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mercredi 20 avril 2016

Monsieur le Président, mon ami, mon maître


Aujourd’hui, en tirant les verrous oxydés de ma porte, je me suis isolé avec ma raison dans la prison mentale de mon esprit où j’ai allumé une bougie. Je m’enferme dans le noir, juste pour voir de quel côté tu vacilles et pour pleurer aussi. Pleurons ensemble, bougie ! Toi, tu pleures ton sang ciré et moi ma vie givrée. Et si le noir te fait si mal, sache qu’il est majorité. Alors, je t’en supplie, pleure autant que tu peux et vacille pour un semblant de vie, un semblant de mort aussi. Et surtout, je t’en prie, ne parlons pas d’amour ici. Il se passe des graves de l’autre côté de la vie. Alors, ne parlons ni d’amour ni celui d’aimer, car l’homme que je suis, malgré les atours, les habits tirés, le nom qui luit, est un tombeau ouvert, dans un désert de folie humaine.

J’ai essayé à maintes reprises de comprendre et d’expliquer, mais la chose est tellement confuse et grise que je confonds l’entrée d’une mosquée avec le parvis d’une église dont on me refuse l’accès, quoique non interdit. Et ce soir, je sens dans le noir à la lumière diffuse que ma bougie est éprise de ma solitude et de ma terrible nuit. Alors, seul avec le bois de mon âme, j’allume mon cœur qui m’inonde de l’intérieur de sa belle lumière que personne ne peut ni atteindre ni éteindre. Je conserve à l’ombre de mes mots orphelins la lettre aurifère de ton image entière et les espoirs prometteurs de notre seul et unique destin. Monsieur le Président qui est le mien, je vous offre mes pleurs pour faire ensemble un bout de chemin. Monsieur le Président qui est le mien, ces vauriens qui vous entourent ne sont que des vautours au pourtour d’Algériens. Monsieur le Président qui est le mien, ces loups usurpant votre nom et votre fonction sont des sauriens au verbe lâche et des reptiles à la perfidie volubile.

Monsieur le Président, mon ami, mon maître, vous m’avez vu naître sous ce drapeau pour lequel nous avons dû nous battre et combattre avec le sang de nos parents. Mon auguste Président, je vous fais une lettre et mon dernier testament pour dénoncer tous les traîtres à commencer par le gouvernement. Je vous ai dit un jour, alors que le feu crépitait au milieu des nôtres qui s’entretuaient au service des autres, que nous sommes minés en dedans. Mon Président, mon maître, je vous fais le serment d’un authentique Algérien, aussi véritable que cette géographie algérienne et ce sang noble qui coule dans nos ruisseaux aussi bleus que nos veines. Oui, mon Président ! Au nom de Dieu qui nous prête la vie, au nom de l’amour qui nous unit, j’écris votre nom, en lettres d’or, sur le front de l’enfant à naître.

Mon ami, mon maître, nous n’avons plus le temps de nous écrire des lettres et de nous dire peut-être avec ou sans raison. Aujourd’hui, les gens sont plus stupides que les bêtes et plus idiots que des blaireaux. Oui, ces maquereaux qui ont plus d’un tour en tête pour nous mener en bateau à même l’océan givré de notre peau. Je pars en guerre contre ces saligauds sans honneur qui salissent notre dignité avec jubilation et alacrité. Monsieur le Président, au nom de tous mes frères morts et vivants pour la patrie, au nom de nos mères qui nous ont enfantés et perdus dans la douleur, au nom de notre noble rang, au nom de la décennie rouge et noire de notre histoire, quittez cette maudite Présidence, ce terrible mouroir.

En effet, je délire les yeux ouverts, car juste à voir votre état, l’on comprend que vous n’avez plus aucun pouvoir. Cependant, je continue à croire que ce n’est pas du tout fini et qu’il reste toujours ce maigre espoir pour sévir une dernière fois. Ma décision est prise, je vais déserter de ma tête et m’enfuir avec mes idées, emporter ma matière grise, loin de mon âme en apnée ; sauver ma pensée du naufrage ; ma réflexion tangue dangereusement et l’eau du marécage s’engouffre jusqu’à ma ligne de flottaison. Oui, les souvenirs bloquent ma porte et il faut que je sorte par le trou de notre mémoire qui veille notre histoire et notre veillée révolutionnaire au chevet de notre gloire. Ce soir, je veux partir à la tombée de la nuit en prenant tous les mots qui ont bon dos en ce crépuscule républicain où je cache mon regard des yeux clandestins qui me guettent comme des chiens.

Ces opportunistes gravitant autour de vous ont fini par creuser votre tombe dans le caniveau sale de leur esprit où ils tressent les masques hideux de l’hécatombe. Ces gens qui font de notre Algérie juste un fonds de commerce, et de Paris, leur patrie où ils ont leurs jolis appartements. Ils articulent en imitant la langue quand elle bute contre le palais, ils ont le pied à Alger et le cœur à l’Élysée. Excellence, je ne vous reproche rien, la maladie c’est comme l’amour, elle arrive quand on s’y attend le moins. J’en veux à ce quatrième mandat et à cette présidence qui vous refusent tout simplement le droit de tomber malade, le droit de partir en convalescence. Ils vous tuent au compte-gouttes dans cette perfusion macabre en vous faisant injecter à petites doses le bulletin de votre naissance.

