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mercredi 6 décembre 2017

Le dernier tango

La nouvelle vient de tomber, mais sans trop de surprise. Cela était prévisible à la lumière des événements qui ont connu une forte effervescence ces trois derniers jours. Abdallah Salah n’est plus ! Qu'Allah ait pitié de son âme. Le Yémen ne finira jamais de nous étonner tellement il est millénaire et tellement il est typique et unique. Comme si une guerre ne lui suffisait pas, il se cherche d’autres batailles pour mieux s’affirmer, car il est peuplé de véritables guerriers. Ils ont la guerre dans la peau, mais absolument pas la gâchette facile malgré leur surarmement. Au moins deux armes par individu ! 


La guerre fait rage au Yémen. De faux Arabes contre de vrais Arabes. On sème la mort à tous les vents. Treize morts à la douzaine par minute, telle est la cadence imposée par le serviteur des deux Lieux saints aux musulmans du dernier rang. Des musulmans déclassés par la misère humaine et par le serviteur des deux Satan. Feu Salah est parti rejoindre sa place éternelle devant L’Éternel qui l’a rappelé alors qu’il visait la Présidence encore une fois comme si trente années de règne ne lui avaient pas suffi. Il voulait un autre mandat, un cinquième peut-être, ou un centième comme s’il devait vivre 1000 ans. La maladie des grandeurs associée au culte de la chaise a eu raison de lui, chez lui, entre les siens, par les siens, mais comme un chien galeux que le voisin a jeté dans la rue. 

Feu Salah est parti sans gloire et sans honneur dans un Yémen exsangue où la mort embusquée derrière chaque pierre, arbre et fourré, frappe sans demander la couleur ou l’identité. La mort, elle est d’abord et surtout yéménite. En 2012, Abadallah salah fut emporté par le mouvement en faveur de Hadi Mansour chassé de Sanaa en premier ensuite d’Aden par les Houthistes qui ont conquis l’essentiel du pays. Se présentant comme un mouvement populaire ayant rassemblé les déshérités, les Houthis avaient mené une contre-révolution dans tout le Yémen où s’installait déjà l’anarchie suite au « printemps » yéménite. En effet, toutes les élites tribales et militaires se déchiraient pour s’assurer une place dans la recomposition du pouvoir. Abdallah Salah en homme opportuniste et averti profita de l’occasion pour s’allier à ses ennemis d’hier qui avaient besoin de souffler et surtout réaliser la stabilité du pays. Oui, Salah, soutenu par les Al Saoud, avait mené pas moins de trois guerres contre les rebelles du Nord pour contrecarrer l’influence de L’Iran.

Historiquement divisé entre le nord et le sud, le pays est fragilisé par les différentes guerres qui les ont opposés. Cependant, il faut noter que la région du nord est peuplée par une population à dominante zaïdiste de confession chiite à laquelle appartiennent les Houthis. Après la défaite des monarchistes soutenus par l’Arabie et le triomphe des républicains appuyés par l’Égypte, ils créèrent le mouvement Ansar Allah sous l’égide de Hussein Badreddine Al-Houthi entré en dissidence et tué par l’armée. Depuis 1970, c’est-à-dire après l’unification, Salah a su se maintenir au pouvoir en parfait équilibriste entre les rivalités tribales et le radicalisme religieux en usant de tact, de soudoiement et de corruption. Le principal acteur dans l’affaiblissement demeure sans conteste l’Arabie qui use de tous les moyens même militaires pour affaiblir toujours son voisin pauvre et démuni. Il faut dire que les ingérences étrangères n’ont jamais épargné le Yémen qui souffre évidemment de cette main étrangère qui empêche le pays de connaitre la stabilité et la paix qui sont des préalables incontournables au développement du pays. Les « Predator » américains, ces drones sophistiqués, violent impunément l’intégrité du Yémen au grief de combattre les « djihadistes », encore une invention américaine, faisant partie d’Al-Qaida. Justement pour s’autoriser ces opérations, ils durent soutenir le Président Abadallah Salah et par la suite Mansour Hadi.

