est comme une rivière sans eau ! Et La Havane sans Fidel, c’est comme une révolution sans rebelles ! Oui, j’entends encore le crépitement des balles à la caserne Moncada de Santiago où tu fus penseur, meneur et guérillero. J’entends toujours le bruit de chaines et de longs couteaux en ce jour malheureux dans la ville de Bayamo et je ne peux que me courber devant le courage du sergent Pedro qui était chargé de te trouer la peau.

Batista a pris avant toi la clé des champs malgré les quinze ans où tu as passé au compte-goutte ta vie en prison jusqu’à cette amnistie qui te mena de Santiago à Mexico où naquit au fond de ton esprit le Mouvement du 26 juillet.

Tiens bon la vague et tiens bon le vent
Hissez haut Mexico
Si Dieu veut toujours droit devant
Nous irons jusqu’à Santiago

Tiens bon le cap et tiens bon Ernesto
Hissez haut Mexico
Sur le Granma qui fait le gros dos
Guevara en compagnie de Castro

Tu es parti en silence en pleine nuit en me laissant parmi des mots qui fuient au milieu de la phrase qui se lamente pour dire les maux qui serpentent à travers le langage. Pourtant, tu as résisté à des centaines d’occasions que la CIA t’a offertes en guise de fleurs chaque saison et aujourd’hui une certaine Amérique te pleure et une autre te maudit parce que tu lui as fait mordre la poussière. Immortel, elle ne pourra jamais t’atteindre ! Ni elle ni ses onze présidents ne pourront s’émouvoir sur ta tombe, car ton ombre les poursuit jusqu’au fond de leur vie faite de ruines et de décombres. Habités par ton spectre et hantés par ton fantôme, ils déambuleront de la Maison-Blanche à la place Vendôme en passant par Birmingham et Amsterdam en traînant leurs âmes déchues comme des chiennes de compagnie que promènent leurs femmes qui se prennent pour des dames aux bras de leurs maris.


Alors que les tocsins résonnent, d’autres sons de cloche carillonnent d’Ottawa à Miami où l’on festoie sans pudeur aucune en laissant éclater sa joie sur le parvis de la bêtise humaine qui se prend pour une église à la mode américaine où des Cubains américanisés, allaités aux Donalds castrés devenus par la force du législateur de vaillants sujets, jappent et aboient plus que le roi qui les a vassalisés.

Je suis en berne à contrario de cette capitale helvétique qui aurait dû répondre à l’appel, mais n’empêche, Fidel, je te dédie tout un pays plein de millions de révolutionnaires qui a été de tout temps rebelle et qui porte le nom de l’Algérie. Je suis en berne comme l’âme de notre président que je salue en passant d’avoir pris les devants de la scène en décrétant le deuil national à toute la population. Je lui suis reconnaissant d’avoir apaisé mon cœur où un incendie ravageur a emporté toute ma raison, car tu es plus arabe que ces Arabes à la con qui manient leur langue juste pour diluer leur venin.

Tu aurais pu être américain de cœur et de peau, tu aurais été investi de tous les pouvoirs et de toutes les faveurs des pays occidentaux. Tu aurais évité ces centaines de complots et ces dizaines de tentatives d’attentats attentant à ta peau. Tu aurais évité ce bain froid à la Baie des Cochons où des chiens plus cochons que des grenouilles sont venus te savonner avec leur lessive sentant le poltron. Mais, faut-il le souligner encore et encore, encore et toujours, qu’il faut être Castro pour prétendre à un héros.

Je ne pleure pas. Peut-on pleurer la bravoure quand elle enjambe les marches du Panthéon ? Pleure-t-on la mort qui s’invite à temps pour immortaliser un lion ? Castro est plus grand qu’une douleur, il est le bonheur suprême de tout homme libre sur cette Terre où les chiens des hommes sont plus hommes que leurs propriétaires. Ramenez tous les drapeaux et souquez ferme, matelots ! Castro en vue, larguez toutes les amarres ! Un canoë à l’eau, je veux boire l’océan, et au moindre atome de ma peau, crier mon lamento.

