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mercredi 30 août 2017

Les interpreneurs de l'industré a-gérienne

Le sort s’acharne-t-il sur l’Algérie en lui prédestinant des malades et des attardés mentaux à la tête de ces organes vitaux ? Une paire de couilles ne fait pas un homme ni une femme, heureusement d’ailleurs, sinon ce serait la fin des haricots qui auraient mieux fait de pousser au stade du 5 juillet. Oui, à défaut de gazon bien tondu pour faire tourner le ballon bien tendu, il faut semer des ers pour compléter la scène république blafarde. Il parait que c’est la main rouge qui aurait dû être verte qui est un rejeton et non la terre bâtarde, autrement il aurait poussé des canulars en guise de lentilles pour bien admirer le soir les joutes d’Alger dans son miroir aux pigeons où les alouettes  sont de jolis ramiers.

Le Lech Walesa de chez nous aurait pu contacter le travailliste polonais qui a fini par devenir Président pour venir fertiliser la pelouse algérienne. Il parait que la Vistule est non seulement profonde, mais aussi féconde en matière de politique ouvrière jusqu’ à investir le palais présidentiel. Lors de la coupe d’Europe des Nations à Polska, le ciel s’est déversé totalement sur le stade de Gdansk. Le match fut arrêté un moment pour reprendre comme si de rien n’était. Mais où est passée toute la flotte qui s’y est engouffrée ? Le hic, à la fin, la pelouse était immaculée, saine et sauve avec tous les brins de son gazon bien aimé. Ce jour-là, j’avais tellement pleuré en pensant à ma chère Alger. Parfois, il me vient des idées que certains vont trouver bizarres, et je me dis que Dieu ne peut être qu’algérien. D’aucuns vont crier au blasphème, mais avec un peu de sagesse, ils verront que je dis vrai. Oui, mes chers compatriotes, Dieu nous aime plus que les autres. Il nous épargne beaucoup de calamités. Sans Lui, adieu Alger, les Algériens et toute l’Algérie.

Avant-hier, en cueillant des figues de Barbarie, je ne pus m’empêcher de penser à la Berbérie que nous n’avons pas connu, hélas, et que nous ne cherchons pas, quel dommage, à connaitre non plus. Le fruit, malgré ses épines nombreuses minuscules, à prendre en compte, a beaucoup de vertus. Celui venu de Berbérie, malgré son appartenance humanoïde, a un esprit obtus. Je préfère de loin le cactus à ce pantin issu de la rue pour la rue et qu’il faut mettre en urgence à la rue, sa place qui l’a vu se mouvoir avant que l’Algérie ne devienne un trottoir où il exerce son petit pouvoir. C’est en forgeant que l’on devient forgeron clame la ferraille républicaine ! L’enclume et le marteau sont les signes distinctifs et les outils dissuasifs de la nouvelle nomenklatura qui a détourné à son seul profit la faucille du prolétariat. Que de pissenlits dans ce carré républicain où il faut sarcler pour atteindre les hauteurs. Les bas-fonds sont nauséabonds jusqu’à preuve du contraire. Il faut frapper le peuple tant qu’il est encore chaud, annonce le marteau. Je suis prête à le recevoir, lui répond l’enclume en courbant le dos. Le maréchal se détend en armant le bras. Ferrer les occupants du logis n’a jamais été chose si aisée. Que peut faire le fer entre l’enclume et le marteau ? Sinon, se plier aux coups de l’artisan !? 

Un forgeron peut-il être un maréchal-ferrant ? Oui, répond le maréchal du logis au nom de tous les palefreniers. Faut-il être con pour devenir entrepreneur ? Non, crie le président du fond de la connerie gouvernementale. Icé cé lagiré, martèle-t-il au micro du forum africain. Et comment ! Il faut leur parler dans leur langue, sinon ils ne vont rien comprené. Bienvené en algiré qui est aussi votre deuxième payé. Polyglotte, notre ami se mêle la langue entre le kiswahili, l’oromo, le zoulou et le kirandi. Désappointée, Myriam Makeba monte en scène en entonnant « The Click Song » pour revendiquer la langue bantoue. Désarçonné par cet imprévu, notre « interpreneur » se met soudain à varler en oubliant jusqu’à son verlan. Coller des bouts de tuyaux pour faire de longs tuyaux à exporter le long d’une longue route à ouvrir et surtout à bitumer demeure le but avoué et inavoué de celui qui vient de découvrir l’Afrique.

Notre Christophe Colomb à bord de son navire avarié prenant eau de toutes parts va à la conquête de nouvelles terres en hissant pavillon national. D’oasis en oasis où il va certainement amarrer ses chamelles et ajuster ses bretelles pour éviter un mauvais sort à son pantalon plus grand que le cerveau qui s’y cache, l’interpreneur de tous les temps va interprenir les noirs en pensant les entretenir à penser algerrien. Nous sommes blancs, mais comme vous et vous êtes noirs, mais comme nous et l’amour de nous deux, c’est-à-dire nous tous, est très grand comme l’Afreque que nous habitons. L’algiré cé pas mon payé et c’est tout, cé oci la vôtre et en même temps le vôtre. Maintenant, il fot panser africain cé à dire algérrien, puisque l’algiré é l’Afreque sont un seul payé. Au lieu de faire tout le tour de la mere et de l’oséan, le père pour aimeporter la banane et le choucolat qui von se fatigué pour arrivé, vous commandi tout cela au gouvernement algérien que j’ai travaillé. La banane restera, bon... un peu verte et le choucolat, un peu noir. Au lieu d’1 mois de tatente enfin satante aussi, ce sera juste une toute petite semaine, donc même pas une semaine. L’algiré est un payé trop grand comme le continent. Donc si vous êtes aritmétiques, vous é nous on forme deux Afreques. C pas bon tout ça ?


En parcourant les stands de la foire internationale de Damas, je n’ai trouvé que le drapeau algérien que les Syriens ont eu la gentillesse et la générosité de mettre au milieu de ceux de L’Iran et de la Russie. Nulle  trace de monsieur l’interpreneur, ni de l’ouvrier son supporter, ni du marteau, ni de l’enclume, ni du bitume que ce soit présentement ou à titre posthume. Mais où est donc passé ornicar le nouveau malabar de l’industré a-gérienne, si la reconstruction de toute la Syrie ne peut constituer une destination phare ? Ont-ils peur d’exhiber leurs Certificats de Fin d’Etudes ? Ont-ils seulement suivi une Formation Commune Elémentaire ? En tout cas, ils ont raison d’avoir peur, car les Syriens, eux, ont inventé l’alphabet.

