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vendredi 13 octobre 2017

Kurdistan : de Kurdaméricain à Kurdisraélien

Rien ne se fait au hasard dans cette géographie où le monde bâtard dicte sa philosophie. Tout est savamment pensé et réfléchi dans les moindres détails pour répondre à toutes les conjonctures. Des plans diaboliques sont sérieusement échafaudés et appliqués selon les circonstances qui leur sont favorables. Plan « A », « B », « C »… et autant de variantes qu’il faut pour mener à terme les différents projets. Alors que l’Irak et la Syrie commencent à voir le bout du tunnel d’une guerre terrible imposée par les États-majors occidentaux et leurs valets, l’Amérique ouvre la porte donnant sur un autre enfer dans la région. Oui, le pays kurde pouvait être irakien, iranien, turc ou syrien, mais il est d’abord américain et surtout israélien. En effet, de Kurdaméricain à Kurdisraélien, le pas est vite franchi pour morceler ce grand territoire arabe et musulman, afin de laisser le champ libre à la mise en place du grand Israël qui ne peut être qu’un espace juif.

Lors de l’agression et l’invasion de l’Irak par les Américains, ils avaient ramené à bord de leurs chars et blindés les deux frères ennemis, les Kurdes Jalal Talabani et Massoud Barazani. Plus tard, quand ils eurent démoli et occupé tout le pays, ils accouchèrent d’une nouvelle constitution sur mesure. Le premier fut nommé Président de l’Union et le second Président de la fédération d’Erbil, le futur État kurde. Je vous livre ici, un texte écrit en 2009 juste après l’agression de Gaza et la tenue du sommet arabe au Qatar :

Le sommet de Doha, un pétard mouillé ? Non, même pas ! Si l’initiative est louable, elle n’est pas venue à point nommé. Il aurait fallu à l’émir de se hisser ne serait ce qu’au niveau de la prestation de son excellence le président Hugo Chavez du Venezuela. En effet, celui-ci avait placé la dragée haute pour que les croupions arabes puissent l’égaler… geler les activités du chargé d’affaires israélien n’est point à la hauteur de l’événement et du sommet qu’on aurait aimé prometteur. Comme toujours, ils se félicitent d’une telle action. Le ridicule qui tue ! Cependant, il demeure un point positif : l’Israélien, le président palestinien pour ne pas le citer est mis à nu. Plus royaliste que le roi, il s’est joué de tout un peuple et de toutes les factions palestiniennes désunies. Question à un dinar : y a-t-il un Palestinien parmi les gens qui gravitent autour de lui ?

Un américain dans la salle ! Cela ressemble bien à un titre de film, seulement il ne s’agit point de fiction. L’organisateur du sommet aurait dû prendre ses dispositions pour exclure de ses invitations la marionnette irakienne dont les ficelles sont tirées par (et de) Washington. Il est clair que la Maison-Blanche veut lui donner une certaine légitimité en redorant son blason auprès des seigneurs arabes. Il trônait au milieu de ses semblables en ricanant très fort sur le dos de l’enfant de Gaza.

Finalement, les chefs d’États arabes qui se sont décommandés au dernier moment auront le bénéfice du doute. Ceux qui se sont abstenus dés le départ ont raté le coche de faire la zizanie.
Il est évident que sans la connivence et la complicité du « président » palestinien et de l’Égypte, l’agression de Gaza n’aurait pas eu lieu. Ces pavés dans la mare ne sauraient faire oublier l’Arabie saoudite, la cheville ouvrière derrière la déliquescence de la « famille » arabe. C’est grâce à elle en partie que l’Irak est à feu et à sang. L’Irak ne retrouvera jamais ni sa puissance, ni son rayonnement, ni sa géographie : le Kurdaméricain est né.

Le dindon de la farce dans tout ce marécage arabe n’est ni le peuple palestinien ni la ligue arabe, mais bel est bien Oum Dounia. Pour tout l’or du monde, je ne voudrais être à la place du président égyptien qui est à la merci du vent comme une vulgaire girouette. Il le regrettera toute sa vie et le pays des pharaons se souviendra éternellement de la déconfiture de la diplomatie de ses gouvernants. Israël se joue et se jouera toujours de tout Zaïm et de tout pays arabe. Les Israéliens ne sont ni myopes ni borgnes d’esprit. Ils ont la faculté du discernement et une doctrine qui leur dicte les règles de conduite : une politique claire. Ils y mettent le paquet en garantissant tous les moyens justement pour la réalisation de leur stratégie : leur doctrine est plus que sacrée. À l’opposé, nous aurions dû trouver une politique aussi claire que l’eau de roche, car l’avantage est là : le monde arabe connait bien les objectifs d’Israël et les moyens pour y parvenir.

