Quelque chose a claqué
Au milieu du printemps
Le chien est lâché
Sur le champ
À l’abandon
D’un beau gibier.
Des ailes s’affolent
Sur les toits silencieux
Des oiseaux s’envolent
La peur dans les cieux.
Un trait invisible
À bord de la mort
Atteint fort sa cible
Un enfant s’endort
Sur le froid du carreau
Sans comprendre pourquoi
La nuit est venue si tôt.
Maintenant l’enfant dort
Sans un seul ronflement
Sans le moindre remords
Sans un seul tiraillement
Sans parler à son corps
Sans un seul tressaillement
L’enfer à dix ans.
L’oreille en feu
Ainsi que la conscience
Par pas de deux
Enfin je m’avance
Humides les yeux
Du regard ténébreux
De la maudite enfance.
À genoux sur l’innocence
Je dégaine mes larmes
Au milieu du silence
Au milieu de tous mes mots
Accourus sans vacarme
Pour dire la malchance
De nos enfants en drame
Sans bulletins de naissance
Et sans une seule arme
Juste cette insouciance
Qui m’explore et me désarme.
L’enfant n’est plus qu’un corps
Mais ses yeux parlaient encore
Ses cheveux un peu au vent
Se posaient la question
Le pourquoi de son sort.
De sa bouche décousue
Un message fort
S’enfuyait avec la vie
Sur un ruisseau de mort
D’un geste lent et pur
Ma main ferme son sourire
En ouvrant la déchirure
De mon cœur en délire
Où s’arrête le temps
Qui n’a plus de futur.
J’entends le murmure
De mon âme au vent
L’avenir moins sûr
De moins de filles
De peu de garçons.
Alors, c’est en rampant
Le corps à bout de bras
Vers cet homme différent
Parmi les vient et les va
Sorti soudain des rangs
Cet homme en tenue de combat
À godasses pleines de sang.
Je lui offre un regard d’océan
Pour habiller ses pauvres yeux
D’un pleur désolé et désolant
Pour l’amour des autres enfants.
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