dimanche 27 août 2017

La débâcle arabe

Le ciel ne présageait rien de bon en cette journée morne et terne dont la platitude ajoutait à la solitude mentale de Yatim qui se débattait contre mille et un cauchemars. Une vilaine tempête sévissait sous son crâne où des vents soufflaient aussi fous que déchaînés. La veille, alors qu’il suivait les informations, un porte-parole de la coalition syrienne remerciait élogieusement les Israéliens d’avoir bombardé un important site militaire à l’intérieur de la Syrie. C’était dit sans masques, sans réserve ni pudeur.
Autres temps, autres mœurs. Des Syriens autoproclamés révolutionnaires demandaient énergiquement l’intervention étrangère pour détruire leur pays et tuer leurs propres frères !
C’est évidemment le scénario de la Libye qui se répète avec, cependant, des acteurs différents. Seule, la contrée a changé. Un remake en fait ! Inadmissible et insensé, aurait dit un homme averti.
Néanmoins, lorsque la forfaiture est érigée en culture et la félonie en bravoure, il ne faut point s’étonner de voir de tels agissements. Tout devient vraisemblable et plausible.
Ces sacrés penseurs de l’ailleurs ont réussi à inverser la vapeur du train arabe qui déraille à tout va. La locomotive censée le tirer le mène à la dérive au-delà des attentes d’une certaine pensée néocoloniale. Yatim incrimine au premier degré cette élite de salon, avide de projecteurs dont le seul but reste et demeure la renommée, quitte à vendre sa propre terre. Un écrivain n’est reconnu comme tel que lorsqu’il met sa plume au service d’un idéal en prônant les valeurs dites universelles sans jamais tomber dans la facilité ou autre fausse alacrité. Il se doit d’être empreint d’une certaine philosophie à la proue d’un projet pour semer les graines utiles au devenir de son pays ou du moins éclairer le chemin en le jalonnant avec autant de repères qu’il est nécessaire. Hélas ! Caressant dans le sens du poil, notre élite ajoute au marasme inquiétant en alimentant sans cesse la mare du diable où ils pataugent comme de sacrés canards.
Les derniers écrits confirment un certain état d’esprit. Les Arabes et les musulmans deviennent des sauvages, des barbares sous les plumes de ces nouveaux chantres d’une littérature insolente et immorale. On profite de la misère du peuple irakien que l’on transforme en fonds de commerce. On ne recule devant rien, l’essentiel restant le gain. L’on vend son honneur pour crier à l’horreur en montrant du doigt le résistant. Pour ces écrivailleurs arrivistes, un homme épris de liberté et défendant son pays, un moudjahid et un fedaï sont toujours assimilés à des terroristes.
Un Afghan est forcément assimilé à un taliban qui est par définition pour ces messieurs dont le discrédit n’est plus à démontrer, un ogre, un monstre à exterminer. Quant aux Palestiniens, pour ces scribouilleurs de dernier cri, ils demeurent tous des morts en sursis. Projets de suicide latents, ils sont des porteurs de bombes patents, des hommes à attentat contre un État démocrate qui leur a tendu la main. Quand les Yankees envahissent, dévastent et détruisent l’Irak, l’Afghanistan, la Somalie, la Syrie, la Libye, le Soudan, le Yémen, le Liban, ces écrivassiers en font l’éloge et l’apologie, au nom de la démocratie qui les nourrit.
Qu’Israël défie depuis un demi-siècle les Nations unies, réunies et désunies ; qu’il tue en égorgeant les érudits irakiens lors des bombardements de la Tempête du Désert ; qu’il attente à la vie des savants Iraniens en territoire iranien ; qu’il assassine les civils palestiniens, les emprisonne, les déracine, les déplace, les efface, ces gribouilleurs de dernière génération ne trouvent rien pour dénoncer tous ces massacres, ces turpitudes et ces exterminations. Et que dire du Bahreïn, cet éternel oublié de la scène internationale ? Où sont passés les détenteurs des droits de l’homme, les faiseurs de révolutions, les chantres de la démocratie ? Au fait, le Bahreïn appartient-il à la ligue arabe ? Dans quelle planète figure-t-il ? On ne voit rien et on n’entend rien, l’Émir peut sévir !
Yatim déambulait comme un fou dans la ville en cette journée de décembre. Il avait l’impression de marcher au milieu des décombres. Oui, des ruines respirant tristesse et désolation desquelles la vie avait déjà fui. Il n’y avait que des ombres chinoises ou autres, mais certainement pas arabes. Ceux-ci ne disposent que de vestiges à léguer à la postérité par-delà l’histoire sombre qui se fait à leurs dépens, autour d’eux et sans eux.
Les Arabes ne savent que pisser sur du sable pour ne laisser aucune trace de leur passage dans ce désert mental où ils excellent en ermitage. Depuis cette fameuse soirée où les Yatim offrirent un copieux repas à leurs amis, Yatima ne reconnaissait plus son mari. Cela faisait plus de deux mois déjà. Pourtant, les choses n’avaient point avancé. Pires encore, elles ne faisaient que péricliter. Yatima pressentait quelque mauvais présage pour son ménage qui risquait de faire banqueroute à tout moment. Malheureusement, elle ne se sentait pas de taille à redresser la barre. La « maladie » qui taraudait son homme de son intérieur était profonde, sournoise et pernicieuse. Elle le voyait se consumer sans pouvoir agir d’autant plus qu’elle ne comprenait ni ses problèmes ni ses inquiétudes.
Ah ! Comme elle aurait aimé déchiffrer tous ces mots qu’elle trouvait, chaque jour, alignés sur un tas de feuilles éparpillées sur le bureau. Elle n’avait jamais dérangé ce désordre de peur de brouiller un ordre déjà établi. Elle faisait semblant d’épousseter et de nettoyer puis sortait triste et désolée.
Il avait noté quelque changement dans la conduite de sa femme, mais pas au point de s’en alarmer. Toutefois, il la comprenait, lui donnait raison. Cependant, alors qu’il marchait tel un automate huilé et remonté, son esprit butait quand même sur les premiers instants de leur rencontre, de leur union. Il y avait quelque chose de beau qui flottait dans la brume de son cerveau charcuté : son sourire timide la toute première fois où il parla à ses secrets. Ce sourire-là, il l’avait accroché à la hampe de son âme comme un inaltérable drapeau.
Il va sans dire qu’il l’adorait, mais la concurrence s’annonçait rude par les temps qui couraient. Il aimait tout ce beau monde accroupi au fond de son cœur et dans les moindres plis et replis de son être meurtri. Depuis, les événements tragiques d’Algérie, il ne cessait de vivre dans sa chair une souffrance infinie. Cela continuait avec les déboires du printemps arabe qui le broyaient à chaque instant que Dieu faisait. C’était hallucinant ! Des pays dépourvus de toute constitution tiraient les ficelles des révolutions arabes. Si le printemps était vrai, il aurait dû fleurir dans ces autocraties.
La ville ne ressemblait plus à rien. Même les gens aussi anonymes que ténébreux ne représentaient plus rien à ses yeux qui ne voyaient que les débris du temps affichés en manchettes, à la une des journaux. Seul l’emblème de Yatima arrivait à aérer ses idées qui l’étranglaient en occasionnant un embouteillage immense au rond-point de son cerveau. Celui-ci ahanait pour surmonter la faillite mentale dans laquelle l’enchaînaient ses pensées.
