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jeudi 22 juin 2017

La Syrie, l'Iran et les Américons




Les Américains sont-ils si cons jusqu’à franchir le Rubicon syrien ?
Les gardiens de la révolution, l’armée d’élite iranienne, ont annoncé avoir tiré une série de missiles sur des bases terroristes à Deir Zor en Syrie à partir du territoire iranien. L’information n’est pas du tout banale, car il s’agit d’une toute première dans l’histoire de l’Iran et elle vient à point nommée juste après les attentats terroristes contre le mausolée de feu Khomeiny et le siège du parlement et surtout après que les Américains aient abattu un avion syrien et un drone iranien dans la région de Reqqa. Je ne peux penser que cette action relève de la pure coïncidence. Les Iraniens sont des gens réfléchis et sensés pour commettre des folies. Chaque pas est savamment calculé, d’autant plus que l’ambiance dans la région est, on ne peut plus explosive et qui ne peut supporter une recrudescence.
L’Iran est engagé aux côtés des forces loyales en Irak et en Syrie contre les terroristes de tout acabit et justement, c’est grâce à cet engagement que les projets étatsuniens dans la région sont déjoués. L’Iran avait-il besoin de tirer des missiles de moyenne portée contre les djihadistes, alors que ses hommes les combattent sur le terrain ? Absolument pas ! Pour bien comprendre les dessous d’une telle opération, il est nécessaire de revenir au discours de l’imam Ali Khaminei et les déclarations de certains responsables iraniens. Les messages délivrés sont on ne peut plus clairs et les concernés les ont certainement déchiffrés, car les réactions se font désirer. Venger le sang versé ? Non ! Je ne pense pas que les Iraniens soient capables d’une telle imbécilité jusqu’à mettre en péril leur sécurité pour un résultat aussi maigre qu’aléatoire.
Les Américains en impérialistes avérés et invétérés poussent la région à l’enlisement pour justement éviter à leur chouchou de connaitre des lendemains sombres. Oui, la situation tend vers cette atmosphère apocalyptique pour leur protégé qui commence à récolter la tempête du vent qu’il a semé des décennies durant. L’Iran qu’ils veulent à tout prix détruire se rapproche dangereusement de leurs zones vitales qui rapetissent au jour le jour comme une peau de chagrin. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. En fourmis ouvrières, les Iraniens suivent leur chemin en dépit de toutes les menaces et de toutes les sanctions. En effet, les Américains viennent de décider de nouvelles sanctions contre l’Iran tout à fait en contradiction avec l’esprit de l’accord nucléaire et la frappe de missiles s’inscrit en réponse à ce dandysme étatsunien. Oui, à chaque test de missile sur le sol iranien, les Américains imposent de nouvelles sanctions à l’Iran pour endiguer son programme et freiner son développement.
Le triumvirat satanique ne cache nullement son animosité à l’égard de l’Iran qu’il accuse non seulement de tous les maux de la région, mais d’être derrière le terrorisme qui y sévit en soutenant et en armant des groupes terroristes. Dans la foulée, ils mettent Hezbollah, Daech et Hamas dans le même panier. Cette animosité s’en va crescendo ces derniers temps en prenant l’allure d’une véritable politique d’agression. Oui, américains, Israéliens et Saoudiens font peser une réelle menace sur l’Iran qui doit impérativement s’y prémunir dans les plus brefs délais. La salve de missiles est venue à point nommé pour refroidir certaines ardeurs et remettre les pendules à l’heure. Elle constitue une meilleure réponse en ce sens qu’elle est non seulement efficiente et effective, mais aussi dissuasive.
Ce tir de missiles constitue une première dans la politique défensive de l’Iran et dans le conflit en Syrie et par ricochet dans toute la région. Son écho ne peut être qu’international dans la mesure où les Iraniens font une entrée spectaculaire et extrêmement réussie dans le club des grands détenteurs d’armes balistiques. Le choix des cibles n’est nullement fortuit, car il concerne une zone sensiblement stratégique où les Américains disposent d’un important dispositif. Justement, les objectifs sont à quelques lieux des campements américains. Ils ont été non seulement atteints, mais détruits avec une précision infinie sans dommages collatéraux pour les éléments américains déployés dans la zone de Deir Zor qu’ils assiègent avec terroristes interposés depuis le début du conflit. Le message est pluriel ! Il rappelle en dressant le parallèle avec une certaine attaque américaine sur la base aérienne de «Chaayrat » qui fut, cela dit en passant, un véritable fiasco. En effet, cela constitue un sérieux avertissement surtout aux Américains qui disposent d’unités opérationnelles dans la région. Oui, les conséquences seraient terriblement dramatiques pour cette Amérique si puissante et tellement vulnérable.