Excellence, cela fait mal de voir des gens sans éducation ni politesse vous médire à longueur de journée à travers ces réseaux sociaux que les puissants ont inventés pour nous surveiller et nous conditionner. Il ne faut pas les en vouloir, car ils sont loin de la réalité dans leur cervelle d’oiseau où la raison s’est volatilisée. Et ces hommes politiques qui ont inventé la lune en découvrant les Amériques et les Indes réunies qui ne cessent de nous faire du mal par méchanceté, par légèreté en pensant dire vrai, alors qu’ils sont à côté de la plaque. Ils ne font que calomnier en exprimant leur malveillance, parce que vous avez été pour beaucoup dans leur bien-être et leur belle existence. Oui, ils ne sont que des dénigreurs qui décrient à longueur d’heures, qui critiquent par esprit maléfique, qui déblatèrent par folie, déprécient par hystérie, qui persifflent, raillent, bafouent, vilipendent, assaillent, insultent, diffament, imputent, éreintent, maltraitent et démolissent sans jamais reconnaitre ni au moins observer un minimum de respect et de bienséance.
À seize ans, un lionceau parmi les lions, vous avez mené la plus grande des révolutions qui nous fait relever la tête et hausser le ton quand il nous arrive par faiblesse humaine de perdre de notre fierté. À vingt-cinq ans, vous avez été la vitrine qui a rehaussé notre blason à plusieurs crans parmi les grandes nations. À sillonner les rues aujourd’hui, je rencontre cette jeunesse perdue qui éprouve un grand problème au niveau du pantalon qui s’amuse à taquiner leur fessier où se meurt notre honneur. Vous avez écrasé le volume horaire de tous mes amis pilotes réunis en moins de deux années en battant le record absolu du personnel navigant d’Air Algérie. Cela, juste pour réhabiliter le pays aux yeux méchants et complices de l’humanité. Et vous avez réussi ! Excellence, je vous fais une profonde révérence ! Vous avez utilisé votre agenda international d’amis et imploré vos connaissances pour faire fléchir le Club de Londres et celui de Paris pour nous acquitter de nos dettes pendant que leurs services nous aspiraient le sang. Vous avez pris la gageure de ramener la paix en Algérie où l’on se tuait, frère contre frère, pour juste une différence d’idées. À cette époque, certains chefs de partis et d’autres arrivistes avaient opté pour la chaise vide en prenant le bâton en son juste milieu. D’autres avaient tout bonnement quitté l’Algérie. En ce temps-là, l’on avait peur de son ombre et de ses parents et l’on rentrait tôt à la maison s’enfermer. L’on priait Dieu pour que le soleil ne se couche jamais, car la nuit était terrifiante et porteuse de tous les dangers.
C’est juste un rappel pour atténuer cette ingratitude de nos faux compatriotes qui ne cessent d’insulter tout un peuple magnanime et brave et dont la longanimité est proverbiale. Oui, ces gens sont ingrats, ils ne vous pardonnent pas d’avoir troqué votre belle vie dans les pays du golfe contre celle de la présidence comme si celle-ci était un paradis. Ils ne vous pardonnent pas d’être malade comme s’ils étaient dépositaires de leur propre santé. Ces gens sans pudeur ne peuvent en aucun cas respecter la dignité humaine. Qu’à cela ne tienne ! Notre marasme, Monsieur, est d’abord culturel. Nous sommes impolis par définition à l’exemple de nos speakers et animateurs de télévision qui parlent de Sellal comme une patate perdue sur un étal. Un gentil « monsieur » est interdit de séjour dans notre dictionnaire langagier.
Je ne suis pas en train de prononcer votre oraison funèbre, seul Allah est détenteur de votre vie, mais je suis en train de dissoudre dans le verre de mon âme pleine cette déformation professionnelle qui nous mine de l’intérieur. D’aucuns vont alerter la constitution et s’armer des articles de la vacance comme s’il était donné à chacun de vous chasser de la Présidence. Vous savez, comme de coutume, les gens de chez nous croient beaucoup plus le discours de France que celui de notre gouvernement. Cette maladie, j’en suis un peu la cause. Oui, cet accident vasculaire cérébral ne pardonne pratiquement pas et peut entraîner la mort, la démence ou la paralysie. Cette défaillance de la circulation du sang au niveau de l’encéphale est une urgence médicale. Tout retard dans la prise en charge peut s’avérer fatal.

Bizarrement, votre histoire me rappelle celle d’un vieux cheval de trait appartenant à notre district communal. Le char affecté au ramassage des ordures ménagères était tellement lourd que le vieil animal peinait à le faire bouger. Enfant éveillé, j’avais du mal à le voir souffrir chaque jour que dieu faisait. En effet, il était tellement vieux qu’il n’arrivait à faire un mouvement qu’après un effort colossal. L’on continuait à l’exploiter sans clémence ni pitié, alors qu’il aurait dû être mis en retraite et remercié pour services rendus. Le vieux bougre est mort à l’ouvrage accroché au lourd attelage qu’on eut du mal à l’en séparer. Cet être vivant a été surexploité une vie durant, car il n’a pas eu la chance d’appartenir à des êtres humains.