L’Égypte pieds et poings liés ne peut plus jouer le rôle qu’elle s’était octroyé une certaine époque (celle du Raïs). Les choses ont évolué depuis et les peuples sont appelés à s’adapter à une nouvelle donne et avoir une nouvelle vision. Les pays signataires de Camp David ne pourront en aucun cas servir la cause arabe et encore moins palestinienne. Enchaînés, ils ne pourront que bénir les actions israéliennes en espérant « être » déchargés une bonne fois pour toutes de cet abcès qui handicape leur esprit. L’Égypte qui lutte contre les frères musulmans ne peut tolérer à ses portes un mouvement similaire, en l’occurrence le Hamas, quitte à le vendre à Israël. Elle se permet, alors, d’une pierre deux coups. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le Président français a fait le déplacement en Égypte : s’assurer de la discipline de Moubarak en proposant à celui-ci de jouer le rôle de médiateur pour sauver la face aux yeux de son peuple et de l’opinion arabe. Moubarak lance, alors, l’initiative de paix en prenant bien soin d’épouser les idées d’Israël : il axe les efforts sur la reddition du Hamas. Il est vraiment étrange pour un médiateur de prendre parti. Israël tue en terrorisant et Moubarak terrorise en décourageant. L’Égypte officielle ayant choisi son camp, elle refuse le sommet de Doha tout en organisant celui de Charam el Cheikh » pour avorter toute « volonté » arabe. L’excuse de polichinelle fut le sommet économique du Koweït qui brilla par son américanisme avancé et pour cause : l’aviation américaine se tenait prête à partir de ce micro-État à intervenir pour soutenir et défendre Israël en cas de besoin.

L’Arabie et l’Égypte ont tout fait pour donner à Israël le temps de terminer la liquidation pure et simple des chefs de la Résistance affiliés au Hamas. Cependant, elles furent doublées par Israël qui leur faussa compagnie en leur coupant l’herbe sous les pieds. En effet, celui-ci décida unilatéralement le cessez-le-feu pour ne pas légitimer la représentation du Hamas. Par ce geste, l’État sioniste discréditait l’Égypte qui jouait au médiateur. Moubarak, affolé, tenta de tirer les marrons du feu en improvisant un discours proarabe et propalestinien. En fait, c’est en vain qu’il essaya de se refaire une virginité aux yeux du peuple égyptien muselé et face à l’opinion arabe éveillée.

Le traître Abdallah de l’Arabie riposte en trouvant la réplique à Doha. Il convoque les valets des yankees, les micro-États du golfe pour leur dicter la marche à suivre d’abord pour avorter l’initiative de l’émir du Qatar et ensuite souligner à Israël son appui indéfectible. Il nargue les pays arabes dits de fermeté. Au fait, où sont-ils passés ces pays-là ? Il est certain qu’il ne faut plus compter sur la Libye, « siadatouhou le colonel » s’est empressé, à la suite de la guerre de la démolition de l’Irak, de démonter toutes ses usines « douteuses » même celles qui conditionnaient la lessive pour crier sa vassalité. Vous trouverez au Kansas et en Californie un musée où sont entreposés tous les matériels libyens. Sur les frontons de ces musées, il est écrit : voici le résultat de la politique de Bush. Cerise sur le gâteau, il autorise une délégation officielle à se rendre en Israël pour illustrer ses idées de normalisation dans les faits.

Le Koweït, cette ville province, pays, État et émirat US, n’est pas moins une base américaine où se tient prête l’aviation US à intervenir au cas où Israël venait à être attaqué. Quant à l’Arabie, elle n’a d’arabe que le nom, puisque tout le sérail est américain de cœur et d’esprit et ne recherche que la luxure. Ces « Arabes » ont leur hobby : la chasse à l’outarde, cet oiseau auquel ils collent des pouvoirs « aphrodisiaques ». Ces princes s’intéressent beaucoup plus à la longévité de leurs zizis qu’à la cause arabe et encore moins à celle palestinienne qu’ils ont sacrifié à l’autel de la perfidie. La majorité de ces « pervers » passent leur temps comme s’il n’était que loisir à parcourir de larges territoires avec toute une armée de serviteurs. Moyennant finances, ils ouvrent toutes les frontières. De l’Inde à la Tanzanie, aucun principe ne résiste à la générosité des enturbannés. Ils changent de femmes comme ils changent de chemises, le kamis n’étant qu’un habit de parade et d’apparat. L’Islam, pour eux, n’est que l’opium par lequel ils tiennent leurs peuples en laisse. Ces princes sont charmants du côté du Maroc où ils entretiennent au gré de leur libido de luxueux boudoirs. Il parait que les fillettes de moins de quinze ans sont plus « succulentes » que celles de dix-huit ans. L’Arabie en fait est la énième étoile du drapeau américain. Les princes sont plus américains que les Israéliens avec lesquels ils partagent toutes les vues. D’ailleurs, c’est eux qui financent toutes les guerres et les opérations anti-arabes. Ils ont financé l’invasion de l’Irak et son morcellement. Ils servent de base stratégique aux troupes américaines et constituent l’arrière garde d’Israël. De là partira aussi l’invasion de l’Iran.   

