La chose politique est tellement surprenante et dangereuse que l’on se surprenne à s’incriminer, à douter de soi-même. Le nouvel ordre mondial s’installe au forceps en semant le chaos, en cultivant la peur. Tout le monde doit se plier à la volonté d’une poignée de décideurs, d’industriels et d’argentiers détenant la quasi-totalité de la finance mondiale au détriment de la masse humaine.
Assis dans mon gourbi, je feuillette ma vie qui ressemble à un grimoire mystérieux et difficile à déchiffrer. Il n’est point de magie envoûtant mon âme, cependant, il souffle une tornade dans le cagibi mental de mon esprit. L’on vient, par un tour de passe-passe, de forcer les secrets de Son Altesse Mossack Fonseca. Je compulse mes papiers du côté de mon casier où se cacherait un foutu judiciaire. Alors, je me mets à farfouiller dans mes tiroirs à la recherche de ma carte topographique d’identité que j’étale sur ma peau qui prend eau de toutes parts. Oui, comme nous sommes petits, nous voyons toujours grand. Notre infériorité intelligente nous impose la complexité défaillante. L’infirmité mentale de notre corps gouvernemental est on ne peut plus sacerdotale. Le complexe fantomatique d’El-Hadjar, le plus grand d’Afrique, bute sur un moustique syndical qui congédie le géant Mital et il faut toute la magie du pauvre dinar pour lui injecter un semblant de vie. L’autre pachyderme, à bord de son auto, sillonne la route que l’on rallonge à coups de dollars pour le plaisir du chauffard qui grille tous les feux sans crier gare. Nous devons être fiers, nous avons la plus grande révolution au point que ni Le Vietnam ni La Russie ne peut nous égaler. Tiens, je me laisse tant aller que je perds le fil de Fatima, l’Ariane de notre quartier.
Je reviens donc, à notre douar, enfin, notre histoire là où je l’ai laissée. Docile, elle m’attend en exhibant le précieux papier vert et pas du tout maquillé. Je le déplie comme on ouvre un cahier. Je retrouve mon nom qui pleure et mon prénom qui crie et plus bas, à la date, je découvre que je suis issu d’une guerre et à la fin, la signature du chef de Daïra me prouve que je suis libéré ! Vive l’indépendance ! Je suis indépendant soumis à un commis de l’État indépendant et insoumis ! Se peut-il que je fasse partie de tous ces « fuyards » qui brassent des milliards aux frais de la princesse ? Ai-je créé une société off-shore à l’insu de ma personne qui dort dans le corridor sombre de mon corps ? Ai-je détourné des tonnes d’argent au point de chercher refuge dans ce paradis fiscal appelé Algérie ? Peut-être, n’ai-je spolié finalement que mon patronyme qui se rabroue comme un chien trempé dans cet étang fétide et nauséabond. J’avoue avoir peur quoique ce ne soit pas du domaine public et le commun des mortels ne verra que du feu. Il faut être un expert et avoir un œil exercé pour me démasquer au milieu de tout ce fumier. Comme par hasard, l’institution et le fondateur sont américains. De Bernard à Charles les Lewis font bonne figure dans cette comédie dantesque où le divin dollar fait son ascension spectaculaire, à l’enfer des damnés.
Quand il s’agit de consortium, il y a nécessairement du grabuge et celui de journalistes relevant du Center for Public Integrity ne peut déroger à la règle. Femen avec ces femmes qui ont perdu l’occasion et l’honneur des dames nous signale aux tétons de leurs seins que le mouvement est malsain. Il n’y a qu’à débusquer les mécènes pour savoir que ce n’est point du menu fretin. Il se prépare de drôles de révolutions, là où l’ombre de George Soros annonce la couleur de l’équation. C’est un véritable nid de vipères proliférant au sein même de la communauté internationale qui le protège et le nourrit dans le dessein de semer le chaos et dominer le monde. Tous les recalés au bachot de la CIA et du département d’État sont versés dans le journalisme spécifique. Douze millions de documents ! De quoi affoler tous les gros-culs de la planète (dirigeants, industriels, hommes d’affaires, entrepreneurs, joueurs, acteurs, chanteurs et autres genres inhumains) ! Cela promet, cela va péter très fort ! Bien fait pour Médor, il n’avait qu’à ne pas délocaliser ni dormir dehors !
Enfin, je peux dormir les yeux ouverts du moment que je ne suis pas le seul à avoir participer à cette grande évasion fiscale qui fait trembler plus d’un vénal et cupide. L’on distille l’information d’une savante manière au compte-gouttes pour faire cuire les mafieux de tous bords ayant pignon sur rue. Je ris à me fendre la rate en imaginant monsieur le ministre qui avait pris le pli de venir chaque matin le ventre plein de méchoui radoter de ses dettes qu’il avait tantôt contractées pour joindre les deux bouts. Cela s’annonce fort atroce à devoir faire le guet devant les journaux écrits et télévisés à l’affût de la moindre information faisant état de son identité. Douze millions qu’il va falloir passer au crible, la loupe à la main, pour trier le nom de l’ivraie. Le chantage systématique à grande échelle vient de commencer.
