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samedi 4 mars 2017

Madame


Au nom de mon enfance
Au jour du vagissement
Bien avant la naissance
Toi et moi à l’unisson
Nous étions seuls
Tous les deux
Toi, d’abord
Moi, ensuite
Moi, en dedans
Toi, en dehors
Toi, la mère
Moi, ta chair
Toi, l’enveloppe
Moi, l’endocarpe
Toi, le moyen
Moi, la fin
Nous étions seuls
Moi, la solitude
Toi, la finitude
Nous étions seuls
Tous les deux
Equation irréelle
Où, un plus un
N’égalait pas deux
Où un moins un
Enfantait nous deux
À ce moment-là
J’étais le prince
Et tu étais le fief
Tu étais l’altesse
Et j’étais le grief
D’abord Dieu
Et puis le temps
Nous séparèrent
Tous les deux
Le temps de te quitter
Sonna comme un pleur
De la première fessée
La première douleur
Puis côte à côte
Du même côté de la vie
Accroché à tes sources
À la chauve-souris
Je sirotais le miel
De tes abeilles lactées
Sur ton dos, mon lit
Ma sieste somnolait
Où souvent ma vessie
À cœur joie s’adonnait
Et retenant ton haleine
Embrassais la p’tite fontaine
Tu étais là !
J’étais là !
Naturellement
Simplement
Moi, l’enfant
Toi, la maman
Le temps était là
Aussi
Te mangeait pas à pas
Petit
Innocent
Ignorant
Je grignotais ta jeunesse
Grand
Con
Arrogant
Je sifflais ta vieillesse
À cent ans
J’étais toujours ton enfant
Mais le temps
Inexorablement
Inéluctablement
Inévitablement
A dressé le bilan
Enfin en menhir
Tu as fini par finir
Tu as fini par partir
À toi Madame Maman
Un éternel soupir.

À toutes les mamans du monde, à l'occasion de la fête des mères.

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