Cependant, je n’arrive pas à comprendre ce bal étrange et pas du tout masqué dans cette Présidence qui a l’apparence d’un véritable musée. En effet, il est vraiment bizarre de voir chaque fois des gens débarqués de l’ailleurs venir visiter comme si vous étiez un spécimen, un phénomène, une chose rare. Quoique je comprenne la maladie, je ne peux quand même penser que vous puissiez être atteint d’aphasie au point de laisser votre entourage disposer à sa guise de votre vie. Êtes-vous obligé de recevoir des maires français quand des ministres algériens se font sermonnés et humiliés ? Êtes-vous obligé de recevoir tout visiteur qui vient à fouler le sol algérien, alors que vous refusez d’accueillir des personnalités et chefs de partis tout à fait algériens ? Vous connaissant, j’en doute fort, Monsieur le Président, car je sais que vous aimez recevoir les gens autant que vous aimez les feux de la rampe. Ces sombres gouvernants, fussent-ils vos frères et amis, vous ont transformé en « homme éléphant ».

Éléphant Man ? Je l’ai vu, il y a de cela longtemps déjà. Votre image, ce soir, me le fait resurgir avec crudité de ma profonde mémoire. Ô comme j’avais détesté la salle de cinéma d’alors, le réalisateur ainsi que le producteur. Je ne pouvais accepter une telle misère humaine, une telle déliquescence d’esprit. Et ces Londoniens, outrecuidants et assoiffés d’exotisme, qui sont venus nombreux satisfaire leur curiosité et leur sadisme, juste pour découvrir et se distraire d’un pauvre hère que la malformation avait rendu bizarre. Oui, Monsieur le Président, cette image de vous hilare et les yeux hagards a dressé ce triste parallèle dans mon cerveau qui refuse, néanmoins, de croire à ce macabre tableau.

L’Algérie est malade, Monsieur ! Je ne comprends pas l’engouement de ce gouvernement à recevoir l’ennemi d’hier, d’aujourd’hui, et de demain, aussi. Oui, la France ne peut en aucun cas être un pays ami, d’autant plus qu’elle n’est plus gouvernée depuis longtemps par de véritables Français ! Une presse libre aurait refusé d’accompagner Valls, dût-il être Premier ministre, ne serait-ce que par solidarité avec le journal et les journalistes incriminés. La France périclite au gré des droits de l’homme qu’elle foule au pied de la Tour Eifel et qu’elle jette dans les flots de la seine comme ce fut le cas avec les bougnoules que nous sommes un certain octobre 1961. N’est-ce pas, monsieur Papon ? Et vous, Monsieur le Chef du gouvernement, n’êtes-vous capable qu’à refuser des « fizas » ? Ne faut-il pas justement ajuster les bretelles à ce con, sinon les lui enlever carrément ? Ne vient-il pas d’attenter au symbole de la Nation sans être inquiété ? Je vous prends au mot, monsieur le phraseur, rappeler à l’ordre le fauteur de trouble par qui est venu notre malheur.


Pouah ! C’est puéril comme décision, puisqu’avec ou sans Le Monde, la presse française était là. Quelle impéritie ! Vous voyez l’arbre, mais ne voyez point la forêt. Valls, avec sa kippa au fond des fesses, ne peut être que malicieux et son coup lâche et perfide ne peut être juste une maladresse. Quant à l’obligation de réserve, il n’en fit qu’une bouchée, car il ne peut être seigneur comme celui qui lui a fait l’honneur de le recevoir ni un preux chevalier accomplissant son devoir. À la place de Sellal, je l’aurais giflé avec le Dey tout entier et que 1830 se répète. À bord de la Goélette, je ne ferai alors qu’un seul pari, celui de prendre Paris avec ou sans castagnettes. Par les sept portes que garde Eifel et par les singes du quartier de Brel, par le bruit confus de Montparnasse, par le silence complice du Père-Lachaise, par les fantômes de la place Vendôme et les bois sexy de Boulogne, je vous défie et vous attends au tournant de la vie et de la mort aussi.

mercredi 13 avril 2016

La tozéducation



La valeur et la renommée n’attendent point le nombre des années ni l’usurpation de fonctions. À chacun selon ses capacités et à chacun selon ses mérites, disait le manifeste. La valeur peut bien s’accommoder des classes, en ignorant leurs différences, qui loin de constituer des blocages faciliteraient bien leur émancipation. Parachuter un sous-officier au rang d’officier, c’est décréter un désastre incalculable et générer un mal incurable. C’était en fait cela, l’incurie qui rendait Mourad taciturne et surtout en proie à une nostalgie qui n’avait d’égal que le désespoir qui le rongeait, en occultant de sa vie toutes les joies qui auraient pu lui procurer un semblant de vie.

