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dimanche 10 janvier 2016

La digue arabe

On ne voit rien de noble, monsieur Larabe, dans cette arabité dont tu défends si bien les contours médiocres et alambiqués. Tu sièges au sommet de la bêtise de ce gros étron arabe que seuls les Bédouins mondanisés savent produire à longueur de temps. Ils ont vraiment du culot pour se trémousser, ces messieurs, quand ils se réunissent pour évincer, destituer et limoger à la six-quatre-deux en jouissant à l’avance des conséquences terribles de leurs actions. Oui, monsieur le nobliau, l’organisation que tu couves dans le tissu grossier de la traîtrise trône au faîte de la couardise de ces régimes sévissant sur des peuples arabes en accaparant tant leurs contrées que leurs richesses. Ces milliardaires du désert que tu sers comme une valetaille pauvre et débile sont d’une latitude autre que celle que tu démembres et que tu prends du plaisir à désosser.

Certains membres de la fameuse digue appartiennent à ce que l’on appelle communément les « Zarabes ». Il faut voir cet Émirati en plein exercice de ses fonctions de pleutrerie bouffonne pour comprendre les simagrées de toute une tribu. Les singeries de cet infâme et ignoble individu, tout de minauderie, devant cette vieille peau yankee qui s’esclaffe à la moindre expression, resteront longtemps gravées dans ma mémoire. À bien le regarder, l’on croirait certainement à une marie-couche-toi-là tant il se dégage de ses manières une coquetterie tout de grâces et de grimaces. Il se donne en entier, plait-il à madame d’accepter l’offrande, tout de confiserie qui s’étale devant ses yeux goguenards et malicieux. Cet énergumène n’est que le piètre représentant de toute une secte dans cette partie du monde, Américaine de cœur, Israélienne d’esprit et Arabe seulement d’oripeaux.

Le cas de cet autre Bahreïni est on ne peut plus édifiant. Et comment ! À lui seul, il constitue une école à part entière non seulement par l’enseignement qu’il lègue à la postérité, mais aussi par l’éclairage nouveau qu’il apporte à l’histoire de la contrée. Dégoûtant et scandaleux ! Parce qu’il est le fils de son père, il est allé prêter allégeance à la vieille Angleterre. Alors qu’il exécute dans les règles de l’art la célèbre révérence des sujets et couards, ce crapuleux laisse parler son cœur devant Sa Majesté éprise par tant d’afféterie : « Ô noble reine ! Que votre règne soit éternel ! Mes aïeux ainsi que mon père ne vous ont jamais demandé de quitter nos terres. Nous aurions aimé rester vos sujets à vie. Cependant, malgré le fait que vous nous ayez laissés face à ces sauvages, nos administrés, nous vous sommes dévoués à vie ».

Tu vois mon fils, il n’est nullement étonnant que la ligue arabe ne soit finalement qu’une digue capable uniquement d’endiguer les efforts de vrais citoyens arabes. Elle est là en ange gardien afin de veiller aux intérêts étrangers et gare aux brebis galeuses qui oseraient la défier ! Le désordre, c’est son mot d’ordre pour empêcher tout esprit rassembleur et toute idée révolutionnaire dans cette vaste géographie. À quelque chose malheur est bon ! C’est vrai, mais dans cette partie du monde où une tragédie en cache une autre le dicton perd de sa véracité et ne peut donc se vérifier. De nekba à nekssa, de hendba à mendba, de calamité à cataclysme, de désastre à chaos, cette région de la planète égrène à l’ombre de ses palmiers majestueux et de ses précieux et innombrables puits, les grains malheureux d’un épouvantable chapelet.

Oui, mon fils, nous sommes voués à cette triste destinée :
— tant que le kamis fait l’imam, et la barbe, le dévoué.
— tant que le gouvernant est monarque ou président à vie.
— tant que le peuple n’est qu’un simple tube digestif tout juste capable d’avaler et de déféquer.
— tant que l’hypocrisie demeure le produit culte des mentalités.
— tant que l’ignorance règne en maitresse absolue sur les esprits.
— tant que le pouvoir n’est qu’un alibi.
— tant que la connaissance est le parent pauvre de l’éducation.
— tant que l’incompétence détient le pouvoir de décision.
— tant que gouvernement est synonyme de corruption, de malversation, de compromission, de concussion, de déprédation, de détournement, de dilapidation, de forfaiture, d’extorsion, de fraude, de péculat, de maquignonnage, de soudoiement, de prévarication, de trafic d’influence, de subornation, de tripotage, de vénalité, d’abomination.

