Le 4 mai pointe son museau comme un chien enragé et je vais devoir me protéger pour emprunter cette journée où l’Algérie va s’arrêter de démarrer. L’on vient d’ériger à un détour de la belle Alger une stèle à Son Altesse la Banane qui vient d’être hissée à la hauteur d’une constante nationale. Chapeau bas, Madame Labananne, d’avoir tenu en haleine une glorieuse nation et réveiller les assises d’une APN assise sur la couchette d’un gouvernement qui dort dans la boite de Pandore en attendant le chant de Milord du pays où il fait si froid dehors.
De la hune de mon cerveau où mon esprit en vigie guette les flots où la mer Algérie moutonne en lançant ses troupeaux, je hume tes senteurs océanes, ô belle et douce banane ! Je me souviens comme si cela datait d’hier sur les ondes partisanes d’une télévision villageoise, j’ai vu une tête de parti, portant le nom de Makri sur un micro perché, éplucher une banane, le visage un peu éméché. Notre Macron musulman pour ne pas dire algérien, car en Algérie il y a les musulmans et les autres, des rois et des riens et surtout ceux qui ne disent rien du tout et dont je fais partie en compagnie de mes amis qui ne connaissent ni Macron ni Makri.
Accompagné de mes seules idées, je passais du côté de ma télé où un homme à quatre épingles tiré utilisait justement sa bouche pour parler. Alliant le geste à la parole, il gesticulait en occupant l’écran tout entier comme s’il détenait à lui seul toute la vérité. Comme je suis friand de friandises, les belles choses aussi me grisent. Alors, prenant mon mal en patience je me joins à l’audience pour l’écouter prononcer ma sentence. À l’image d’un gibier de potence, je balance du haut de ma conscience entre la folie et la démence. Il n’est pas trop tard, lance-t-il du fond de sa science. L’État peut toujours saisir la chance de s’aligner sur son érudition et sa compétence. Puis, s’arcboutant sur le silence, il me tance en lançant son verdict que voici : le quota est interdit !
Oui, martèle-t-il à la rescousse de son nouvel allié (lire la confrérie et les faux frères). Le quota imparti aux partis est interdit, dit celui-ci. C’est haram, haram, haram ! Appuie Makri. Le raccourci est vite trouvé pour cataloguer tout simplement l’État dans la cage des impies. Je reste un moment abasourdi, ensuite me vint une petite idée à l’esprit. Monsieur peut-il signifier à Selmane, pas Rushdi, mais le Saoudi, que le quota du Hajj est interdit ? Ou bien celui-là est différent de celui-ci ? Ou bien encore, la montagne n’a accouché que d’une souris ? Alors, je prends ma peau de sous mes habits et je m’en fais ailleurs où mon âme file du coton à mon esprit qui lui sourit.
Je me souviens que l’on est le 4 mai, alors je descends ou monte le boulevard de l’ALN pour aller voter. Le bureau auquel je suis affilié se trouve au port du côté de l’Amirauté où m’attend mademoiselle Lurne bien amarré au quai. Je traverse la foule de bateaux qui viennent témoigner leur dévouement en entonnant leur hululement à la princesse née de la principauté Madame Labanane De Santa Alger.180000 tonnes à multiplier par 07 rejetons l’unité, cela donne forcément 1 260 000 000 dangers à jeter à même le sol de la blanche Alger qui va devenir jaune et surtout très risquée. Je me dis, tiens ! Et si c’était voulu ? Veut-on attenter à la santé ? Le gouvernement peut-il se mouvoir sur ce terrain glissant ? Hamdoulillah, l’on me dit qu’il n’a plus l’usage de ses pieds. Ouf ! Il se serait bêtement blessé, car une banane, ça glisse aussi !
Le 4 mai, je vais voter pour :
—Affirmer ma citoyenneté que l’on ne cesse de charcuter
— Accomplir un devoir qui n’est en fait qu’un droit
— Prouver mon « algérianité » que l’on n’arrête pas de confisquer
— Renouveler des dipoutis pour me péter les dés
— Désigner le tueur de mon fils comme à Bougie
— Choisir le violeur impuni de ma fille
— Elire des chasseurs de mineurs pour attenter à leur pudeur
— Projeter des fraudeurs, des receleurs et des voleurs
— …
J’arrête ici, car je ne suis pas doté de cette immunité que je leur offre poings et pieds liés. Cependant, j’ai déjà ma carte de vote, et heureux comme un imbécile, je vais certainement voter. Je suis un Algérien de souche, fils d’Algériens de souche, de cœur, de corps et d’esprit. Vive L’Algérie !
Je voudrais connaitre donc à nouveau le découragement des réveils où ne s'annonce aucune joie; le soir, ou la caisse à ordure qu'il faut vider; et,
RépondreSupprimerse torturait à découvrir par quel moyen lui faire sa déclaration; et, toujours hésitant entre la crainte de lui déplaire et la honte de glisser sur la banane.