Quant à la religion, elle n’a jamais été un problème pour les Yéménites qui ont su éviter tous les écueils pour vivre en harmonie malgré leurs différences. Les zaïdistes et les sunnites s’acceptaient mutuellement dans une coexistence formidable jusqu’à ce que Salah et ses sbires se mettent à attiser la haine et le sectarisme en soutenant un mouvement sunnite hostile aux Houthis dans le Nord. Finalement Salah ne fut qu’un dictateur et un fauteur de trouble malgré ses voltefaces, parfois étonnantes. Allié de l’Arabie depuis toujours, il dut s’en défaire un certain temps pour rallier l’armée et les Comités populaires, en l’occurrence les Houthis (ennemis qu’il combattît, alors qu’il était Président), pour saper l’autorité de son successeur Mansour Hadi et plus tard lutter contre les agresseurs, ses anciens pourvoyeurs et protecteurs.

Alors que le Président Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale, par l’intermédiaire de son vice-président ordonnait à ses troupes d’avancer vers Sanaa, Salah décida son revirement spectaculaire en appelant le peuple yéménite à se rebeller contre le pouvoir des Houthis. Pendant que ses milices prenaient d’assaut quelques organismes et édifices d’État, il annonça ouvrir une nouvelle page avec l’alliance arabe et surtout la « grande sœur » qui tuait systématiquement le peuple yéménite. Cela ne fait aucun doute sur la nature du complot fomenté par les Emirats en parfaite résonnance avec l’Arabie. Aucun Yéménite libre et digne ne peut accepter une telle trahison. Ne remportant aucun succès sur les fronts, Al Saoud ont décidé de miner le Yémen de l’intérieur. Seule une fracture dans l’alliance rebelle peut les aider à remporter une victoire. Qu’importe le prix et qu’importe les pertes humaines, puisque ce ne sont, finalement, que les Yéménites qui vont s’entretuer.

Rodé aux arcanes du pouvoir, Salah s’est fait avoir par une alliance arabe aussi inconséquente qu’irresponsable. Où sont passées les troupes de Hadi qui devaient rallier Sanaa ? Ont-elles fait au moins mouvement ? Pourquoi a-t-on laissé Salah après lui avoir promis aide et assistance ? Salah était-il si naïf au point d’être berné aussi grossièrement ? Avait-il été la pièce maîtresse d’un vaste complot ? Avait-il été un complot dans un complot ? Oui, tout indique qu’il a été utilisé d’une manière machiavélique. Al Saoud et les Emirats l’ont poussé à fomenter des troubles et à occuper quelques places fortes dans la capitale. Ils lui ont promis un soutien multiforme qu’ils n’ont pas tenu pour des raisons évidentes qui lui avaient, cependant, échappé, aveuglé qu’il était par le syndrome du pouvoir. Oui, croyant détenir une assise populaire conséquente (2 000 000 de Yéménites lors de son dernier rassemblement), il a tenté le diable sur une fausse appréciation de la situation yéménite et géopolitique. En effet, suite aux opérations systématiques et aux bombardements sauvages de l’alliance arabe et à la résistance farouche des moudjahidines sur tous les fronts, les Houthis ont gagné l’estime des masses populaires. De par leur caractère tribal, les Yéménites ne peuvent en aucun cas oublier les massacres inhumains infligés par les Al Saoud à leur peuple. Combattre les Saoud est devenu plus qu’un devoir et les Yéménites en font un point d’honneur d’où l’erreur monumentale et fatale de Abdallah Salah. Celui-ci, comptait-il sur la puissance influente des Saoud pour se refaire une virginité politique aux yeux de la communauté internationale ?

L’alliance arabe comptait sur les milices de Salah d’opérer une cassure dans le front intérieur et créer une anarchie pouvant amener le Yémen à une banqueroute totale sur tous les fronts. Cela amènerait la communauté internationale à mettre le Yémen sous mandat onusien et donc à tirer le tapis sous les pieds des Houthis qui seront tout à fait discrédités. Ansar Allah sont déjà classés par les Américains comme une entité terroriste. Toutefois, il faut retenir que l’armée n’est pas le Congrès Populaire Général et que celui-ci n’est pas la propriété exclusive de Salah. Les dignitaires, les religieux et autres chefs de tribus faisant partie du CPG ne pourront jamais cautionner la défection de Salah et son appel à l’insurrection générale dans le but se satisfaire les « frères » de l’alliance arabe. Trop de sang a coulé et trop de martyrs sont tombés par la faute justement de ces ennemis que Salah qualifie de « frères ». La mort de Salah constitue un sérieux revers à l’alliance arabe défaillante.