Tu viens égrener un long chapelet où le bon grain est séparé de l’ivraie dans cette histoire à plusieurs paliers où l’homme ce bipède intronisé à la manière des singes de mon quartier que mon ami Brel aurait dû toujours chanter. Oui, en matière de fidélité tu portes le nom Fidel et cela se vérifie puisque tu rejoins les amis du premier maquis Lumumba, Nasser, Mandela, Chavez et le Che. D’autres, aussi connus, vont te recevoir dans leur jardin en fleurs en passant de Boumediene, Benbella et Arafat à Bolivar et Pancho Villa.


À quatre-vingt-dix ans, tu es parti très tôt en restant dans nos cœurs. Tu vas pousser comme une fleur à la source de notre sang et tu flotteras au mont de notre cerveau où sera accrochée à jamais la hampe de ton drapeau. Tu veilleras comme une lumière sur notre esprit où vacille toujours le feu de notre bougie que le temps ranime de son souffle infini à vie !

Tu es parti sans avertir et sans crier, toi qui as le verbe facile quand tu te mets à discourir. Tes discours se souviennent de tes mots que tu martèles avec ta longue barbe qui pend comme un maquis où se cachent les frères guérilleros de l’Amérique latine venus écouter tes paroles que tu tartines au miel de ton cœur.

Tu es parti vers d’autres amis dont le sang est si cher qu’il a inondé la Terre entière en laissant sur le corps de la vie des traces indélébiles pour rappeler aux imbéciles réfractaires et aux différents détracteurs et à tous les dictateurs que la révolution est tellement noble qu’elle ne pousse que dans le cœur des hommes dignes et fiers et qui ont le sens de l’honneur.

Repose en paix ô père des révolutions et des révolutionnaires ! Il est l’heure de baisser les rideaux à l’extinction des feux et de tous les lampions. C’est à la lueur de ton chemin lumineux et à l’ombre de tes frères de terrain que le soleil brillera sur tous les cimetières de la Terre où il poussera de jolies fleurs annonçant aux hommes de demain que la liberté est tellement chère qu’il ne faut jamais la mettre en danger. Adieu frère d’armes ! Adieu Comandante !


lundi 10 octobre 2016

Abbas de Peres

Alors que sous le regard du Che et de Fidel rayonnants dans leurs portraits trônant majestueusement sur la place de la révolution où des centaines de milliers de Cubains rendaient un dernier hommage au Comandanté, le chef de l’autorité palestinienne présidait impudiquement un congrès. Monsieur est reconduit à la tête du Fatah et par extension de l’OLP qui n’existe pratiquement plus. Par pudeur, il aurait dû au moins différer son investiture à une date future au-delà du deuil décrété par les officiels, frères et amis de Fidel. Il aurait dû impérativement faire le voyage et assister personnellement afin de rendre un dernier adieu à celui qui fut un vrai Palestinien. Faut-il être Romain pour rendre à César ce qui lui appartient ? Monsieur a été reconduit par la majorité des 2300 délégués participant à cette réunion où tous les caciques du pouvoir étaient présents. L’on a l’impression que Ramallah est plus indépendante que Gaza, sinon tout simplement une ville israélienne où Tsahal veille au grain. Oui, les sourires des hommes et des femmes, rasés de près et bien portants, renseignent on ne peut plus sur leur collaboration. S’ils avaient été de véritables résistants, Israël aurait certainement bombardé leur rassemblement.

Yatima, ma sœur ! J’ai peur dans mon cœur et j’ai peur dans ma peau, là où je me retranche quand je suis à l’étroit. J’ai besoin de toi pour refouler mes larmes au fond de mes yeux jusqu’au nombril de mon cerveau où il tempête si fort, un ouragan de mort. Tous mes vœux, mes souhaits, mes espoirs, mes envies, mes désirs refusent de quitter ce cimetière si glacé où l’hiver a pris en otage le temps universel dans ce froid sidéral. Je n’ai plus l’âge de compter mes morts qui balisent mon sort depuis la nuit des temps. Yatima, tu es le seul corridor qui canalise ma douleur et le seul port où je largue les amarres. Je ne pars plus, je reste à quai sur la tune de l’infortune à guetter le vent de la destinée.
— La nuit me fait peur, Yatima.
— Tu m’effraies quand tu me parles comme cela, Yatim !
— J’ai mal à l’intérieur de ma tête. Mes pensées s’entrechoquent en se bousculant à l’entrée de mon cerveau. Le piétinement est tellement dense que je me sens pris dans un grand tourment où mon esprit balance entre l’enfer et le paradis.
— Je te prépare une belle tisane, cela va atténuer tes peines.
— Abbas de Peres et Peres de Abbas, l’un m’embarrasse et l’autre trépasse, mais dans ma déveine, il faut que je passe par le pont de la vie avant que la mort n’enchâsse mon esprit.
— Tu parles d’une marque déposée ou d’un corps inerte et désossé ? Pour moi, le charabia arabe est pareil à la bouillabaisse palestinienne.
— La bourride musulmane est pire que la matelote algérienne qu’on appelle communément la « tchakhchoukha ».
— Non, c’est « tchouktchouka » dans le langage culinaire des ventripotents.