Il marchait, l’esprit déconfit, ne sachant où mettre les pieds pour fuir la réalité qui ne cessait de le rattraper. Il errait à travers les méandres du fleuve de ses réflexions en furie qui emportait tout sur son passage ne laissant que la trame de sa femme solidement ancrée dans le sable mouvant de sa pensée. Il luttait contre lui-même pour ne pas s’avouer vaincu devant la calamité odieuse de tout un monde déliquescent. À chaque pas, il s’enfonçait dans une tristesse infinie, aussi profonde que le malheur qui frappait sa belle Syrie. Toutefois, il ne perdait nullement espoir malgré le rouge de tous les indicateurs. En dépit des ténébreux nuages, il croyait dur comme fer à une probable éclaircie. C’était une question de foi et Yatim était un véritable croyant.
« S’il vous arrive de vous perdre en matière de religion, retrouvez le véritable Islam en son pilier, la terre du Sham ! », avait-il lu quelque part. Ce n’était absolument pas des paroles en l’air. Elles émanaient du plus noble des hommes de tous les temps, le seigneur des créatures, le Prophète Mohamed que le salut soit sur lui éternellement. Plus de quatre-vingts nationalités de dévoyés, se déclarant musulmans, participaient à la destruction du berceau de l’humanité ; ils saccageaient la citadelle du savoir ; ils souillaient la terre des envoyés de Dieu. Le monde pourri s’acharnait pour détruire un à un les îlots de la civilisation. Yatim n’avait pas besoin de trop solliciter ses méninges pour comprendre les raisons d’un tel cannibalisme. À dire vrai, l’ennemi était pluriel, à commencer par Israël. Les facteurs exogènes arrivaient en premier, les endogènes clôturaient le tableau riche et varié.
Yatim se rendit compte de son errance du fait qu’il arpentait une rue qu’il n’avait jamais prise auparavant. Il suivait seulement ses pas qui l’emmenaient au gré de son nomadisme désolant. Il était malade de son corps qu’il sentait lourd et qu’il transportait comme un cheval mort à travers le décor meurtri de sa vie le fuyant par tous les pores. Sa tête bourdonnait comme une ruche où des milliers d’abeilles butinaient à même ses idées qui foisonnaient avec autant d’ardeur que ces minuscules bêtes, ô combien, travailleuses. Des idées aussi folles que vraies, audacieuses qu’incongrues, sages qu’insensées, toutes s’agglutinaient devant la porte de son esprit où sa conscience assidue opérait le tri pour ne céder le passage qu’aux plus téméraires. Au milieu de tout ce fourmillement, on trouvait un tas d’immondices politique mêlé à un détritus géographique qui n’avait d’égal que le méphitisme des gouvernants arabes. Le relent était tellement pestilentiel qu’il lui sortait des yeux ; il voyait la faillite arabe se dérouler comme un film de piètre facture. En gros plan s’annonçait la pauvre Palestine qui ne savait plus où donner de la tête, tellement elle était transformée en bantoustan. Les deux principales bandes séparées par une langue israélienne n’ont que les mots pour leur lutte fratricide.
Le Fatah d’un côté, le Hamas de l’autre, avec au firmament la bêtise des négociations à sens unique. Négocier avec les Palestiniens signifie pour Israël : manger Palestine en négociant. Un beau parlement où brillent des représentants rasés de près, prêts pour la révolution en pétant dans leurs pantalons usés par des guerres de salons. Ces millions de réfugiés éventés par les années, ces exilés parachutés par le jeu stupide de la survie attendaient en vain le feu vert de l’envahisseur pour retrouver la mère patrie qu’ils n’ont plus sous les pieds. Pourtant, ils n’ont qu’à imiter le brave Saumon. Celui-ci brave tous les risques et périls pour retourner à la source de sa naissance qu’il dut quitter quelque temps plus tôt. Cette merveilleuse créature passant d’alevin à tacon, ensuite à smolt argenté, va dévaler sa rivière natale jusqu’à l’océan, d’où elle atteindra le Groenland. Dans sa course de cinq mille kilomètres, elle va défier, à l’aller comme au retour, une multitude de prédateurs s’étalant du chabot aux pêcheurs, en passant par la truite, les oiseaux de mer, la loutre, les phoques et les poissons carnassiers. Devenue adulte, elle s’impose alors un jeûne de six mois durant la montaison vers l’endroit ancestral où elle meurt non sans avoir frayé au préalable. Comme Dieu ne s’amuse jamais, la vie de ce poisson est d’un réel enseignement pour peu que les hommes soient empreints de sagesse pour le percevoir à sa juste valeur. Cette petite créature affronte mille et une difficultés en remontant à contre-courant et en défiant rapides et cascades pour juste retrouver son lieu natal.
Malheureusement, il se trouve que des Palestiniens font le chemin inverse en bravant des armées entières et de dangereuses frontières pour aller se battre en Syrie, leur pays frère et ami. Oui, ces sacrés djihadistes fuient Israël qui leur mène la vie dure pour aller exprimer leur bravoure contre des gens qui les ont toujours armés et soutenus. Ils ont l’esprit tellement alambiqué qu’ils se trompent complètement de cible et d’ennemi. Ils ne traversent pas moins de trois pays pour arriver à bon port en laissant leurs concitoyens à leur propre sort. Alors à quoi bon cette mort ? Ne doivent-ils pas s’occuper de leurs fesses avant de péter ailleurs ? La Palestine ne mérite-t-elle pas un sacrifice ? En est-elle indigne ? Ou bien Israël est-il plus ami que Bachar et compagnie ?
Yatim marchait en coltinant sa folie qui ne cessait de s’amplifier au fur et à mesure qu’il se risquait dans le labyrinthe arabe ; il se sentait comme une souris, pris au piège de ses idées qui dégringolaient à travers la gouttière insipide de son esprit malmené et ballotté par tant d’acrobaties suicidaires. Le Liban qu’il aimait était toujours déchiré et ce n’est qu’entre deux chaises qu’il daignait poser ses fesses à mi-chemin entre l’Occident et l’arabité. Ni la guerre fratricide ni les agressions israéliennes en série ne sont arrivées à le remettre d’aplomb sur un seul siège. Il continue tel un attardé mental à confondre entre une belle fraise et une grossière braise.
Le Liban est tellement idiot qu’il se voile la face et tellement hypocrite que son histoire est truffée de farces. Le pays du cèdre ressemble à une femme mariée à deux hommes, l’un par procuration et l’autre par affiliation.
Alors qu’Israël agressait le Liban, un brillant Libanais parlait de guerre aux frontières internationales comme si le sud était un territoire étranger. Des Libanais mouraient sous les bombes israéliennes pendant que d’autres, nullement concernés, festoyaient.
Certains officiels sunnites jubilaient en voyant les chiites se faire massacrer par l’armée de Tsahal ; ils poussaient l’outrecuidance jusqu’à souhaiter la défaite pure et simple de la Résistance libanaise. Au plus fort du conflit syrien, le chef de file de ces officiels atteints de clochardisation et de bâtardise politique va, dans une initiative vile et scélérate, demander purement et simplement l’intervention des Américains pour casser militairement la Syrie ! Qui dit mieux ! À la solde de ses seigneurs de la petite « Arabie », il exhorte le président américain dans une lettre ouverte, à envahir ce pays. Voilà le portrait type de ce que Yatim appelait un arabe vendu.