Le « caporalisme généralisé » minant les rapports d’une société aux aspirations légitimes créait les conditions de son extinction par procuration. Un peuple sans repères est un peuple voué à la disparition, sinon un peuple tout bonnement désigné à vivre indéfiniment sous tutelle, voire sous administration. Mourad avait horreur de ces gardiens du temple, ces détenteurs de la vérité absolue. Ils s’arrogeaient le droit d’intervenir en brandissant le droit de réponse ou la mise au point pour seulement signifier la chasse gardée du territoire. Ils se targuaient d’être les artisans uniques du bonheur du peuple, celui-ci ne sachant pas trouver le chemin sans leur enseignement et sans leur lumière. Brillants par la bêtise, ils gouvernaient par la médiocrité. Mourad savait que son ambition était en porte à faux avec les idées de la nomenklatura qui l’avait longtemps condamné à n’être qu’un officier supérieur sans avenir. Il n’avait rien à foutre d’un standing de polichinelle où la reconnaissance ne reposait sur aucun mérite, mais sur un seul critère : l’« aplaventrisme ». Il savait que même promu général, avènement d’ailleurs irréalisable, les choses ne changeraient pas d’un iota. Le mal pernicieux avait touché toutes les couches de la société et il était impossible de l’en déloger en un tour de main. Le mal profond avait forgé une mentalité et un mode de vie des plus sclérosées et il était quasiment invraisemblable d’en venir à bout en une seule action.

À bien être positif, il faudrait au moins le temps de cinq générations pour pouvoir prétendre à un changement qualitatif. Mourad savait qu’à l’échelle humaine de la longévité, il ne pouvait espérer atteindre cette hypothétique échéance. Le retard d’une année mis dans la prise d’une décision courageuse et opportune décalait l’issue heureuse de plusieurs décennies. Son pessimisme devenait alarmant, chaque fois qu’il avait à feuilleter un journal. Tous les secteurs étaient malades et le plus gravement atteint était sans conteste celui de l’éducation. La palme d’or de la bêtise lui revenait de plein droit.

Un peuple cultivé est un peuple sauvé, disait le maître. Le niveau matériel ne saurait suffire s’il n’est accompagné de toute une batterie de mesures, avec en tête la culture. Celle-ci est, par excellence, la turbine nécessaire au décollage, la locomotive assurant le remorquage ; sans elle, on ne fait que pisser dans du sable en faisant perdurer le règne de la gabegie et de la déprédation. Mourad savait qu’il ne faisait que dire tout haut ce que les autres savaient et pensaient tout bas.

Les gens prétentieux avaient épousé les idées de Djeha, ce héros du conte populaire qui avait fini par croire à ses propres mensonges. Le souci de certains nantis consistait uniquement à sauvegarder leur fonds de commerce et à racler les fonds des tiroirs, dans l’impunité la plus totale. En mettant la justice au pas, ils avaient légalisé, en quelque sorte, tous les crimes et toutes les injustices. Du point de vue de leur regard handicapé, ils agissaient de plein droit et en toute légalité. Le malheur, ils en étaient convaincus, et comme il est toujours difficile de venir à bout d’une conviction... Nietzsche disait : « La conviction est l’ennemie du bien tout comme le mensonge ».

Leur philosophie décadente les avait amenés à violer le serment et à souiller la mémoire des martyrs ; ils le faisaient sans aucune pudeur. Ils poussaient l’avanie et la bêtise jusqu’à s’y retremper pour mieux vider la mémoire nationale de sa substance, en la minant de l’intérieur. Au nom de la révolution qu’ils profanaient continuellement, ils asservissaient le peuple auquel ils prétendaient appartenir. Il y avait longtemps que Mourad avait tiré son épingle du jeu de tout ce fatras qui ne disait pas son nom. Il avait opté pour une démarche prudente et savante pour élaguer la révolution de ces agassins inutiles et de ces pampres malades qui la chargeaient de tous les maux du siècle. Il s’était juré de toujours respecter le genre et l’esprit humains en vue d’une émancipation heureuse et de porter une aversion adoucie à tous ces héros d’un type nouveau.

Bien sûr, malgré sa mélancolie, il nourrissait quand même un certain espoir, eu égard à tous ces nouveau-nés qui venaient gonfler les rangs d’une population exsangue. Ces angelots et ces chérubins permettaient une réflexion au-delà de tous les indicateurs négatifs qui piégeaient la société. Mourad adorait d’ailleurs un proverbe chinois qu’il avait encore en mémoire et qui corroborait son enthousiasme édulcoré : « tant qu’il y aura des bébés, c’est que Dieu n’a pas encore désespéré de l’espèce humaine ». La mélancolie et la platitude déposaient au fond de son âme une peine indescriptible que seules sa fierté et son humilité empêchaient de transparaître.

Il souffrait en silence, loin de tous les regards, malgré la promiscuité dans laquelle il vivait ; c’était un devoir, plus qu’un principe chez lui, de ne rien laisser paraître. Lorsqu’il était amer, Mourad avait l’impression de boire tout l’océan. Alors, à ces moments plats, il se mettait à poétiser pour s’extirper du mauvais temps.