La Haganah lui sort du nez et il n’a qu’à se moucher pour chasser la dignité qui a pris l’identité de la morve palestinienne. Abbas de Peres du côté de la « Mère » Lachaise où la mort israélienne prend la dernière pose du chevalier du sang. La procession est palestinienne le long de ce chapelet infini où l’on égrène les graines de la vie, une à une, jusqu’au dernier cri de la femme en menhir qui pleure et se déchire au nom de la patrie. Le carrosse mondial de miss univers est avancé, et monsieur l’infernal est annoncé ; l’on vient danser sur notre honneur qu’on déroule comme un tapis sous les pieds charognards des tyrans. Quelle est cette école où l’alphabet est plus lâche que la diplomatie ? Celle-ci oblige, l’on baisse son froc et l’on troque le dernier rempart de sa dignité. L’on est fier de faire partie de cette mondanité qui nous détrousse jusqu’à notre honneur qu’elle vend au marché de la bassesse humaine.

Abbas de Peres pleure à chaudes larmes en se tenant le front devant la perte d’un si grand frère qu’il ne verra plus sur cette terre qu’il occupe, lui aussi. L’air abattu, il mouille son visage en cachant ses yeux qui n’ont de regard que pour cet adieu qu’il signe de son cœur. À quelques lieues de la honte palestinienne, un jeune adolescent assassiné par balle git sur le sol ensanglanté par on ne sait quel énergumène qui a eu l’audace de pisser son sang à même la caillasse. Il peut partir tranquille sous l’œil vigilant des vigies de la citadelle empêchant toute hirondelle de se poser là. La vie lui échappe doucement, elle le fuit en giclant de ses veines explosées. Des hommes armés jusqu’aux dents en cercle autour de lui se recueillent en lui faisant de leurs rires insolents et cochons un dernier adieu. Il s’en va dans la douleur et dans la misère, tout seul, sans les siens et sans veillée funèbre, loin de son président endeuillé par la perte cruelle de son meurtrier. Alors que le monde alentour l’abandonne, il voit un Palestinien portant une kippa pleurer le départ ultime de son tortionnaire. Il ferme les yeux sur cette image d’enfer qu’il emporte ailleurs avec un grand mal dans le cœur.

Quelques dirigeants arabes pleurent à leur tour le bourreau de Qana qui est parti très tôt avant d’avoir accompli l’œuvre pour laquelle ils l’avaient mandaté. D’autres assistent aux obsèques du fondateur de la bombe nucléaire de l’Entité sioniste en souhaitant sa résurrection pour finir le travail d’épuration. L’Arabie vient de perdre un père, un frère et un ami. Un boucher, un sanguinaire, auquel le monde borgne et éclopé a offert le prix Nobel de la paix ! Oui, il faut sauver la face devant le monde qui nous regarde et être à la hauteur de ses attentes. L’on ne peut quand même pas ignorer tous ces gens de la high society, la crème mondiale, qui ont les yeux braqués sur nous alors que nous avons les nôtres rivés sur le postérieur, sauf votre respect, des femmes. Accrochés à leurs espadrilles, nous nous plions d’efforts en multipliant les révérences pour leur signifier à l’avance notre soumission.
— He, Yatim ! Tu dors, mon amour ?