Le colonel libyen va jusqu’à se décréter penseur universel. En philosophe autoproclamé, il clame à tout va et à qui veut l’entendre que la seule issue du problème palestinien réside dans l’assimilation pure et simple. En effet, il vient de signer un article paru dans le New York Times où il explique qu’il ne faut plus miser sur deux États (Israël et Palestine), un seul suffirait largement. Il ajoute que les Palestiniens et les Israéliens n’ont pas d’autre choix et qu’ils doivent sérieusement étudier cette éventualité. Entre les lignes, Kadhafi gomme Palestine pour les beaux yeux des États unis et Israël. Qui dit mieux !

Si nous nous permettons un petit regard dans le rétroviseur de la vie irakienne, nous trébucherons certainement sur l’histoire récente, mais ô combien tumultueuse du Kurdistan. En effet, depuis la création du premier parti en 1946 au moment où les Israéliens sous la houlette des Anglais préparaient la création de leur État, les Kurdes se sont toujours révoltés contre le pouvoir central, qu’il soit monarchique ou républicain, en Irak. Justement, c’est cet esprit rebelle qui leur assure une certaine légitimité. La célébrité de Talabani et de Barzani vient du fait qu’ils appartiennent à deux confréries différentes : Qadiriya et Achkabandia. Cet état de fait s’est répercuté d’une façon flagrante sur la scène politique où seulement deux partis principaux, le PDK et l’UKD se partagent les zones d’influence. Évidemment, cela ne les empêche pas de se faire la guerre au détriment de la cause kurde qui s’en trouve affaiblie. Comble du paradoxe, même la nature renforce cette différence en partageant le Kurdistan en deux régions bien distinctes : le Badhinan et le Soran.

À peine adolescent, Jalal Talabani adhère au PDK, le parti fondé par le père de Massoud, Mollah Mustapha Barzani, au moment où les révoltes kurdes connaissent une certaine recrudescence. En effet, depuis la création de ce parti, le sentiment d’appartenance kurde ne cesse de s’amplifier parmi la population. Au moment du coup d’État de 1958 renversant le roi Fayçal II et portant Abdul Karim Kacem au pouvoir, le jeune Jalal est déjà membre du bureau politique du parti, après avoir gravi les échelons en ralliant la clandestinité depuis Bagdad où il finissait ses études supérieures. Le PKD prend position avec le parti communiste irakien en faveur du nouvel homme fort du régime. Toutefois, cette lune de miel ne dure pas longtemps, car les promesses de concessions faites aux Kurdes ne sont pas respectées. D’ailleurs, c’est dans ce contexte qu’éclate l’insurrection kurde en septembre 1961 où brille le jeune Jalal encore une fois en dirigeant en tant que chef militaire, et les armes à la main, les fronts de Souleymanieh et de Kirkouk qui regorgent de réserves pétrolières avérées.

Alors que Talabani mène une bataille victorieuse, le chaos règne en maitre absolu sur l’Irak où un nouveau coup d’État en 1963 vient mettre fin à l’anarchie en propulsant le nassérien Abd-Essalam du parti Baath proche de Nasser au pouvoir. Jamal Abdel-Nasser caressant l’idée d’une République arabe unie englobant l’Irak, Jalal est dépêché au Caire pour expliquer et défendre les intérêts kurdes. Ce nouveau rôle est mal vu par Mustapaha Barazani qui voit en Jalal un adversaire et surtout un concurrent dangereux qui commence à acquérir une certaine notoriété régionale et internationale.

Je viens d’apprendre le décès de Monsieur Jalal Talabani que le Tout Puissant agrée dans son vaste paradis. L’oncle Jalal comme on l'appelle chez lui est parti en laissant derrière lui un pays en conflit. Affable et aimable, cet homme peu connu a tout fait pour garder l’Irak unifié. L’Irak perd en lui, un avocat, un médiateur et une partie de son histoire. Seul bémol, il aurait préféré que les forces américaines demeurent longtemps pour asseoir parfaitement la démocratie. Par respect, par compassion, je range, ici, ma langue dans son palais et ma plume dans son plumier… cet article sur le Kurdaméricain peut attendre quelques jours encore…à suivre...




2 commentaires:

  1. très bonne analyse,claire nette et précise,j'ai beaucoup appris,vous êtes vraiment une plume en plus
    un politicien du 1er rang chapeau bat mon frere

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    1. Salam, Sy Tayeb! C'est un honneur de te savoir sur mon blog et suis très touché par ton élogieux commentaire, en espérant toujours en être à la hauteur.

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