Dans cet océan pris dans la tempête, l’on noie tous les poissons, les petits comme les grands, et même celui nommé lambda. À l’instar de l’affaire du juge Fayard ou celle de Mattei, chaque pays a son affaire sale. L’Algérie à l’image des États-Unis a aussi son propre Kennedy. Cependant, le coup fourré « Panama Papers » n’est pas une première dans le monde de la finance et des affaires ; il faudrait remonter un peu plus loin. Ah, Watergate, quand tu nous tiens ! L’Irangate n’est pas tout à fait dissipée et il faudrait peut-être demander à Monsieur Denis Robert qui mena une action intrépide contre l’entreprise Clearstream, à nous révéler ses secrets. À l’Union européenne, les flots furent tellement fangeux que l’on mit des scaphandres et l’on surnage encore de nos jours dans ces eaux profondes et troubles. Notre dauphin Bouchouareb est tellement dynamique qu’il peut flotter en surface et à vue. Néanmoins, certains requins algériens risquent de connaître des nuits, que dis-je, des années blanches, suite à cette météorite échouée sur les plages privées de leur paradis. L’information et la communication sont devenues aujourd’hui industrielles et les médias lourds jouent un rôle primordial quant à l’instrumentalisation de la pensée : une image vaut mille discours ! L’image, même invisible à l’œil, parle au subconscient et de là vient tout le danger.
Enfin, mon esprit reprend ses fonctions normales, car tout ce qui arrive n’est pas tout à fait illégal. Tout dépend des législations des pays concernés. Ce qui fut un moment donné permis au Luxembourg ne l’était pas au reste de l’Europe. Cela renvoie aussi à l’Angleterre et son affaire HSBC. En effet, presque deux cents milliards d’euros auraient transité par les comptes de la filiale suisse HSBC et cette grandiose fraude fiscale aurait concerné plus de vingt mille sociétés off-shore et cent mille clients. Cette fracassante affaire fut connue sous le nom de « Swiss Leaks ». Finalement, l’Union européenne a eu son baptême en matière d’évasion fiscale, puisque « Lux Leaks » est toujours en mémoire. En tout cas, ces histoires doivent faire école afin que la grande masse sache et comprenne la gravité de sa manipulation. Alors, trêve de palabres et que l’on cesse de nous rabâcher les oreilles de morale. Faut-il revisiter « par-delà le bien et le mal » de Nietzche pour comprendre que la poignée de puissants qui gouvernent le monde n’ont rien à faire de cette sottise qui piège penseurs, apprenants, philosophes et professeurs ? Pour ces argentiers décideurs, les valeurs humaines ne sont que chimères ; celles-ci ne servent qu’à maintenir les peuples dans la torpeur. Ils donnent l’illusion d’un certain ordre en surface, alors que dans le fond, ils sèment l’anarchie en faisant régner la loi du plus fort, la loi du chaos. Quant à l’économie, c’est justement la Banque fédérale qui tire les ficelles en arrêtant le plan général de l’action conjuguée de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
Panama est-il un pays souverain ? Son seul tort, c’est d’être un canal à proximité de l’Empire du mal. Il forme le cinquante et unième État de ce Satan mondial. En pratique, il représente sur le terrain l’étoile qui manque à la bannière étoilée. Il n’est nullement sorcier donc de tirer les conclusions qui s’imposent d’autant plus que seuls les États-Unis s’opposent à la réforme du système économique mondial. Ce sont eux qui tirent les ficelles en tirant les dividendes. Le système tel qu’il est conçu leur confère le droit d’intervenir dans les affaires internes des pays. Le dernier scandale de la FIFA est on ne peut plus édifiant ! Aucun pays ne peut interférer dans leurs affaires et encore moins celles internes. La Suisse vient de faire les frais et bien avant, L’Allemagne, La Belgique, La Pologne, pour ne citer que ces pays. Les États-Unis font le gendarme et le policier dans le monde entier. D’aucuns diront que l’affaire « Panama Papers » touche également certains de leurs amis à l’exemple de L’Islande, La France et L’Arabie. Cette puissance ne tolère que des esclaves et parfois des alliés, ses intérêts sont ses seuls amis !
Au fait, et l’Algérie dans tout cela ? Algériens, souriez, nous sommes intelligents aussi. Nous avons notre propre « Alger Leaks », il suffit de faire un petit tour du côté du ministère du Commerce et vous en serez édifié. Chez nous, les gouvernants sont très forts, car ils ont dans le cerveau un gène appelé sponsor. Parrainez une entreprise ou une association et vos impôts sont allégés sinon vous êtes affranchis carrément de l’imposition. C’est juste une question de cooptation, d’affinités commerciales et de corruption.
Pour conclure ce billet, qui n’en finit plus, je dirais qu’il ne faut point s’étonner de voir dans les prochains jours, le retour détonnant de « Wiki Leaks » sur la scène internationale. En matière de stratégie, les puissances se livrent une guerre sans merci. Finalement, je regagne ma sérénité, car ma peur n’a aucune raison d’être et c’est Monsieur Poutine qui me l’a certifiée ; il paraît que son entourage aurait mangé le beurre et l’argent du beurre. Alors, je retrouve ma pièce d’identité si grande et si spacieuse jusqu’à offrir l’hospitalité aux informations me concernant. Je l’ouvre et la déroule tel un tapis volant en espérant bientôt atterrir dans le royaume convivial de la biométrie. Enfin, pour couronner le tout je conclus en disant, sauf le respect que je dois au postérieur de mézigue, que ces « Panama Papers » auraient été bien utiles s’ils avaient été parfumés autant que des « Panama Pampers ».
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