Extrait : l’amour et le sang

samedi 9 avril 2016

Panama Pa(m)pers

La chose politique est tellement surprenante et dangereuse que l’on se surprenne à s’incriminer, à douter de soi-même. Le nouvel ordre mondial s’installe au forceps en semant le chaos, en cultivant la peur. Tout le monde doit se plier à la volonté d’une poignée de décideurs, d’industriels et d’argentiers détenant la quasi-totalité de la finance mondiale au détriment de la masse humaine.

Assis dans mon gourbi, je feuillette ma vie qui ressemble à un grimoire mystérieux et difficile à déchiffrer. Il n’est point de magie envoûtant mon âme, cependant, il souffle une tornade dans le cagibi mental de mon esprit. L’on vient, par un tour de passe-passe, de forcer les secrets de Son Altesse Mossack Fonseca. Je compulse mes papiers du côté de mon casier où se cacherait un foutu judiciaire. Alors, je me mets à farfouiller dans mes tiroirs à la recherche de ma carte topographique d’identité que j’étale sur ma peau qui prend eau de toutes parts. Oui, comme nous sommes petits, nous voyons toujours grand. Notre infériorité intelligente nous impose la complexité défaillante. L’infirmité mentale de notre corps gouvernemental est on ne peut plus sacerdotale. Le complexe fantomatique d’El-Hadjar, le plus grand d’Afrique, bute sur un moustique syndical qui congédie le géant Mital et il faut toute la magie du pauvre dinar pour lui injecter un semblant de vie. L’autre pachyderme, à bord de son auto, sillonne la route que l’on rallonge à coups de dollars pour le plaisir du chauffard qui grille tous les feux sans crier gare. Nous devons être fiers, nous avons la plus grande révolution au point que ni Le Vietnam ni La Russie ne peut nous égaler. Tiens, je me laisse tant aller que je perds le fil de Fatima, l’Ariane de notre quartier.

Je reviens donc, à notre douar, enfin, notre histoire là où je l’ai laissée. Docile, elle m’attend en exhibant le précieux papier vert et pas du tout maquillé. Je le déplie comme on ouvre un cahier. Je retrouve mon nom qui pleure et mon prénom qui crie et plus bas, à la date, je découvre que je suis issu d’une guerre et à la fin, la signature du chef de Daïra me prouve que je suis libéré ! Vive l’indépendance ! Je suis indépendant soumis à un commis de l’État indépendant et insoumis ! Se peut-il que je fasse partie de tous ces « fuyards » qui brassent des milliards aux frais de la princesse ? Ai-je créé une société off-shore à l’insu de ma personne qui dort dans le corridor sombre de mon corps ? Ai-je détourné des tonnes d’argent au point de chercher refuge dans ce paradis fiscal appelé Algérie ? Peut-être, n’ai-je spolié finalement que mon patronyme qui se rabroue comme un chien trempé dans cet étang fétide et nauséabond. J’avoue avoir peur quoique ce ne soit pas du domaine public et le commun des mortels ne verra que du feu. Il faut être un expert et avoir un œil exercé pour me démasquer au milieu de tout ce fumier. Comme par hasard, l’institution et le fondateur sont américains. De Bernard à Charles les Lewis font bonne figure dans cette comédie dantesque où le divin dollar fait son ascension spectaculaire, à l’enfer des damnés.

Quand il s’agit de consortium, il y a nécessairement du grabuge et celui de journalistes relevant du Center for Public Integrity ne peut déroger à la règle. Femen avec ces femmes qui ont perdu l’occasion et l’honneur des dames nous signale aux tétons de leurs seins que le mouvement est malsain. Il n’y a qu’à débusquer les mécènes pour savoir que ce n’est point du menu fretin. Il se prépare de drôles de révolutions, là où l’ombre de George Soros annonce la couleur de l’équation. C’est un véritable nid de vipères proliférant au sein même de la communauté internationale qui le protège et le nourrit dans le dessein de semer le chaos et dominer le monde. Tous les recalés au bachot de la CIA et du département d’État sont versés dans le journalisme spécifique. Douze millions de documents ! De quoi affoler tous les gros-culs de la planète (dirigeants, industriels, hommes d’affaires, entrepreneurs, joueurs, acteurs, chanteurs et autres genres inhumains) ! Cela promet, cela va péter très fort ! Bien fait pour Médor, il n’avait qu’à ne pas délocaliser ni dormir dehors !

Enfin, je peux dormir les yeux ouverts du moment que je ne suis pas le seul à avoir participer à cette grande évasion fiscale qui fait trembler plus d’un vénal et cupide. L’on distille l’information d’une savante manière au compte-gouttes pour faire cuire les mafieux de tous bords ayant pignon sur rue. Je ris à me fendre la rate en imaginant monsieur le ministre qui avait pris le pli de venir chaque matin le ventre plein de méchoui radoter de ses dettes qu’il avait tantôt contractées pour joindre les deux bouts. Cela s’annonce fort atroce à devoir faire le guet devant les journaux écrits et télévisés à l’affût de la moindre information faisant état de son identité. Douze millions qu’il va falloir passer au crible, la loupe à la main, pour trier le nom de l’ivraie. Le chantage systématique à grande échelle vient de commencer.