Aucune réponse ne vint soulager Yatima. Cela faisait plus d’une demi-heure qu’elle fut réveillée par des mouvements désordonnés de son mari. En effet, celui-ci avait un sommeil agité ; il ne cessait d’émettre des borborygmes qui ont fini par alerter sa moitié. Cependant, connaissant son homme, elle s’abstint de le réveiller.
— Où sommes-nous Yatima ?
Ne s’attendant point à une telle question, Yatima fut surprise et ne sut répondre dans un premier temps. Se ressaisissant enfin, elle réagit naïvement :
— Mais, chez nous, mon chéri !
— Où suis-je, mon Dieu ? Où est passé Peres de Abbas ?
— Préserve-nous du Chaytane le lapidé, au nom de Dieu le Clément et le Miséricordieux ! Il ne manquait plus que ces deux-là ! Ils ont empoisonné ta journée et notre temps et continuent d’occuper ton sommeil et notre lit.
— Il y a trop de cadavres dans ma tête, les enfants de Qana vrillent mes tympans avec leurs cris stridents et fous. Peres de Abbas racle le fond de mon cerveau avec ses mains en forme de truelles bizarres.
— Ce cauchemar n’est plus, mon chéri ! Il a fermé son état civil et a emporté son énorme curriculum vitae avec lui. Il parait qu’il a trouvé un nouveau job, ailleurs ; le Patron lui ouvre tout un palais où la Justice incorruptible est celle du Juste qui ne sommeille jamais.
— Oh ! Comme je me sens bien de me retrouver, là, au milieu de la nuit, chez nous dans notre chambre à l’abri de tous les conflits. J’ai honte d’appartenir à ce monde arabe traître et païen. Le droit du sol détermine-t-il la race ? Ou bien, n’est-ce qu’une invention malintentionnée de l’homme-chien ? Suis-je obligé d’être Arabe et voir les Arabes me tuer par et sur tous les chemins ?
— Tu es un homme au-delà de toute identité, tu es musulman et fier de l’être. Tu es au-dessus de ces bassesses humaines. Tu es un être noble et généreux, ne t’empoisonnes pas la vie avec les stupidités arabes. Tu n’es pas obligé d’être arabe pour faire partie de la Oumma de Mohammed que le salut soit sur lui. 
— Louanges à Dieu ! Il m’éclaire de sa Lumière afin que je n’égare point le chemin de mon destin.
— Veux-tu te rendormir, maintenant ? Je te prépare un verre de lait avec une gousse d’ail dedans, tu vas sombrer rapidement dans le sommeil.
— Non, ne te dérange pas ! Je suis tellement fatigué que je vais vite m’assoupir. Je te rends folle avec moi, avec mes idées et mes réflexions rebelles.
— Arrête de dire des conneries, je suis heureuse d’être tienne. À défaut de lait, je t’offre un verre d’amour.

La nuit s’allonge au-delà du rêve et du cauchemar tous deux alignés des deux côtés de la vie comme de majestueux palétuviers bordant la route aussi dangereuse qu’infinie. Kafr Kacem, Deir Yacine, Sabra, Chatila, Qana et d’autres encore jalonnent notre parcours fait de larmes et de sang par la faute de notre inconscience et de notre ignorance. Là, au fond de la voix, entre la naissance et l’étouffement s’annonce le cri libérateur d’un peuple enchaîné dans les maillons perfides de la peur. Il faut passer outre les règles de bienséance et du bon comportement qui hypothèquent dangereusement le devenir de la nation. Le véritable danger vient de nous-mêmes, de l’intérieur, de cette fraternité née de la fratrie handicapante ! Ce sont nos frères qui mettent un frein à cette formidable machine innée et huilée qui se met chaque fois en marche vers la lumière. Souvent, l’on guérit le mal par le mal et en certains endroits, la solution doit être radicale ! En effet, le constat est amer en terre palestinienne. Il ne faut point chercher les poux ailleurs pour justifier l’état actuel des choses ; il est bête de mettre les déboires de la cause palestinienne sur le dos des Arabes. Tout d’abord, les Arabes eux-mêmes sont dans la mélasse et ont besoin de se libérer. Alors, qu’attendre de pays dépendants, sinon vendus et traitres ? Il est impératif de balayer devant chez soi avant de jeter un regard sur le parvis des autres. Oui, Palestine est doublement occupée, comme la majorité des pays qui se disent arabes. Il ne peut y avoir de révolution sans révolution interne primaire. Une locomotive inadaptée ou essoufflée ne peut mener un train à sa destination finale.

