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jeudi 14 janvier 2016

Al-ghachi (populace) et le gâchis

C’est l’État civil qui opère la différence entre les gens. Au-delà, c’est le peuple formant nation, en deçà, c’est « al-ghachi » générant le gâchis. L’on ne peut jamais faire du neuf avec du vieux. Ennemi du changement, le gouvernement algérien se reconduit en renommant ses séniles aux postes clés de la Nation qui s’efface davantage devant la poussée de la médiocrité. Sur quarante millions d’Algériens, il n’existe qu’une poignée d’usurpateurs autorisés pour verrouiller la vie. En effet, dans ce climat de navigation à vue, l’on ne peut prétendre éviter la tempête et arriver à bon port, car à bord du bateau, il n’y a que des matelots... Je reviendrai sûrement sur cet état de fait pour développer pour mieux cerner les pourtours de ce cadavre dont le pourrissement est en stade avancé…


 Le marasme dans lequel vivait la société entière était tel que l’individu n’avait d’autres choix que de s’y identifier. Le problème résidait en lui, dans sa vertu qui était en porte à faux avec le schéma général. La corruption n’aime pas la sincérité ! Tout était falsifié. Toutes les mœurs étaient frappées du sceau du faux. La Valeur était reléguée et le vice promu au promontoire de la reconnaissance. Comme le précepte de la morale était inversé, il était devenu la norme.

 L’individu ne peut faire bonne école, car il est obligé d’évoluer dans ces fonds fangeux et marécageux. Un homme sincère est directement montré du doigt, non pour être hissé au panthéon de la respectabilité, mais pour qu’il soit fui et mis en quarantaine. Il porte en lui les germes du danger, les prémices de la destruction de la société du mal. Les pourris n’aiment pas les gens authentiques parce qu’ils ne possèdent ni dignité ni honneur. Ne dit-on pas que la vérité blesse ? Elle n’est blessante qu’au goût des corrompus, car pour un homme véritable, elle demeure une exigence.

IL n’y a pratiquement pas d’espace vital entre la vie privée et la vie dite professionnelle. Tout s’intercale et s’imbrique. L’incidence de la vertu est proportionnelle au degré de responsabilité dans la hiérarchie sociale. Plus on monte, plus on est responsable, plus la nécessité impérieuse de la vertu se fait sentir ; celle-ci devient par conséquent nécessaire pour assurer le contrat social. La sincérité et la franchise s’avèrent être les garde-fous par excellence contre les dérapages des détenteurs du pouvoir. Afin de réussir cette gageure, il est primordial qu’ils s’entourent de gens vertueux. À défaut, celui-ci serait malsain, injuste, décadent et périlleux. Platon disait : « Les richesses et les dignités n’engendrent rien de plus corrompu que la flatterie. »

L’exercice du pouvoir demande sagesse et fermeté et doit en tout état de cause s’inscrire dans la durée pour asseoir la suprématie de la justice et de l’équité. Un homme sincère est un homme courageux, capable de vérité, loin de la louange et de la flagornerie. Un flatteur est aussi redoutable que les portes de l’Enfer, disait Homère. L’homme en tout cas doit se ressourcer auprès des prophètes qui ont bravé la puissance des gouvernants pour annoncer la vérité, au risque de leur vie ; leurs enseignements doivent être pris tels de tableaux de bord pour nous éclairer dans tout ce que nous entreprenons au quotidien. Après eux, l’homme n’a plus le droit d’avoir peur, à condition qu’il infléchisse sa raison en l’assujettissant à la Raison…

 La ville, comme toujours, montrait les mêmes signes de fatigue et de saturation. Trop de monde marchait, courait, bavardait, s’en allait, s’en venait, « s’envoiturait », débarquait en même temps. Cela grouillait de partout à l’image d’une fourmilière, mais, hélas, dans une grande inutilité. Cette inanité démontrait, force à l’appui, l’absence d’esprit intellectuel. L’État concentrait tous les efforts sur l’estomac, jusqu’à ce que les diatribes de celui-ci occupent le devant de la scène politique, en mobilisant tout le gouvernement pour ne satisfaire finalement que le côlon. Tout l’appareil de l’État n’était que digestif, avec la simple équation de Hassi Messaoud au ventre de sidi Daoud. Toute la question n’était qu’une affaire de tuyaux : un pipeline et un intestin. Un staff capable de constat, mais incapable de réaliser quoi que ce soit en matière de production et de productivité, car formé de têtes pensantes stériles et dormantes. Un gouvernement dont le rôle était de pourvoir aux besoins du tube digestif, moyennant des solutions provisoires qui faisaient de « l’import-import » le leitmotiv par excellence de sa politique, baignant dans un ostracisme écœurant. Quant à la véritable alimentation, celle qui devrait figurer normalement en toute priorité sur l’agenda des gouvernants, elle était reléguée aux calendes grecques ou remisée au placard dans la cave nauséabonde de la décharge collective.


 En suivant le chemin aberrant du darwinisme, le cerveau avait fini par évoluer dans le sens influé par certains stratèges véreux dont l’intérêt personnel passait avant celui du peuple, en s’alliant in extremis à l’œsophage, en attendant la signature du grand protocole avec tout l’appareil digestif. Aux dernières nouvelles, il paraît que bien des étapes furent brûlées et que le cerveau avait réussi à avoir une embouchure directement sur l’estomac. Ainsi fut sauvée la crise « cérébrale » ! Quelle belle trouvaille !

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