Dans cet océan pris dans la tempête, l’on noie tous les poissons, les petits comme les grands, et même celui nommé lambda. À l’instar de l’affaire du juge Fayard ou celle de Mattei, chaque pays a son affaire sale. L’Algérie à l’image des États-Unis a aussi son propre Kennedy. Cependant, le coup fourré « Panama Papers » n’est pas une première dans le monde de la finance et des affaires ; il faudrait remonter un peu plus loin. Ah, Watergate, quand tu nous tiens ! L’Irangate n’est pas tout à fait dissipée et il faudrait peut-être demander à Monsieur Denis Robert qui mena une action intrépide contre l’entreprise Clearstream, à nous révéler ses secrets. À l’Union européenne, les flots furent tellement fangeux que l’on mit des scaphandres et l’on surnage encore de nos jours dans ces eaux profondes et troubles. Notre dauphin Bouchouareb est tellement dynamique qu’il peut flotter en surface et à vue. Néanmoins, certains requins algériens risquent de connaître des nuits, que dis-je, des années blanches, suite à cette météorite échouée sur les plages privées de leur paradis. L’information et la communication sont devenues aujourd’hui industrielles et les médias lourds jouent un rôle primordial quant à l’instrumentalisation de la pensée : une image vaut mille discours ! L’image, même invisible à l’œil, parle au subconscient et de là vient tout le danger.

Enfin, mon esprit reprend ses fonctions normales, car tout ce qui arrive n’est pas tout à fait illégal. Tout dépend des législations des pays concernés. Ce qui fut un moment donné permis au Luxembourg ne l’était pas au reste de l’Europe. Cela renvoie aussi à l’Angleterre et son affaire HSBC. En effet, presque deux cents milliards d’euros auraient transité par les comptes de la filiale suisse HSBC et cette grandiose fraude fiscale aurait concerné plus de vingt mille sociétés off-shore et cent mille clients. Cette fracassante affaire fut connue sous le nom de « Swiss Leaks ». Finalement, l’Union européenne a eu son baptême en matière d’évasion fiscale, puisque « Lux Leaks » est toujours en mémoire. En tout cas, ces histoires doivent faire école afin que la grande masse sache et comprenne la gravité de sa manipulation. Alors, trêve de palabres et que l’on cesse de nous rabâcher les oreilles de morale. Faut-il revisiter « par-delà le bien et le mal » de Nietzche pour comprendre que la poignée de puissants qui gouvernent le monde n’ont rien à faire de cette sottise qui piège penseurs, apprenants, philosophes et professeurs ? Pour ces argentiers décideurs, les valeurs humaines ne sont que chimères ; celles-ci ne servent qu’à maintenir les peuples dans la torpeur. Ils donnent l’illusion d’un certain ordre en surface, alors que dans le fond, ils sèment l’anarchie en faisant régner la loi du plus fort, la loi du chaos. Quant à l’économie, c’est justement la Banque fédérale qui tire les ficelles en arrêtant le plan général de l’action conjuguée de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

Panama est-il un pays souverain ? Son seul tort, c’est d’être un canal à proximité de l’Empire du mal. Il forme le cinquante et unième État de ce Satan mondial. En pratique, il représente sur le terrain l’étoile qui manque à la bannière étoilée. Il n’est nullement sorcier donc de tirer les conclusions qui s’imposent d’autant plus que seuls les États-Unis s’opposent à la réforme du système économique mondial. Ce sont eux qui tirent les ficelles en tirant les dividendes. Le système tel qu’il est conçu leur confère le droit d’intervenir dans les affaires internes des pays. Le dernier scandale de la FIFA est on ne peut plus édifiant ! Aucun pays ne peut interférer dans leurs affaires et encore moins celles internes. La Suisse vient de faire les frais et bien avant, L’Allemagne, La Belgique, La Pologne, pour ne citer que ces pays. Les États-Unis font le gendarme et le policier dans le monde entier. D’aucuns diront que l’affaire « Panama Papers » touche également certains de leurs amis à l’exemple de L’Islande, La France et L’Arabie. Cette puissance ne tolère que des esclaves et parfois des alliés, ses intérêts sont ses seuls amis !

Au fait, et l’Algérie dans tout cela ? Algériens, souriez, nous sommes intelligents aussi. Nous avons notre propre « Alger Leaks », il suffit de faire un petit tour du côté du ministère du Commerce et vous en serez édifié. Chez nous, les gouvernants sont très forts, car ils ont dans le cerveau un gène appelé sponsor. Parrainez une entreprise ou une association et vos impôts sont allégés sinon vous êtes affranchis carrément de l’imposition. C’est juste une question de cooptation, d’affinités commerciales et de corruption.