La « voie du futur » court dans tous les sens pour ameuter Satan, le Diable et toutes ses instances, dans le seul but de faire de tout feu en Syrie, un véritable incendie. On recrute, on arme, on finance, on achemine tous les brigands et mercenaires à travers les frontières.
On claironne haut et fort, sans aucune pudeur, son infamie et son déshonneur. La bête noire pour ces Libanais tirés à quatre épingles, ces milliardaires occidentalisés qui ne sortent jamais sans se saupoudrer, reste et demeure la Résistance libanaise.
Ils ne ratent aucune occasion pour fustiger le Hezbollah et jeter l’anathème sur son leader. Toutes les rencontres et tous les événements mènent obligatoirement à Nassrallah. Que ce soit un forum, une commémoration, une fête, une veillée, une réception, un mariage, une visite, une conférence de presse ou autre, ils en profitent pour diluer leur poison en accusant ouvertement la Résistance. Ils en font leur souci majeur et leur unique préoccupation. Leur cheval de bataille demeure à tout point de vue le désarmement du Hezbollah.
D’ailleurs, ces « martiens » avec leurs agissements stupides et diaboliques font rappeler au souvenir de Yatim une anecdote bien enfantine. Du temps qu’il était écolier, on racontait qu’un élève aussi borné qu’imbécile n’apprit qu’une seule leçon par cœur de toute sa vie : le lombric.
Alors à chaque interrogation et composition, il ramenait tous les sujets à son fameux ver de terre. Que la question parle de rhinocéros, de vache, de lapin ou de poisson, la réponse arrive toujours identique, fade et insipide. Qu’est-ce qu’un éléphant ? C’est un être vivant comme le lombric. Celui-ci est un ver au corps divisé en anneaux, à la peau rosée, qui creuse des galeries dans la terre humide dont il se nourrit. Le Hezbollah s’apparente au lombric pour ces messieurs qui s’approprient le Liban en le mettant périodiquement à feu et à sang. Les gouvernements arabes détestent le Hezbollah, car il les met dans une position inconfortable. Le pouvoir tunisien interdit l’entrée en territoire à une délégation du Hezbollah malgré la délivrance d’un visa par ses services consulaires. En effet, invités par un parti tunisien, les délégués de la résistance libanaise furent sommés de rebrousser chemin à l’aéroport de Carthage par la police des frontières. Par contre, des Israéliens furent presque à la même date autorisés à fouler le sol tunisien avec tous les honneurs.
« Les États-Unis ont un intérêt stratégique à mettre un terme au conflit syrien. La poursuite de la guerre renforce le terrorisme et mène à l’expansion de l’hégémonie iranienne dans la région », disait la lettre de cet important sunnite. Enfin, il daignait montrer la couleur du slip de son esprit borgne par où louchait un regard nauséabond. Ce ne sont pas les enfants de Deraa qui lui faisaient pitié et encore moins les Syriens qui s’entretuaient, mais il ne faisait qu’obéir à ses maîtres et seigneurs. Pouah ! Ça puait le véritable khenzir !
Voilà plus de deux heures que Yatim essayait de décompresser, mais il était vite rattrapé par la précarité des instants arabes qui sentaient la marmelade pourrie. Les « ghachis » ne pouvaient produire finalement que du gâchis. L’esprit en compote, il ruminait ses pensées violentes et désastreuses à l’encontre de ses semblables qui barbotaient à longueur de temps dans une mer de sable aussi tragique que la sécheresse de leur cœur.
Pour une fois que le Hezbollah arrive à laver l’honneur de tous les faux Arabes, des chiens aboyant plus fort que leurs maîtres jettent du discrédit sur une victoire historique. Yatim aurait aimé multiplier Hezbollah dans toutes les républiques et principautés, dans tous les émirats et royaumes pour que les Arabes puissent lever la tête sans baisser le pantalon.
La Résistance libanaise demeure le seul point positif dans tout ce merdier arabe qui pue à tout coin de rue. Elle demeure le flambeau qui éclaire de sa lumière, la flamme qui permet l’espoir, la citadelle où se niche l’honneur timide d’un peuple trahi par ses propres leaders. Ave Hezbollah ! Ave Nassrallah ! Ya Hassanah !
Ah ! Ce croquemitaine que la diplomatie américaine a réussi à semer dans les cervelles de ces Orientaux attardés mentaux comme au bon vieux temps où la grand-mère de Yatim lui distillait savamment des histoires à dormir debout ! Effaré, il l’écoutait, en imaginant dans son esprit de bambin des personnes aussi horribles que terribles, avant de s’endormir comme un chaton.
Alors, les robes enculottées se font tout bonnement doper par Sam le surdoué qui leur inculque que l’Iran est l’ogre par définition. Du coup, les enfants de sable, dont la promptitude à mettre la main au portefeuille n’est plus à démontrer, déboursent des centaines de milliards de dollars pour des armes qu’ils n’auront jamais à utiliser sauf pour mater les leurs. Cependant, cela sert à renflouer les caisses des Américains et à ranimer leur économie. D’une pierre, deux… trois… voire plusieurs coups ! Est-ce le génie des uns ou le béotisme et l’ineptie des autres ? Seul Téhéran est à même de répondre à cette question, car de tous les pays du Moyen-Orient, seuls les Iraniens jouissent de leur indépendance.
Les Arabes américanisés vont consacrer leurs efforts à empêcher l’Iran, pays voisin et musulman de surcroît, de penser à se doter de l’arme nucléaire ; ils vont s’allier aux sionistes et aux impérialistes, leurs ennemis séculaires qui sont détenteurs de plusieurs bombes atomiques capables de les effacer mille et une fois de la surface de la Terre ; ils vont exhorter la communauté internationale à attaquer l’Iran.
Ces Arabes des temps modernes sont leurs propres ennemis. Quand les vents auront tourné et changé de direction, ils se retrouveront isolés sans aucune protection. Malheureusement, les peuples jouent toujours le rôle des dindons de la farce. Quant aux roitelets et autres gouvernants, ils auront toujours un os à se mettre sous la dent. Que ces faux Arabes sachent qu’au plus fort de la guerre qu’ils avaient livrée par procuration aux Mollahs, à aucun moment Téhéran n’avait souhaité utiliser les armes chimiques que leur tortionnaire avait employées contre les troupes iraniennes. Celles-ci auraient pu user du principe de réciprocité et gazer les unités irakiennes, mais c’était aller à l’encontre de l’esprit de l’Islam qui interdit l’utilisation de moyens non conventionnels. Lâches et vils, ils avaient envoyé leurs chiens contre une république encore vagissante. Alliés de l’obscurantisme et ennemis de la renaissance, ils avaient fomenté un odieux complot pour tuer dans l’œuf la jeune révolution du grand Iran.
Quant à l’accusation gratuite et immorale relative à l’utilisation des armes chimiques par le pouvoir syrien contre son propre peuple, les Américains et autres valets ne font que récidiver en la matière ; ils se donnent juste un prétexte pour d’abord mobiliser l’opinion internationale qui leur est toujours acquise et ensuite attaquer et démolir impunément la Syrie. D’ailleurs, ils ne seront pas à leur première puisqu’ils ont déjà beaucoup de crimes contre l’humanité à leur actif à commencer par le Vietnam. En effet, à partir de 1961, les Américains vont déverser quatre-vingts millions de litres de produits chimiques extrêmement dangereux et strictement interdits par les lois internationales sur les terres et la population vietnamiennes.