Cette opération iranienne est venue en temps opportun pour dissuader plus d’un pays à commettre une folie envers l’Iran. C’est un avertissement musclé aux Américains qui disposent de beaucoup de points sensibles dans le Khalije entre basses aériennes et flottes navales. Il est certain que les Étatsuniens sont en train de vivre un véritable cauchemar en découvrant soudain que toutes leurs unités sont devenus des cibles vulnérables. Il est évident qu’ils vont essayer de trouver la parade, afin d’éviter de subir de nouveau des Pearl Harbor. Cependant, de là à trouver les mesures opportunes, beaucoup d’eau aura coulé sous le pont. Il est fort probable qu’ils vont changer le positionnement de leurs installations et de leurs équipages, car ils savent désormais que les missiles iraniens sont non seulement précis, mais très efficaces. Le missile iranien a réussi à inverser la vapeur en rétablissant l’équilibre et surtout en imposant une nouvelle équation où la peur a vraiment changé de camp.

 Il faut noter que le conflit syrien connait des rebondissements spectaculaires. En effet, pour la première fois aussi depuis le déclenchement de la guerre en Syrie, l’aviation américaine a abattu un avion syrien dans la région de Resafa, dans le sud de la province de Raqqa (18 juin 2017), alors qu’il effectuait une mission contre le groupe terroriste État islamique. Les Américains déclarent que l’avion en question menait des actions contre leurs protégés, les éléments des Forces démocratiques syriennes. Ces forces, qui sont sur le point de libérer Raqqa sans apparemment livrer de combats, constituent en fait le cheval de Troie sur lequel misent les Étatsuniens pour s’implanter durablement en Syrie, sinon assurer sa partition. Au fait, les Forces démocratiques sont-elles syriennes ou américaines ? Les Kurdes vont devoir se positionner immédiatement, car ils pourraient faire les frais d’un accord de paix. Oui, les Américains ne sont pas assez fous jusqu’à lâcher la Turquie, un brillant allié dans la région. Il faut que les Kurdes sachent de quel côté leur cœur balance avant qu’il ne soit irrémédiablement trop tard. En violation du droit international et de la souveraineté syrienne, ils occupent illégalement quelques territoires en menant des opérations contre l’armée syrienne et ses associés dans le but de soutenir les terroristes de tout acabit.
 La destruction de l’avion syrien vient encore une fois rappeler au monde que les Américains sont indignes de confiance, car ils viennent de réduire à néant le protocole sur la sécurité de navigation aérienne conclu avec la Russie. Et justement, c’est là que réside tout le danger ! Oui, dans cet ordre d’idées, le conflit syrien est appelé à connaitre une escalade sans égale. L’équation syrienne ne peut connaitre une issue heureuse sans l’entente préalable des deux puissances. L’épisode malheureux de l’avion vient souligner le caractère précaire de la situation ainsi que la tendance dangereuse de l’option militaire américaine. En réponse au banditisme américain, les Russes ont suspendu encore une fois le protocole d’accord dans une procédure tout à fait routinière, puisque les Américains ne l’avaient nullement mis en œuvre, donc aucune raison d’être. Le neuf, c’est le communiqué de la défense russe stipulant que tout aéronef opérant dans l’espace aérien couvert par les vecteurs russes sera pris en chasse et en charge par la défense anti aérienne. Secret de polichinelle, les Américains vont tout faire pour rétablir l’accord et les Russes vont encore une fois le réactiver. Le seul dindon de la farce demeure la Syrie (et le peuple syrien frère), car même pour les beaux yeux de celle-ci, les deux ogres ne vont jamais se faire la guerre.