Pour conclure ce billet, qui n’en finit plus, je dirais qu’il ne faut point s’étonner de voir dans les prochains jours, le retour détonnant de « Wiki Leaks » sur la scène internationale. En matière de stratégie, les puissances se livrent une guerre sans merci. Finalement, je regagne ma sérénité, car ma peur n’a aucune raison d’être et c’est Monsieur Poutine qui me l’a certifiée ; il paraît que son entourage aurait mangé le beurre et l’argent du beurre. Alors, je retrouve ma pièce d’identité si grande et si spacieuse jusqu’à offrir l’hospitalité aux informations me concernant. Je l’ouvre et la déroule tel un tapis volant en espérant bientôt atterrir dans le royaume convivial de la biométrie. Enfin, pour couronner le tout je conclus en disant, sauf le respect que je dois au postérieur de mézigue, que ces « Panama Papers » auraient été bien utiles s’ils avaient été parfumés autant que des « Panama Pampers ».

  

mercredi 6 avril 2016

Le bain de la Jouvence


Curieusement, le nombrilisme est l’invité de marque à cette noce républicaine où l’on sert une daube vraiment nationale. Parmi les convives de haut rang, l’on note, prestige oblige, Monsieur l’opportunisme au bras Madame l’imbécillité extrême. Enfin, l’Algérie accède au Panthéon de la médiocrité sur fond de musique raï et de folklore haut en couleur à partir de cette coupole où l’on pète plus fort que tous les derrières réunis en cette journée immémoriale. L’on rentre de plain-pied dans la civilisation des « zânes » où l’on dispense un cours magistral devant un parterre aussi acquis que conquis. La salle ovoïde, chauffée à blanc au mazout frelaté du langage, ovationne à chaque mot dilaté d’un cloaque dédié à l’ouvrage. Son Éminence rouge et noire, le père de la théorie révolutionnaire, le professeur ayant consacré l’unicité de la pensée et l’uniformité de la langue de bois universelle tance les gens nombreux venus lui prêter allégeance. Cette fameuse journée doublement justifiée est venue à point nommé souffler les amis de Mazafran et réhabiliter un copain d’avant. L’on célèbre par la même occasion la naissance d’un Rambo algérien et la mise en service d’un train amphibie pour une première en Algérie.

Le ton est on ne peut plus solennel ! L’amour de la patrie passe nécessairement par celui du président. Pour aimer l’Algérie, il faut aduler ce dernier. En donnant de la voix, ils braillent très fort et dans leur euphorie, ils oublient qu’ils font du tort à la personne qu’ils adorent. L’on ne parle que de lui, l’on ne vit que par lui, le messie du coin qui leur enjoint de se taire, au nom de la vie. S’ils n’avaient été si imbéciles, ils nous auraient au moins appris le langage des signes et à lire sur les lèvres. Nous aurions déchiffré tous les discours en prime des baisers. Cependant, n’ayant nul besoin d’une parole, il suffit à son excellence juste de penser. Tout le monde se met au diapason du roi et gare aux brebis galeuses qui auraient le malheur de ne pas apprendre la leçon. La sagesse recommande de lui accorder le repos du guerrier, mais quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt, selon un brillant adage.

Curieusement, l’on avance le carrosse de madame ! Bizarrement, l’on annonce un monsieur qui avance d’un pas sûr et mesuré. Ainsi aurait parlé Zarathoustra en faisant titiller l’esprit de Nietzche en prenant à la gorge la femme et la vérité. Le véritable homme n’aime-t-il que le danger et le jeu ? Le jouet est-il féminin singulier ou masculin pluriel ? La dialectique du loup et de l’agneau conduit-elle à la Cité idéale sous cette coupole où l’on ravisse la renommée à tous les chiens de Pavlov et de la bergerie. Sonnez les cors ! L’on déclare la chasse ouverte aux trésors. L’Algérie des paradoxes se met à l’heure de l’intox et du faux bilan provisoire. L’on atténue l’invocation et l’on invoque les circonstances à l’honneur de la virginité de son excellence qui convole en noces bizarres.

Cependant, non loin de ce canular, l’on récite à l’école de la rue, les enfants et le procureur auquel l’on a mis un habit plus grand qu’il se fit tout petit. Sentant sa mort prochaine, le laboureur dit au procureur de la République algérienne, ne travaillez point avec tant de peine, cela ne sert à rien de suer, à chaque mouton suffit sa laine. Panurge n’est pas très loin et cela est urgent de décanter les esprits avant que le ciel ne moutonne ; il est déjà vache, pardi !

À Mazafran, ils se la coulent douce les gars de l’opposition en brandissant des gants de velours. C’est à devenir fou de voir ces messieurs parader dans les couloirs de la République en mangeant dans le même râtelier des gens qu’ils critiquent. Anciens chefs de gouvernement et autres députés qui ne juraient que par le président se retrouvent parachutés à la manière des loups dans la jungle des sourds-muets. Leur plan, paraît-il, est meilleur qu’un avril donnant plus de blé dans ce printemps arabe de terre brûlée. À leurs voix atones qu’ils entonnent en chœur, ils carillonnent aux sons et lumières qu’ils ont inventé une nouvelle Algérie : la leur. Ainsi va l’eau à la cruche dans ce bled de derviches où le peuple est le seul et unique mouton.