Les conséquences sont toujours désastreuses, des milliers d’hectares pollués ainsi que des cours d’eau et surtout des millions de victimes. On y dénombre pas moins d’un million d’enfants déformés à la naissance.
L’Irak vit actuellement une situation similaire et tout aussi dramatique, car les Yankees y ont employé des armes sophistiquées de dernière génération utilisant des obus et des projectiles de calibre différent à base d’uranium appauvri. Ceux-ci ont occasionné des ravages au sein des populations et leurs effets et radiations continuent de faire des victimes malgré l’arrêt des hostilités depuis bientôt quinze ans. Finalement, ce n’est qu’un remake qu’ils veulent réaliser en terre syrienne juste pour le plaisir d’agresser et de sévir. Ils ont été capables d’envoyer ad patres de centaines d’enfants innocents en les gazant tout simplement au Sarin. La puissance américaine est une véritable démence et la démocratie qu’elle véhicule est un gaz moutarde inoculé.
Yatim vivait des contradictions flagrantes dans sa tête au point qu’il cauchemardait en marchant. À le voir ainsi errer, on penserait forcément à un somnambule en mouvement qu’il ne faudrait surtout pas réveiller. Tout en déambulant, il baptisait dans son mental, aux noms de pays arabes, les ruelles et quartiers qu’il arrivait à dépasser.
Justement, il atterrissait au bourg des quarante maisons devenu l’Irak pour la circonstance, référence à Ali Baba et ses voleurs. Oui, ils devenaient des milliers, les pillards de la petite histoire. Seulement, ils étaient passés du délit au crime ; ils ne volaient plus, ils tuaient systématiquement. L’Irak explosait dans la tête de Yatim avec ses sempiternels kamikazes et ses voitures piégées et c’est par la faute de son occupant fossoyeur qu’il accouche au forceps d’un Kurdistan autonome, bientôt indépendant. Les Busheries (boucheries) ont transformé ce pays en un marécage fangeux de sang et de chair grillée.
Elles l’ont renvoyé expressément au Moyen-Âge en cultivant l’intolérance dans les mentalités et en creusant le fossé confessionnel dans le spectre du tissu social ; elles ont érigé les murs entre les quartiers pour les faire grandir dans les esprits afin de démolir l’une des plus anciennes civilisations humaines. Les Américains ont réussi à faire de ce pays un véritable charnier. Ce fut un triomphe sans gloire, un succès sans lauriers, une victoire sans honneur. Puis vint le fameux jour où on offrit aux Irakiens d’abord, ensuite à tous les musulmans, le mouton du Sacrifice. Ce jour-là, Yatim détesta tous les Irakiens : c’était le jour de l’Aïd Al-Adha.
Yatim marchait sans se soucier de ses pieds qui s’alarmaient, ni de Yatima qui l’attendait, ni des gens anonymes qui le rencontraient, ni des habitations qui se faufilaient à travers le dédale des rues et de son esprit, ni du temps qui passait. Il était fatigué, écœuré, révolté, en colère contre ce monde arabe qui lui administrait sa folie en se foutant royalement de lui. Tel un cyborg, il enjamba une rigole charriant une eau noire et nauséabonde. Curieusement, son esprit buta contre le Jourdain qui saoule un royaume qui n’a d’hachémite que le bédouinisme autour duquel il gravite. De l’an Balfour à Septembre noir, en passant par les guerres arabes contre l’hydre dangereuse, rien ne mérite que l’on pagine un livre aussi couard que pleutre. Allié inconditionnel de l’axe du mal et accroché en sangsue à l’aine syrienne, il lui inocule son poison arabe.
À cette seule pensée, Yatim eut envie de vomir. Cette bourride arabe ne cessait de le cuisiner et le relent du poisson pourri lui donnait de la nausée. Enfin la bâtisse où flottait au vent le drapeau majestueux signifiant que le village était indépendant. En ce lieu siégeaient les mêmes membres de la municipalité depuis les premières élections.
À chaque échéance électorale, ils changeaient de partis, choisissant chaque fois le cheval gagnant. Aussi bizarre que cela puisse paraitre, cette assemblée communale renvoyait dans l’esprit prisonnier de Yatim au fameux parlement palestinien, à l’autorité palestinienne. De négociation en négociation, ils misent toujours la Palestine au jeu pipé des pourparlers. Ah, ces négociateurs palestiniens ! Quel débit et quelle éloquence ! Quelle prolixité, quelle exubérance ! Quelle volubilité, quelle abondance ! Quelle loquacité, quelle incontinence ! Sont-ils aveugles pour ne pas voir que ces discussions ne sont que babillage et boniment, caquetage et caquètement, jacassage et jacassement ? Ces messieurs, les révolutionnaires du dimanche, ces cols blancs cravatés feraient mieux de changer de discours sinon se taire définitivement. Ce n’est point à base de logomachie et de logorrhée qu’on réussit une révolution. L’indépendance ne se donne jamais, elle s’arrache !
Le creux qu’il avait à l’estomac le tenaillait déjà quand il bifurqua pour prendre la rue Sanaa, en référence à la bâtisse de type yéménite qu’un citoyen analphabète avait érigée et que ses voisins avaient baptisée. Le Yémen représente le dernier Mohican des Arabes par le fait que la majorité de ses habitants le sont de souche. Clanique et arriéré, il tue son temps à ruminer le « qat » en regardant passer les drones américains. Le Nord contre le Sud, comme à la guerre de Sécession, mais qui ne donne au Yémen qu’une blessure éternelle hypothéquant dangereusement son avenir. Une rébellion conduite par les Houthis et une menace séparatiste ne peuvent que renvoyer aux calendes grecques une hypothétique stabilité. La fameuse ligue arabe soutient tous les mouvements rebelles, sauf ceux du Yémen qui ne peuvent aspirer à une démocratie. La géographie politique leur déniant ce droit, les Yéménites subissent dans leur chair la dictature des uns et le terrorisme des autres. Adossé à un puissant voisin qui ne lui laisse aucune chance de progresser, ce pays est condamné à survivre au gré des humeurs des centres d’influences et de décisions.
L’Arabie, l’Iran, l’Amérique, la Russie, la pauvreté, l’ignorance, le tribalisme, le communisme et l’islamisme constituent autant de frontières piégeant Sanaa et Aden réunies.
Fatigué, Yatim continuait ses pérégrinations tout en traînant ses pas qui se refusaient déjà. La ruche bourdonnante foisonnait dans sa tête où cognait un forgeron arabe au torse nu et velu. Les coups redoublés échouaient contre ses tympans où le bruit se répercutait en de vulgaires échos comme ceux qui s’échappaient des grands silos de blé qu’il venait de dépasser pour aller mourir un peu plus loin, au-delà des murs lézardés de la cité. En effet, on y stockait les céréales en été et l’on passait le reste du temps à les vanner, à les cribler pour séparer le grain de l’ivraie. Bizarrement, l’esprit de Yatim patina sur les gémissements d’un pays récemment amputé ; il geignait continuellement de cette meurtrissure qui n’en finissait pas de le faire souffrir. Désormais, avec ce précédent sur les bras, il devait s’attendre au pire. Hélas, il aurait dû être le grenier et le réservoir par excellence de tout ce joli monde qui lui a souvent tourné le dos en le laissant se débattre dans son naufrage.
Le Soudan gisait comme un cheval mort aux pieds des pharaons hautains, méprisants et dédaigneux. Yatim ne comprenait pas cette Égypte qui reniait sa profondeur stratégique en s’accrochant toujours à un Khalije, certes riche, mais bien rachitique. Courant ainsi à sa perte, elle mettait son pronostic vital en jeu, car la Libye et le Soudan auraient été ces véritables poumons, ces réelles chances de survie.
 Yatim ?
La voix douce de Yatima résonna dans son esprit tourmenté comme un baume adoucissant. Balsamique, son action fut bénéfique puisqu’il se sentit quelque peu rasséréné.
 Yatima ?
 Oui, mon trésor, je ne pouvais rester à broyer du noir dans cette maison où tout ne parle que de toi.
 J’éprouve un immense besoin de toi, Yatima. Le monde plein de misère où je vis est un véritable nid de vipères.
 Ce matin, tu m’as quitté, mais pas comme à l’accoutumée ; tu es parti sans me noyer dans ta douceur, sans tes précieux mots que tu me destines comme des fleurs chaque fois que tu sors de chez nous. Alors, comme un enfant à qui l’on refuse un bonbon, j’ai eu mal au cœur et j’ai beaucoup pleuré. Cependant, dans ma douleur, j’ai compris que tu souffrais quelque part, parce que tu parlais comme un fou juste avec les yeux et le regard perturbé. Avant de me quitter, tu palabrais tout seul ; humble et niaise que je suis, je ne saisissais rien à tes mots muets. Je t’ai attendu en préparant à manger, mais quand tu n’es pas rentré à l’heure du repas, j’ai commencé à m’alarmer et ce n’est que morte d’inquiétude que j’ai décidé de venir te chercher.
 J’étais au Soudan lorsque tu m’as apostrophé, lui dit-il, sans façon.
Yatima s’arrêta un instant de marcher comme si son cerveau, tombé en panne, refusait de donner l’ordre à ses pieds. La bouche ouverte, les yeux hagards, elle regardait, éberluée, son mari. Celui-ci, ayant remarqué qu’elle ne l’accompagnait plus, s’était retourné après s’être immobilisé, lui aussi. Son regard se posa sur elle, étonné et inquisiteur. Elle se ressaisit puis courut vite le rattraper.
 Le Soudan est-il un autre nom de la Syrie ? Lui demanda-t-elle, nigaude.
 Non, pas vraiment, mais il lui ressemble. Il est africain, juste du côté où se lève le soleil.
 Tu sais, le soleil pour moi ne se couche jamais tant que tu es là ; il ne peut être syrien ni soudanais tant que tu rayonnes sur ma vie. Toutefois, je voudrais ressembler à une Syrienne pour que tu m’accordes un pan d’existence dans le monde que je ne peux voir ni comprendre, mais que je sens hostile à mon devenir. Je serais aussi soudanaise, l’essentiel, une patrie où ton nom flotte à tous les vents.
Yatim ralentit le pas à la mesure de celui de Yatima qui venait de mettre le doigt dans une plaie aussi grave que la vérité.
 Si mon esprit voyage au-delà des pourtours de la vie simple et tranquille, c’est parce que de l’autre côté, celle-ci se suicide de mort quotidienne. Les gens s’immolent sous le regard amusé de la bêtise humaine et sous les applaudissements hypocrites de l’humanité officielle. Je ne te veux ni syrienne ni soudanaise. Tu les dépasses, plus qu’une Algérienne. Tu es humaine et cela me suffit amplement. Cela légitime mon espérance au-delà des murs certains de la confiance.
Tu es le rempart, la meilleure défense contre toute la barbarie qui s’annonce à cors et à cris de l’homme fanfaron et vantard. Tu es le port où lorsqu’il tempête fort, mon esprit affolé jette les amarres. Tu es cette lune merveilleuse qui éclaire de sa douce lumière la profondeur sombre de la vie éphémère. Tu es l’étoile où l’âme perdue se réfère dans cet univers pour retrouver ses repères.
 Tes mots sont plus grands que moi, mais je sens leur douceur me caresser le cœur. Je suis heureuse d’écouter les ronrons de ton esprit, ils résument pour moi toute la vie.
 Ah, Yatima, comme je t’envie ! Tu es une princesse imprenable dans ta forteresse, nul ne peut prétendre fouler ton pont-levis. Tu es une belle prison et une formidable geôlière et j’aime passer mes jours à contempler la vie dans la beauté de tes donjons et de tes tours, lui dit-il avec philosophie.
Yatima ne l’écoutait plus. Elle s’était de nouveau arrêtée parce que tout simplement, ils étaient arrivés devant chez eux. Trop distrait, son mari avait continué dans sa lancée sans se rendre compte qu’il avait dépassé son propre domicile ni que sa femme l’avait encore une fois lâché.
 Yatim ?
 Mais, qu’as-tu, Yatima, à traîner chaque fois derrière moi ?
Voyant qu’elle le regardait d’un air plutôt amusé et réalisant le comique de la situation, il se mit à rire à gorge déployée.