 Les moudjahidines, pour ne pas dire les « Houthis »,  ont été plus prompts que les coalisés arabes. Monsieur Abdelmalek, ce jeune révolutionnaire, a su gérer la profonde crise avec tact et doigté, et ce sur tous les plans. Discours sur discours, il a su désamorcer la situation d’abord sur le plan médiatique ensuite sur la mobilisation générale du peuple yéménite. Oui, il a étouffé le complot dans l’œuf, malgré les 600 morts et blessés qui ont sauvé Sanaa et le Yémen tout entier de l’anarchie totale. Il a su prendre la décision adéquate pour mettre un terme à la rébellion lâche et perfide. En seulement trois jours de combat décisif, il a rétabli la situation en mettant les milices de Salah hors d’état de nuire. Bien sûr les imbéciles arabes vont miser sur les félons yéménites et sur le fils de Abdallah Salah pour semer les troubles et plonger le pays dans une guerre civile. Celle-ci serait certainement terrible et dramatique si les Saoud et les Émiratis réussissent à la déclencher. Connaissant les Yéménites, ils seront sans pitié, les uns envers les autres ; la vendetta ne sera que générale ! Mais justement, connaissant les Yéménites, ils ne tomberont jamais dans le panneau, malgré l’appel à la vengeance de Ahmed Ali Salah.

En effet, le fils d’Abdallah Salah a appelé les Yéménites à partir de son éden émirati à venger son père. Dans un discours diffusé comme par hasard par une chaine saoudienne, il a déclaré : « Je conduirai la bataille jusqu’à ce que le dernier Houthi soit chassé du Yémen ». Cet énergumène fait dans le spectacle, car il délire en cauchemardant. Il oublie que les Houthis sont chez eux plus qu’il ne l’est lui-même. Ce ne sont ni des étrangers ni des envahisseurs. Ils sont de véritables habitants du Nord, des autochtones authentiques. Il a, par ailleurs, exhorté tous les partisans et sympathisants de son père à prendre les armes afin de reprendre le Yémen aux miliciens iraniens Houthis. Assigné à « résidence surveillée » aux émirats, Ahmed Ali Salah semble avoir été préparé pour succéder à son père et l’alliance arabe fait tout pour lui ouvrir le chemin. Dans des raids bien calculés et ajustés, ils viennent de supprimer tous ses potentiels concurrents à commencer par son cousin et ancien chef de la garde présidentielle, Tarek Mohamed Abdallah Salah. Seulement, ils complotent et Allah complote et Allah est le meilleur des comploteurs. Évidemment, les raids aériens vont redoubler sur Sanaa et les morts vont être ramassés à la pelle. Les malicieux Saoud vont redoubler de sauvagerie en accablant les Houthis de sauvagerie. La mort de Salah va leur servir d’alibi pour casser du yéménite.

Malgré ce coup de force et cette tentative de déstabilisation, Monsieur Abdelmalek Al Houthi, en fin limier, a su déjouer le complot et dénouer la situation en sa faveur. Sa réponse fulgurante et sérieusement inquiétante ne s’est pas fait attendre et les Émirats l’ont appris à leurs dépens. En effet, pour les connaisseurs et les spécialistes, la surprise est de taille. Oui, un missile ailé de type Cruise a été lancé depuis le Yémen sur Abu Dhabi sur une distance de 1200 kilomètres avec une précision inouïe puisque la cible, un centre nucléaire, fut atteinte en plein dans le mille. Cette technologie de pointe n’est maîtrisée que par une poignée de pays. Ce type de missile a d’abord une faible signature radar lui permettant d’atteindre sa cible en échappant aux systèmes de défense et de riposte. Il est doté d’un système de correction de vol optoélectronique. Il est apte à déjouer la défense antiaérienne en volant à basse altitude en utilisant le relief. Ce missile yéménite inaugure une nouvelle phase dans la conduite des opérations en entérinant une nouvelle équation dans la guerre. Les Al Saoud et les Émiratis sont en droit de s’inquiéter vraiment, car le nouveau missile yéménite constitue une menace sérieuse. Les déclarations de Monsieur Abdelmalek Al Houthi et ses conseils à l’endroit des investisseurs étrangers en Arabie et aux émirats sont à prendre au sérieux.


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