En Palestine, ce sont les wagonnets qui poussent tout le train que bloque la locomotive qui sans rendre l’âme les désarme d’une manière satanique. Jetez la révolution dans la rue, le peuple la prend en charge, avait dit feu Larbi Ben M’hidi. Il y a certainement quelque chose qui cloche dans l’esprit des Premiers Palestiniens ; il ne peut en être autrement. Des adolescents, filles et garçons, à la fleur de l’âge combattent parfois à mains nues ; ils meurent, souvent, assassinés par les sionistes barbares, alors que les vieux se roulent les pouces en flirtant avec la vie. Ceux censés donner l’exemple font tout à fait le contraire, ils collaborent avec les tueurs et les tortionnaires de leurs propres enfants. C’est à devenir fou, ce cinéma de quatre sous !

Abbas de Peres est mort l’année prochaine du siècle dernier. La procession est longue jusqu’à atteindre le Jourdain qui se lamente entre deux eaux pluvieuses et sales qui racontent notre histoire parallèle. Abbas de Peres est parti et en principe nous n’avons plus le droit d’en parler selon notre culture qui interdit de dénigrer un voyageur éternel. Je ne comprends pas les raisons qui poussent les nôtres à s’avilir même devant leurs seigneurs morts. Je n’arrive pas à cerner le mode de pensée de leur esprit perfide et soumis. Le numéro un de l’Autorité, quelle belle trouvaille cette appellation pour réduire la portée tout en offrant un semblant de pouvoir, a demandé à son seigneur l’autorisation d’assister aux funérailles. Pour rendre sa demande recevable, il l’a accompagnée d’un enregistrement personnel où il entonnait le Kaddish. Il a dû éplucher la mémoire pour dénicher le chant de la liturgie juive, la célèbre prière aux morts. En bon élève, il doit surprendre le maître. Il est impératif qu’il apprenne bien la leçon, sinon c’est le piquet qui l’attend.

Il faut être fier d’Abbas de Peres. Il fait partie d’un joli parterre venu de la Terre entière rendre un dernier hommage à un des leurs. C’est un honneur d’être au premier rang dans la cour des grands. Les premiers Américains sont là ! L’ancien Président et l’actuel portent tous deux la kippa, noire de circonstance. L’Égypte, la Jordanie, le Maroc, Bahreïn se passent le mouchoir devant le mouroir qu’ils ont au fond de leurs yeux pleureurs. Finalement, tous les pays arabes sont présents du moment que chaque région a son représentant. Et puis devant la mort, l’humilité est de mise ; il faut laisser les différends de côté. Allah est tellement grand que sa sagesse surpasse toutes les dimensions. Périodiquement, il fait tomber les masques dans le but d’aider le troupeau à voir clair dans sa peau. Les autres dirigeants arabes, ceux qui n’ont pas pu ou eu le courage d’assister vont certainement pleurer le départ de cette Éminence du mal. Ils le feront certainement devant des officiels, ou d’amis proches introduits auprès des Israéliens, qu’ils auront préalablement invités. Quel honneur de jeter un dernier regard sur l’artisan majeur du programme nucléaire ! Les enfants de la première Intifada gardent un affreux souvenir de la répression sanguinaire de ce grand homme sans cœur.

Bill et Barack équipés de kippas sur la tête sont accablés par la perte d’un des leurs et c’est de bonne guerre qu’ils le pleurent, mais le malheur ce sont ces Palestiniens qui exposent leur douleur sans pudeur. Le mont Herzl est aussi éternel que la Terre et il portera à jamais ces instants en sa mémoire pour justement raconter aux générations futures les déboires de notre histoire. Le bras levé en signe d’adieu, Abbas de Peres lance son fameux cri de détresse : Shalom Haver. Ce geste anodin et tout simplement humain efface les mille et un sacrifices de tout un peuple qui vit le calvaire sur sa propre terre. De l’autre côté de la barricade, plus de mille Palestiniens, véritables ceux-là, constituent un vrai cauchemar à l’entité sioniste. Oui, des jeunes, filles et garçons, armés de pierres, de couteaux de cuisine parfois, se lancent à l’assaut de barrages israéliens, de patrouilles équipées jusqu’aux dents de différents types d’armement. Ces gens-là sont malheureusement orphelins d’un véritable organe de révolution. S’ils avaient été seulement dotés d’armes automatiques, ils auraient dissuadé l’ennemi de commettre librement et impunément des exactions et autres méfaits ; ils auraient imposé une nouvelle donne et obligé le monde à les écouter. S’ils sont bien encadrés, avec leur volonté et leur mépris de la mort, ils sont capables de libérer le pays pour peu qu’Abbas de Peres et autres vendus ne viennent pas leur couper l’herbe sous les pieds.