 Il ne manquait plus que cela, lui dit-il en rebroussant chemin.


Chapitre 11 extrait du roman, Syrie, enfer et paradis de Benaissa Abdelkader paru sous le pseudonyme de Benak, livre écrit en 2013 et publié en France début 2014 .Contrat résilié à la demande de l'auteur en 2015.
Dépôt légal 2 ème trimestre 2014 
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb438955419
Ce roman est disponible en  livre numérique :
https://www.amazon.fr/Syrie-enfer-paradis-Abdelkader-Benaissa-ebook/dp/B072MXQ6MM/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1503822998&sr=8-2&keywords=Syrie%2C+enfer+et+paradis
http://www.lulu.com/shop/abdelkader-benaissa/syrie-enfer-et-paradis-tome-1/ebook/product-23219921.html
http://www.lulu.com/shop/abdelkader-benaissa/syrie-enfer-et-paradis-tome-2/ebook/product-23219902.html

mercredi 16 août 2017

DAECH


Dachrane était un bourg isolé. Il était loin de toute civilisation, mis à part celles qui lui arrivaient à traverscette lucarne qu’on appellela télévision. En effet, c’est grâceà ce diable d’Internet que les gens « voyageaient » enfin comme tous lescitoyens du monde qui se respectaient. Diable, car le net avait investi les esprits en leur ouvrant de larges fenêtres dans le ciel assombri. Aveugles, les jeunes vivaient à l’ombred’abord des idéesparentales, ensuite de celles acquisesdans la rueet apprises à l’école. Toutes les idées se ressemblaient en portant la même tuniquede la monotonie. Partout, c’étaitle même topo qui se répétait à l’envi. Les autresvillageois que les dachranais (habitants de Dachrane) rencontraient de temps en temps au gré de leurs passages hebdomadaires ne dérogeaient pas à la règle. Finalement, tout le monde était logé à la même enseigne.

Il régnait un mode de vie assez spécial de ce côté-ci de la Méditerranée. Tout un chacun flirtait avec ce procédé technique qu’on appelait connexion. Celle-ci déconnectait cet espritendiablé par le NET de la réalité pour l’emmener à travers de vastes contrées au moyen d’une chimérique souris. Internet répondait présent à la demande en offrant une évasion multiple, simple et rapide dans le temps. Enfin un moyen pour contourner un système déliquescent et un code parental paralysant. La toile ayant tout court-circuité, on n’avait nul besoin de ce tutorat hautement débile et quasiment inutile. Internet ! Tu t’en rends compte ! Il suffitde zapper poursélectionner tous les programmes dont tu rêves, pauvre esprit !