Oui, mon fils ! Nous sommes condamnés à subir le diktat des autres civilisations, tant que notre régime est synonyme d’abaissement, d’abâtardissement, d’abjection, d’abrutissement, d’affaiblissement, d’agonie, d’altération, d’atrophie, d’appauvrissement, de décadence, d’avilissement, de déchéance, d’avachissement, de décrépitude, de dépérissement, de dégénérescence, de délabrement, de déliquescence, de flétrissure, de dénaturation, de pourriture, d’édulcoration, de ruine, de dégradation, d’usure, de perversion, de sape, d’aveulissement, de crépuscule, de pervertissement...

Je ne perçois aucune touche d’honneur dans tout ce que tu entreprends, mon petit arabe. Je te sais lion quant à faire la cour et là où d’autres manient le sabre, tu manipules ta langue pour accoucher de termes plus subalternes que ta personnalité qui s’aplatit devant la déraison humaine. Tu excelles à aligner des mots vaincus pour saluer l’audace téméraire des peuples vainqueurs qui t’ont toujours conquis. Tu continues, pervers que tu es, à masturber ta conscience. Eunuque, tu te venges sur la nature en commettant l’ethnocide de cette brave outarde juste pour renflouer les bourses vides de ta libido légendaire. Des Indes aux Appalaches, des Andes aux Carpates, des Alpes à l’Oural, de Karachi à Marrakech, du Yémen à l’Algérie, tu parcours monts et vallées, montagnes et déserts, tu sillonnes la Terre entière en ameutant une armée d’esclaves et un régiment de serviteurs pour juste donner à ton sexe bizarre un chouïa de vigueur.

Tu sais, mon pauvre petit arabe, je n’ai aucune dent contre toi ni contre tes sbires et misérables frères. Je ne peux vous faire confiance ni vous accorder la moindre importance. Vous avez été prompts, actifs, diligents, expéditifs, rapides et vifs à invoquer l’intervention de vos maîtres et seigneurs dans le but de détruire la Libye et vous avez réussi à le faire.

Vous avez été prestes, véloces, bouillants, emportés, enflammés, explosifs, fougueux, impétueux, passionnés, impulsifs, véhéments, volcaniques, violents, fulgurants et foudroyants pour éradiquer la Syrie de sa propre géographie. Vous avez remué ciel et terre, amis et frères, ennemis et adversaires, hyènes, chacals, loups, renards et tous les vils prédateurs et vilains charognards, juste pour dépecer la seule et unique brebis qui ait osé hisser haut l’étendard.

Tu sais, mon pauvre arabe, juste à côté, là où tu refuses de voir, à l’entrée de ton ouïe, là où tu te gardes d’écouter, fusent les cris des gens qu’on massacre du matin au soir. À même l’enclume de ton oreille, à l’antre royal de ton tympan, dégringolent les pleurs des enfants qu’on enterre vivants. Oui, tu as pris le pli de pondre un laconique communiqué pour dénoncer l’agression, mais au fond et en catimini, comme la majorité de tes amis, tu avalises et encourages une telle invasion.

Et toi mon beau prédicateur à la barbe aussi fournie que la langue dont le verbe tranchant et acerbe découpe la vie en deux plans bien distincts : la géhenne et le paradis. Qu’as-tu fait pour te libérer de ton langage maudit ? Moralisateur jusqu’à la moelle épinière, tu n’arrêtes pas de nous sermonner à longueur de journée en polluant nos télés avec tes discours creux et zélés. Khalife par définition et sage comme une image, tu psalmodies les versets et les hadiths pour justifier telle ou telle action en insistant chaque jour sur les ablutions. Tu nous verses ta parole enrobée de confiserie pour mieux couler dans notre cerveau tes funestes idées. Tu nous abreuves de jolis mots pour envoûter nos esprits et tu attaches nos âmes sensibles et conquises par tes jolies friandises aux chaines endiablées de la haine et de l’intolérance. Tu culmines au faîte de la bêtise en cultivant l’hypocrisie et la traîtrise en te faisant passer pour une véritable éminence grise.

Mon pauvre diable, au nom de l’Islam, tu exhortes les musulmans bêtes et dociles à tuer d’autres musulmans naïfs et innocents. Oui, piètre imbécile, tu incites les gens à commettre ce geste fatal par ton influence immorale. Par tes discours enflammés, tu galvanises tes ouailles jusqu’à en faire des hordes sauvages pour semer la terreur et le malheur. À écouter ces Algériens, plus musulmans que les autres, piailler à longueur de journée, l’on est tenté de croire qu’ils sont les seuls à détenir la vérité. Ils ne cessent, à partir du poulailler qui sert de promontoire pour leurs funestes idées, de fustiger un pouvoir qui les protège et les nourrit. S’ils avaient eu un atome d’honneur dans leur corps sale et pourri, ils auraient démissionné dare-dare des postes qu’ils accaparent justement pour briller par leur médiocrité. Ces gens-là, s’ils avaient été aux commandes du pays à l’heure où l’OTAN et ses sbires démolissaient la Libye, ils auraient tout bonnement exposé l’Algérie à la même tragédie.