— Ton café est prêt, mon amour ! Tu as dormi comme un bébé après ma liqueur de bonheur.
— Oui, mais Peres de Abbas, la Demoiselle de Signora, le Joubir de Sade, le Corsaire D’Ankar, le Baraké de Ohama, le franco de Holland et tous les charognards de ce bas monde n’ont pas cessé de creuser ma tombe, le long de cette nuit étrange et immonde.
— Oh ! Qu’ils sont méchants ces diables d’avoir interféré dans mon élixir fabuleux. J’ai cru que tu continuais à te gorger de mon vin, même pendant le sommeil.
— Les effets de ton breuvage amoureux ont certainement adouci les faits, autrement tu m’aurais entendu crier mon malheur. Tu as embaumé mon cœur et saoulé mon âme avec ta recette de dame accomplie. Je t’aime au-delà de l’amour conventionnel jusqu’aux prairies paradisiaques de l’irrationnel.
— Abbas de Peres ou Peres de Abbas, c’est du pareil au même ; vivants ou morts, ils ne changent rien au problème. À mon humble avis, il faut d’abord laver les esprits, ensuite s’occuper de Palestine qu’il faut coute que coute reconquérir pour enfin la libérer. Oui, tant que l’esprit d’Abbas de Peres flotte dans l’air, l’on ne peut prétendre à un esprit libérateur. Et puis, il faut être vraiment salopard pour ne pas rendre un dernier hommage aux véritables révolutionnaires qui ont, depuis toujours, porté Palestine dans leur cœur : Malcom x, Mohamed Ali, Che Guevara, Nelson Mandela, Hugo Chavez, Fidel Castro…
— Je t’aime quand tu réfléchis, tu dis toujours des vérités et je partage en entier tes idées. Il est impératif de réaliser une purge générale afin de nettoyer et d’unifier les rangs et décider de se sacrifier pour la patrie avant les enfants et les jeunes de vingt ans.
— Un café au lait bien chaud te remettra les idées en place. Tu as un appel sur ton portable, un certain Meguenni t’appelle.

— Ah ! Il est bien matinal aujourd’hui, il doit avoir quelque chose d’important à me dire. Je le rejoins illico presto à notre place habituelle.
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mercredi 28 septembre 2016

La nuit a horreur du soleil



Nahed, c’est fini ! Relève-toi, mon ami, le chemin est encore plus long pour atteindre le soleil qui tient chaud au cœur. Marchons ensemble, le long de cette rue truffée de danger qui ne fait plus peur. La vie qui nous a longtemps animés n’a plus d’arrière-pays dans ce désert arabe inculte où il ne pousse que des nervis à l’ombre des derviches et des palmiers maudits. Les chiens arabes aboient au passage des caravanes pleines de civilisations humaines arrivées du monde entier pour déguster le thé d’Arabie qui ne se boit plus trois fois comme autrefois. Lève-toi et avance sans donner la chance aux chameliers perdus dans cette énormité catastrophique où l’ignorance règne en maitresse absolue et incontestée. Alors que Yatim clôturait le premier chapitre de cet écrin yéménite, tu es venue apporter ton eau pure à son moulin d’écriture. Tu as tenu à couper l’encre de ses mots à l’eau précieuse du silence douloureux de ton absence. Tu as choisi tôt le maquis et tu as décidé aussitôt la résistance. Le verbe obséquieux s’est mis en berne devant l’altesse et la grandeur de ton silence. Immense est ce legs que tu lègues au dernier moment de ta présence où le jour s’ombre de nuit au carrefour de l’aberrance.

 Nous nous sommes souvent rencontrés sur cette scène universelle où la vie en sentinelle nous insufflait les instants fabuleux de l’existence. Soudain, le temps a tiré les verrous et la porte du ciel s’est fermée de l’autre côté de la vie. Il pleure des années aussi folles que téméraires sur le pays qui confisque tout notre amour. Il pleure des décombres sur le parvis de la justice qu’il faut gifler jusqu’à ce qu’elle se mette debout ! Il pleure sur les hommes pleutres et infidèles de cette lignée royale ô combien déloyale ! Le seigneur des daéchistes est plus efficace que tu ne le penses ;  trônant sur sa lâcheté éternelle, il est plus redoutable que l’obscurité qu’il divinise. Il étale son règne au-delà de la chevelure de l’Arabie, cette femme impure coulée dans les eaux nauséabondes de la luxure. L’imposture aux allures arabes prend une posture des plus dégradantes où la traitrise culmine au panthéon de la déconfiture générale.