Les dachranais étaient des gens simples aimant la vie calme et douce. Ils traînaient la savate à longueurde journée en quête d’une djemââ (groupe) pour tuer le temps qui refusait de passer. Celui-ci finissait par périr dans un grand soupir vidé de tous les sens qu’il véhiculait. Il mourait sans cette oraison digne de sa stature et de son rang. Il disparaissait incognito, engoncé dans le pardessus hideux de la solitude monstrueuse. Les dachranais formaient une population vieillissante. Les vieux, généralement tous des retraités, ne se sentaient pas mal dans cet hôtel qui s’ouvrait sur le ciel en quête d’étoiles pour sa renommée. Lesmoins âgés, par contre,vivaient le calvaire dans une tristesse infinie dans cette vie qui les acculait à la planète du suicide réglementé. On n’y voyait que peu de jeunes, dans ce villagemaudit, ce recalé de l’Histoire.

 Bonjour « sidi »(maître).
 Bonjour « weldi »(mon fils).

L’imam était un homme affable toujours drapé de blanc. On l’aimait beaucoup plus pour cette blancheur que pour son érudition que personne ne pouvait vérifier dans ce douar momifié. Dans ce villageévadé du cadrandu temps, Sidi cumulait plusieurs fonctions. En effet, il remplissait les tâches d’imam–prêcheur le vendredi, de mufti attitré, de conducteur de prièresexclusif, de guérisseur polyvalent et enfind’instituteur de Coran. On le respectait beaucoup aussi pour le lieusacré qu’il occupaiten permanence : la mosquée.

— Salam alaikoum, disait-il toujours quand il passait tout près d’une djemââ.
 Salam oua rahmatou Allah, répondaient les hommes en chœur, heureux d’être choisis par le fakir comme s’ils avaient été lauréatsdu quitus « bonpour le paradis ».

L’imam n’était pas un homme comme les autres. Il fallait qu’ilsoit différent, sinon rien ne marchait.
Sur ce, les deux hommes se quittèrent et chacun s’en fut vaquer à ses besoins…
Vint alors le prêche du vendredi et l’imam fit de l’histoire de notre ami le thème de sa communication. Ne laissant rien au hasard, il décortiqua le sujet avec minutie.Il fut grandiose et grandiloquent. Enfin, il exhorta les gens à la pudeuret à la chasteté. Il conclut son sermon en entamant la prière. Celle-ci sitôt finie, il fut abordépar le même homme:
— Pardon sidi ! Après mûre réflexion, j’ai décidé de ne plus regarder la télévision et de ne plus penser au suicide comme solution. Cependant, je préfère me marier.
 Eh bien là, c’est mieux ! Mais, pourquoi à ton âge, n’es-tu pas encore ligoté ?
 Si, sidi, je le suis ! Seulement, je veux disposer de plus d’une femme dans ma vie.
 Ah, non ! Il faut faire très attention, pas plus de quatre à la fois, ya bouni.
Je ferai comme eux, dans leurs jeux. Souvent, ils ne sont pas plus de deux.

Nos deux hommes furent séparés par les croyants accourus nombreux féliciter et solliciter, à leur tour, le noble Airoud. Par conséquent, ils ne purent terminer leur discussion qui prenait un étrange cours.

Comme tout instituteur qui se respectait, Airoud, en « taleb » investi de tous les pouvoirs qui lui étaient conférés, s’occupait pleinement de l’école coranique. Il était entouré d’une aura plus que proverbiale ; il étaitla bonté personnifiée depuis qu’il avait mis les pieds au village et cela remontait à plus de vingt ans. On ne lui connaissait aucun défaut. On ne disait de lui que du bien. Il avait acquis une renommée à nulle autre pareille ; il bénéficiait d’une confiance totale de la part des gens du bourg, en l’occurrence ces dachranais simples et on ne peut plus gentils. Même les belles et effacées dachranaises ne parlaient que de lui en aparté ; un homme au-dessus de tous les soupçons, disaient-elles, entreautres, entre deux lampées de café.

Quelques jours plus tard, alors que Nya (un autredachranais) était sur le point de quitterla mosquée à la clôturede la prière, il fut apostrophé par l’imam.

— Ah, Si Nya ! Comment vas-tu ?
— Très bien, sidi.
— Yasmina est un peu turbulente, ces temps-ci, n’est-ce pas ?
 Oui sidi, je voulais t’en parler, mais l’occasion…
 Ne t’en fais pas. Tout ira bien, je te le garantis.
 Je n’en doute pas, sidi. Cependant sidi, nous avons remarqué en elle quelques changements. Elle ne parle ni ne s’amuse comme avant. Elle n’a plus d’appétit, elle ne mange plus comme à l’accoutumée.
 Cela ne m’étonne pas ! J’anticipe sur le temps en t’apportant une information. Yasmina va essayer de fuir l’école coranique en prétextant de faux-fuyants, lui prédit-il sentencieusement.
 En effet, sidi, vous avez mille fois raison. Elle rechigne ces derniers jours et elle ne récite plus les versets comme les premiers temps, annonça encore Nya, naïvement.
 C’estl’œuvre de Satan, mon fils ! Il ne tolère pas les bonnes gens et surtout cellesqui apprennent vite le coran. C’est le cas de ta fille ! Elle vient de subir son méfait, il l’a sérieusement envoûtée.
 Oh, mon Dieu ! Je n’y ai pas pensé, je croyais qu’elle le faisait exprès.
 Hé, attention ! Il ne faut jamais la frapper.
 Nous nous en remettons à vous, sidi. Sa mère et moi sommes ignorants, nous ne savons rien de ces choses-là. Qu’Allah soit loué, notre fille est entre de bonnes mains.
— Écoutez-la attentivement, mais faites seulement semblant de la croire pour ne pas fâcher le démon. Je vous préviens, elle va beaucoup délirer et dire beaucoup de méchancetés et de bizarreries. N’en tenez absolument pas compte, cela va lui passer. Je m’en occupe déjà, je promets de l’en débarrasser.
 Oh ! Sidi, vous êtes si généreux ! Peux-tu l’exorciser pour nous, sidi ?
 Ne t’en fais pas Nya. Avec l’aide d’Allah, je forcerai le diable à aller voir ailleurs, sinon je le tuerai.
 Nous sommes vos obligés, sidi. Il sera fait selon votre choix et votredécision.
— Allez, file maintenant ! Je  compte sur toi pour Yasmina.
— Salam alaikoum,sidi.