Daesh et consorts frappent aux portes de l’Algérie et l’on continue par inconscience ou par hypocrisie à ignorer le danger que représente une telle mouvance pour le devenir du pays. On n’arrête pas de créer des foyers de tensions pour affaiblir l’État qui se démène déjà pour offrir paix et sérénité. Aux aguets, on ne rate aucune occasion pour mettre en péril le pouvoir en place, quitte à rompre l’équilibre général et à menacer la nation entière. Ces êtres-là ne reconnaissent pas les frontières géographiques et n’admettent pas l’idée de l’État Nation. Ils développent un concept bizarre en matière de gouvernance et veulent à tout prix appliquer la « charia », même s’il faut détruire tout le pays. Ibn Taymiya, référence et source à un certain islamisme rampant, n’avait-il pas sermonné un disciple et adepte qui l’avait apostrophé à propos de la primauté entre l’instauration de la charia islamique et la préservation de l’État ? Le sacré penseur n’hésita pas une seule seconde pour souligner la préséance de la sauvegarde du pays, car, lui expliqua-t-il, celui-ci est nécessaire pour appliquer celle-là !

Daesh est sœur jumelle d’Al-Qaida, dès lors que les deux sont nées d’une liaison illégitime entre un impérialisme répugnant et un wahhabisme dégoûtant. Finalement, les rejetons ne peuvent être que bâtards dans la mesure où ils ne s’adossent à aucun code génétique viable historiquement parlant. Les conséquences qui découlent d’une telle procréation sont on ne peut plus graves puisque, sans repères dignes pour se retrouver et si besoin se ressourcer, l’on évolue sans ce respect des principes moraux qui entrainent la fierté et suscite l’admiration d’autrui. Si tu n’as point d’honneur, tu peux tout faire, dit la sagesse populaire.

Je prends du thé qui ne se boit plus trois fois. Hélas, en regardant passer la caravane monstrueuse de cette arabité devenue avilie, sordide et misérable, j’ingurgite le temps à petites doses comme un remède amer, mais ô combien nécessaire ! Même les chiens n’aboient plus quand celle-là s’annonce ; ils préfèrent observer sans interférer le désert se vider de son essence arabe dans le silence le plus complet. L’honneur et l’honorabilité, la dignité et la convenance, la chasteté et la décence, la fierté et la bienséance, la sagesse et la vertu se sont toutes suicidées sur les murs immondes et crapuleux de ce monde déliquescent.

Cependant, en dépit de la tourmente dans laquelle je me débats et malgré cette fratrie décadente et dégénérée, il pousse dans le riche compost de mon espoir des turions, des surgeons et des boutures. Oui, mon futur comme mon avenir n’est pas tout à fait sombre, car de mes décombres et de mes ruines, des enfants aussi farouches qu’intelligents vont surgir afin de lever l’affront et effacer toutes les déconfitures, les défaites, les débâcles, les nekbates et les nekssates.

Ayez pitié, enlevez cet imbécile que je ne saurais voir ! Ce sénile ne fait que pérorer à longueur de journée en draguant par ici une télé, par là un communiqué. Tu ferais mieux de te suicider, monsieur le révolutionnaire. Tu passes ton temps à t’admirer devant le miroir qui te renvoie une belle image de toi qui pourrait certainement plaire au regard de tes commanditaires. Tu te dévoues totalement au rôle qu’on t’a confié et tu t’en tires admirablement.

Que des Palestiniens de second ordre souffrent, endurent, pâtissent ou tout simplement meurent, monsieur n’éprouve aucun mal à trouver la formule adéquate pour sauver la face. Toujours tiré à quatre épingles, le maquisard des « cinq étoiles », de l’« High society », des palaces et des palais ne se fait pas prier pour faire des concessions savamment étudiées, pour ne pas alerter l’opinion nationale. Plus de vingt ans de palabres n’ont pas eu raison de ce monsieur et de la clique qui l’entoure. Rompus au métier du verbe, ils excellent en la matière en ce sens qu’ils maitrisent l’élaboration de paroles bien soignées pour ne pas froisser la susceptibilité de l’ennemi qui condescend à s’asseoir à la même table. Ils sont experts dans la production des mots dits civilisés pour ne pas froisser la susceptibilité des vis-à-vis. Ces messieurs sont palestiniens de bouche à oreille. Quant à la souche, il se peut qu’elle louche quelque part, car il est aberrant de soutenir le contraire. À voir ces gens censés défendre et préserver les intérêts vitaux de la nation se démener pour les mettre en danger, on ne sait plus, alors, à quel saint se vouer.


 Benak in Les enfants de Gaza

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