« L’intime ministre » selon la lettre arabe « Khalil » vient de jeter son dévolu de nouveau sur l’Algérie qui se plie en quatre pour le recevoir avec tous les honneurs, pourtant, il fut à l’origine d’une catastrophe évitée de justesse grâce à l’intervention de feu son excellence Hugo Chávez. En effet, tout le monde se souvient de la fameuse loi avortée par le Président de la République au dernier moment sauf ces messieurs, ces caciques du pouvoir qui défient jusqu’à notre mémoire. Soit ! Monsieur n’est point un voleur quoique ce soit à la justice de se prononcer, pas au quidam du coin qui débarque du train qui n’a jamais quitté une gare. Moi, l’habitant de mon cœur où vit l’Algérie, je ne suis pas sans savoir qu’il a sérieusement mis en danger le pays et les générations entières, celles d’aujourd’hui et celles de demain aussi. Il a commis une faute tellement grave qu’elle est irréparable, dûtes-vous ameuter toutes les raisons du monde. C’est tellement indélébile comme péché qu’il est strictement impossible de le laver.

 Tout d’abord, il faut un bain de foule juste le temps de noyer le poisson et ensuite passer aux choses sérieuses : L’Algérie, paraît-il, court un danger véritable au niveau des frontières au point que même l’opposition se mette en rang serré ! Alors, que fait-on des loups ? Ceux-ci sont à l’intérieur juste sous notre balcon républicain. En tout cas, c’est de bonne guerre toute cette armada déployée au service de l’amour de la patrie qu’on ne cesse de trahir à coups de traîtrise répétée. Il paraît, qu’il faut gueuler plus fort pour faire accroire à l’amour dans un pays qui peine à se relever et où la population jeune est commandée par de séniles idiots et imbéciles. Les Algériens sont-ils des canards sauvages pour les canarder à longueur de temps avec de vils commérages ?

Les loups se mangent-ils entre eux dans ce village où la vertu se fait détrousser par une assemblée abêtie à toute heure de la journée ? Le bain de la Jouvence passe-t-il nécessairement par le lavage de notre esprit ? Non, je ne peux cautionner un tel délire où l’on travestit la vérité dans le dessein de perdurer et je ne peux cultiver le pardon pour absoudre Satan. Faut-il être perfide et lâche pour vous plaire ? Allez, c’est décidé ! L’on taille les discours à la mesure de l’imbécillité et l’on ordonne au tambour de battre le pas cadencé. L’Algérie fière avance dans le sens contraire de l’évolution et il faut rejouer la note en Ré mineur pour harmoniser la partition. Les mauvaises herbes ont la vie dure autant que les langues dont le verbe est d’un bois vert et impur. La nouvelle constitution doit arrêter, à soixante-cinq ans, l’âge de la déconfiture. Cependant ces messieurs de la nomenklatura sont tellement sûrs qu’ils prolongent la vie au-delà de la quadrature du cercle. N’ont-ils pas inventé le quatrième mandat en souillant la vierge constitution ?

Du bain de la coupole au bain de Mazafran, l’on débouche carrément dans le bain de la démence en invoquant les chouyoukhs et les Esprits saints de Bennahar, la capitale spectaculaire de Djelfa. Ici, à base de l’alfa, l’on rafistole les hymens des garçons ayant trop forcé sur l’alcool prohibé. Ici, le sable, poudre et or, s’enroule comme un serpent autour du cou fragile de la vérité que l’on baptise afin que Monsieur retrouve sa virginité qu’un procureur pervers aurait prise, un certain soir où le rêve se transforma en cauchemar. Ci-gît la vie, au-delà du mausolée de la révolution, où l’esprit tangue de raison en raison, un radeau de fortune emporté par les flots fous d’un océan habité par les démons.

Le monsieur s’est servi durant la révolution, à l’ère de Boumediene et durant le règne du Président Bouteflika auquel il fit une entourloupette à l’image d’une piètre galéjade le soir d’une aubade au bal de la république planétaire. L’Algérie est tellement vaste qu’elle ressemble à un continent et tellement riche qu’elle donne à celui qui est chiche. Quant aux braves, ils fument le calumet de la paix en sirotant du thé à l’ombre d’un palmier épris d’une oasis. L’on retourne à l’âge de pierre en ce temps de vache laitière aussi maigre qu’un gringalet. Oh, mon Dieu quelle misère, ce paltoquet ! C’est à l’aune de la zaouïa que l’on jauge de la teneur des gens comme au temps des lupanars et de la virilité des garçons. Au suivant ! Au suivant ! Au suivant ! aurait dit une ombre venue d’un plat pays qui est le mien. Allez, silence, on tourne ! Oye, bonnes gens ! Il faut encenser les lieux et invoquer la diligence des saints patrons pour que réussisse le bain de Jouvence. La zaouïa se met à l’heure de la confession et l’on rachète l’homme de la tyrannie du péché pour lui rendre sa liberté à hauteur de la rédemption. Puisque la zaouïa se substitue à la justice et à la Présidence, alors autant nommer les petits chefs zaouïs en walis et le grand zaouï en Président. L’on rebaptise aussi le village en « dachra », la ville en « ksar », le pays en gourbi, le peuple en « ghachi » et les gens en « maouachis ». C’est beau, le retour aux sources ! Vive la Ripoublique !