Si Alep lors de sa libération fut assimilée pour quelques raisons à Stalingrad, Deir Zor quant à elle tend plutôt à ressembler à Koursk ou la plus grande bataille de blindés de l’histoire humaine. Si les Américains ont donné ordre aux terroristes de quitter Raqqa en direction de Deir Zor, ce n’est point pour une colonie de vacances. Oui, l’avenir de la Syrie va se jouer dans cette zone où l’Amérique compte regrouper le maximum de forces pour le dernier tango. Les missiles iraniens viennent en quelque sorte de lui brouiller les cartes, car ils préludent à une nouvelle approche iranienne dans le conflit syrien d’où le silence étatsunien. Pour de malheureux tests en territoire iranien, les Américains avaient ameuté chaque fois le Conseil de sécurité pour condamner l’Iran et sans se gêner, ils lui infligeaient unilatéralement des sanctions. Les voilà servis royalement ! Alors, pourquoi ne poussent-ils plus des cris d’orfraie ? Parce que tout simplement le véritable jeu a commencé et les missiles iraniens ont prouvé leur efficacité. Mieux encore, ils parlent un langage que les Américains comprennent et assimilent très bien et à plus forte raison.
Oui, ce n’est point Raqqa, la capitale de l’État islamique, qui acquiert une importance malgré les apparences, mais bien Deir Zor qui est capitale du point de vue stratégique. Celui qui en devient maître peut détenir les clés de la Syrie et assurer une place de choix autour de la future et vraie table de négociations. L’armée syrienne est en phase de libérer toute la campagne syrienne totalisant 50 000 kilomètres carrés, mais sans Deir Zor, la mission demeure inachevée d’où l’importance des tirs de missiles iraniens. Ils viennent ajouter une importante variante à l’équation syrienne en mettant les Américains devant un véritable dilemme. D’ailleurs, ils feraient mieux de changer leurs positions et cela d’une façon permanente et continue, car les missiles iraniens peuvent les atteindre à tout moment. Ils ne disposent, hélas, que de quelques maigres minutes pour les éviter. Même la cinquième flotte amarrée à Bahreïn n’est point à l’abri d’autant plus qu’avec ce tir de missiles, l’Iran inaugure une nouvelle phase dans la conduite des opérations. Oui, l’Iran vient d’instaurer pour son armée un nouveau champ d’action relevant de l’offensive, alors qu'il ne se contentait que de défensive.
Il parait que les missiles tirés de deux sites différents situés au sud de l’Iran ont traversé tous les systèmes occidentaux et occidentalisés dans la région. Est-ce à dire qu’ils les ont déjoués ou paralysés, électroniquement parlant ? Cela en a tout l’air, en tout cas. Si cela s’avère exact, alors les Américains doivent en urgence revoir tout leur système d’attaque et de défense. Oui, le vrai cauchemar vient de commencer et Israël ne dormira plus jamais sur des deux oreilles en comptant sur les armes sophistiquées de leurs puissants alliés. Y aura-t-il récidive de la part des Iraniens ? Cela est peu probable dans la conjoncture des choses. Les Iraniens ne sont pas bêtes au point de donner l’occasion à leurs ennemis jurés de décoder leurs systèmes de guidage et de guerre électronique. Justement, c’est à ce seul niveau que se joue la dissuasion et les Iraniens ne sont pas prêts à dévoiler leurs cartes maîtresses. Néanmoins, ils ont réussi à transmettre de sérieux messages dont le plus important est : ils peuvent frapper à tout moment et partout à la fois !
Copyright © 2017 Benaissa Abdelkader

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