Hattar, c’est fini ! Le registre des doléances est fermé définitivement dans cette partie du monde où tout le monde s’amuse avec notre existence. Les nôtres sont ailleurs que sur ce bout de désert où l’arnaque jalonne les oasis scélérates et perfides. Il faut déterrer les mots et tremper le verbe dans la mouture acerbe et conjuguer la mort à tous les temps du langage fatal de l’empire du mal. À quelques encablures, la capitale nabatéenne veille encore sur cette civilisation ô combien humaine. Dressée aux confins des âges reculés de l’histoire et des déserts du Machreq et du Sham, Pétra se suicide au bord du Jourdain affolé par la déraison humaine. Elle se noie dans l’eau trouble de ce fleuve impétueux détenteur de notre mémoire au fil des temps farouches et ténébreux de notre histoire. Pétra résiste toujours face à l’impéritie du temps, des hommes et de la misère, malgré les spasmes douloureux de la terre et les ravages séculaires des pilleurs. Pétra la riche continue de livrer les secrets et la science d’une cité sophistiquée. Oui, Nahed, c’est ici qu’est née une des plus grandes civilisations humaines, là où ton encre rouge arrose les jardins invisibles du royaume antique. La main rouge est aussi nabatéenne, elle est venue de Hégra la petite sœur de la mère Pétra. Là, aux contreforts de la montagne du Hijâz sévit cet esprit dévastateur qui contredit en effaçant d’un trait effroyable la vie. À l’image de l’importante stature du Trésor, tu seras le Khazneh d’un monde nouveau que tu éclaires de ta bonté du fond de ton immensité. L’imam d’Ain-Flane en Algérie est identique à celui de Pétra en Jordanie, venu de Hégra, en Arabie.

Ce n’est nullement un hasard, ce pays situé entre la mer Rouge et la mer Morte, entre le sang et le silence. Cela sent l’encens qu’étale l’Arabie pour encenser la soie Chine épicée au goût de l’Inde. La mort audacieuse se faufile comme un reptile parmi l’art et la culture en fauchant les écritures gravées sur la sépulture de la civilisation humaine. Le temps en témoin oculaire se fige dans sa neutralité séculaire en égrenant la longue litanie, les grains de tous les chapelets, d’un deuil qui se distingue par son universalité. Oui, l’on ne sera jamais seul dans son dernier sommeil, puisque Palmyre encore fraiche actionne les tocsins de la barbarie. Je suis de Palmyre et j’y resterai même s’ils doivent me tuer, avait déclaré Monsieur Khaled Al Assaad, le serviteur des Antiquités de la célèbre cité syrienne. Le Palmyréen et directeur des idoles n’a su déchiffrer les idées folles d’un obscurantisme sidérant. À travers la serrure de notre esprit, le monde nous épie en épinglant sur nos dos arcboutés la liste des damnés condamnés à l’autel de la déchéance humaine. Tu ne seras jamais seul ni le premier ni le dernier. À chacun son tour dans ce monde chacal où le mot devient fatal. Alger se lamente encore de ce funeste décor en comptant toujours ses morts. 

Boukhobza, Djaout, Boucebssi, Liabes, Karima, Fatima, Djebaili, Bouslimani, Merbah, Benhamouda, Boudiaf et tous les autres se comptant par milliers sont autant de piliers à la voute céleste de notre liberté. Monsieur Hatter, je vous invite du côté de Ramka et de Bentalha d’où fusent encore les cris des gens auxquels l’on a ôté la vie en emplissant notre mémoire d’instants maudits. Il parait que tu as la tête dure, mais pas la peau, car tu as laissé échapper toute ton eau, ce jour fatidique. Puissent-ils nos mots atténuer nos maux à hauteur de nos esprits et adoucir les idées qui tuent davantage qu’un fusil. Ce qu’il convient d’appeler de monde arabe se débat continuellement dans une crise culturelle et identitaire et les doyens ne cessent de creuser le fossé séparant une même famille pour asseoir la suprématie de leur conviction totalitaire.



Ce texte a été écrit le 28 septembre 2016