Tandis que l’imam et certains de ses disciples s’assoyaient dans un coin pour réciter comme à l’accoutumée le deuxième chapitre de la journée, Nya quitta la mosquée pour rentrer chez lui, heureux d’avoir été entretenu par l’honorable cheikh sur Yasmina. Sa mère ne serait que contente, quand elle saura que sa fille était déjà prise en charge par l’homme le plus vénéré du village.
Yasmina était une petite fille très simple, mais admirablement intelligente. Elle était belle aussi. Blonde semblable à un épi de blé en été, avec la taille bien faite et le corps bien rempli, elle était extraordinairement jolie. Elle n’eut pas la chance d’user ses jupes sur le banc du pupitre comme tous les enfants de son âge, mais elle eut la possibilité de rejoindre l’école coranique où elle excella dans l’art d’écrire et de réciter. Elle apprenait en retenant tout ce qu’on lui inculquait. Elle assimilait tellement vite qu’elle surclassait tous ses camarades. Le cheikhne manquait jamaisune occasion pour louer ses dons et ses capacités. Elle était d’ailleurs sa préférée. Il l’entourait de beaucoup d’attention et lui accordait trop de faveurs. À l’école, en salle, sur le tapis en alfa, elle avait sa place justeà côté de lui. Néanmoins, lorsque sonnait l’heure de partir, elle était, souvent, la dernière à quitter le cours. Elle était tellement heureuse qu’elle eût toujours hâte de se rendre à ses cours.
 À la maison, on l’adulait, car elle emplissait les lieux d’un bonheur infini, surtout lorsqu’elle récitait le coran entre le coucher du soleil et l’heure du dîner. Sa voix mielleuse était ensorceleuse. Elle avait le don de plaire à l’oreille. Elle avait une musicalité propre à elle qui prenait possession de l’ouïe avec une voluptueuse mélodie. Tout le monde était content de Yasmina, l’hirondelle. Cependant, personne ne comprenait le revirement spectaculaire de Yasmina. Elle changea complètement d’attitude. De dynamique et consciencieuse, elle devenait renfrognée, distraite et paresseuse. De vivante et joyeuse, elle devenait hermétique et ténébreuse. Elle ne révisait plus ses leçons et ses belles récitations n’emplissaient plus la maison. C’était comme une bougie qu’un démon venait de souffler. Elle n’aimait plus se rendre à l’école. Elle le faisait uniquement par obligation, car sa mère le lui ordonnait, la trique à la main.
— Oummi (maman) ! Je ne veux plus aller à l’école !Lui avait-elle dit un jour, de sa petite voix innocente.
 Ôte-toicette idée de la tête ! Et tant que je serai en vie, tu iras là oùje te le dis, lui avait répondu samaman, excédée de jouer au gendarme, mais décidée à ne pas plier.
— Oummi ! Je n’aime plus le cheikh, il est si méchant ! lui annonça-t-elle en pleurnichant.
 Tais-toi, maudite fille ! Ne redis plus une chose pareille sur notre sidi ! Tu dois l’aimer plus que ton papa, tu as compris ?
 Oummi ! Il me fait peur et il est très lourd à porter !
— Oh ! Ma pauvre petite, voilà que tu divagues. Heureusement que le cheikh a tout expliqué à ton père, ce vendredi. Qu’il en soit remercié « sidna » (notresidi) pour sa profonde amabilité.
 Quoi ? Sidi a tout raconté à papa ? lui demanda-t-elle, surprise et étonnée.
— Oui ! Ton père m’a tout rapporté. Nous nous estimons heureux que tu sois sa préférée ; il va bien s’occuperde toi et tu redeviendras ma douce fille d’autrefois. Tu sais, tues mon seul amour et mon uniqueraison de vie ! Je t’aime comme on n’a jamais aimé !
 Oh, Oummi ! Moi aussi je t’aimeà la folie, mais…
Elle ne put finirsa phrase, car empêchée par sa génitricequi ne voulait plus revenir sur le sujet.Et pour cause, sa fille n’était-elle pas endiablée ?
— Je sais ma puce que le cheikh est méchant, mais c’est bon pour toi. Tu verras,tout ira bien, je te le promets !
Yasmina ne comprenait plus rien à sa situation. Était-elle devenue folle ? Ou bien était-ce ellequi ignorait encorecertaines choses de la vie ? Si le cheikhavait tout dit à ses parents et queceux-ci étaient du côté de sidi,c’était donc elle et seulement elle qui n’avait rien saisi.

Quelques jours passèrent laissant dans son cœur innocent de plus en plus de haine et de rancœur. Non seulement elle n’aimait plus Aïroud, mais elle le détestait. Enfin, un certain jour, la nouvelle arriva. Elle s’abattit comme une hécatombe. Le bourg fut anéanti. Tout le monde fut sidéré. Hommes, femmes et enfants, tous furent terrassés par la catastrophe qui venait de frapper leur village : le cheikh n’était plus !

Tout fut mis en berne, même les esprits. On décréta le deuil pendant quarante jours. On pleurait « sidi » jour et nuit. La désolation se lisait sur tous les visages, sur tous les murs des maisons. Les louanges pleuvaient dans tous les coins et recoins et l’on ne tarissait pas d’éloges pour qualifier cet homme qui s’apparentait à un véritable saint.

Et puis vintle jour de l’enterrement. Tout le village l’accompagna à sa dernière demeure pour lui rendre un dernier hommage. La procession funèbre fut des plus remarquées. Yasmina faisait partie du cortège mortuaire. Elle était là parmi les proches et amis du défunt. Elle pleurait de tout son cœur et son père la consolait en l’aidant à surmonter sa douleur. Au fond, elle était hébétée et abasourdie par l’élan qu’avaient tous ces gensà l’endroit du tyran. Au loin,des femmes lançaient des youyouscomme si quelqu’un se mariait. À la compassion dont ils faisaient montre, elle comprit que les habitants lui témoignaient une profonde sympathie. Feu Airoud était le père, l’ami, le frère, le professeur, le conseiller, le notable,le cadi, le marieur,il était toutà la fois. Chacun au village perdait en lui un quelquechose de cher, quelque part de soi. Il étaitle cœur et le poumondu hameau et sans lui, l’on risquait de s’égarer sur le sentier de la vie. Yasmina pleurait de plus belle. Elle se savait seule et cela ajoutait à son malheur et sa douleur. Elle comprit qu’elle devait taire à jamais son histoire. D’ailleurs, qui pourrait la croire ? Ses parents qui auraient dû lui prêter une oreille attentive, l’avaient vendue au marché ingrat de la bêtise humaine et de l’hypocrisie.

Quelques instants plus tard, le cheikh fut mis en terre. L’imam de la dachra (douar) voisinedéclama une oraisonfunèbre exemplaire. À tout seigneur, tout honneur. Tout le monde quitta enfin le cimetière, sauf Yasmina qui voulut jeter un dernier regard. Elle regarda longuement le monticule de terre comme si elle avait voulu percer un mystère. Elle revit les yeux brillants du renégat qui la déshabillait souvent de ses yeux durs et perçants. Ellerevit ses bras immenses et horriblement fortsqui la maintenaient contrelui, sur le sol. Elle revit cette chosehorrible et flasque qu’elle sentait se débattre contre elle. Alors jetant un coupd’œil par-dessus son épauleet s’assurant qu’elle étaitabsolument seule, elle monta sur la tombe encore fraîche, écarta les jambes, baissa sa petite culotte, et, en un long jet, laissa s’exprimer sa petite vessie bien pleine. Soulagée de tant de rancœur, Yasmina quitta enfin le cimetière avec dansle cœur cette belle et heureuselueur qui lui ouvrait l’espoir d’une vie sans violeur.

Benaissa Abdelkader in Les enfants de la douleur


Copyright © 2017 Benaissa Abdelkader

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