Ils sont partis prématurés
Avant le goût du fruit
Ces hommes de la potentialité
Les veilleurs de nuits.
Ils sont partis par le premier train
Des mesures
De la démesure
Ils sont partis sur leur faim
De l’investiture.
Ils sont partis enfin
Pour ne plus revenir
Le soleil éclaté de leurs désirs
Sans futur
De l’orient occidentalisé
Témoin de leur séculaire errance
De la vie verbalisée.
Ils sont partis très loin
Au-delà de la mort scandalisée
Ils sont partis avec leur port
Amarré à leur dignité
Ils sont partis à leur sort
Leur propre destinée.
Je suis dans le tort
De leur fausser compagnie
Ces êtres sans corps
Qui peuplent ma vie
Le lit de la poésie
Où ma muse m’endort
La couche de la frénésie
Où mon âme picore
Les restes d’un dernier nid
L’instant fort
De mon crime, de mon délit.
Je n’ai que ce décor
Pour habiller les partis
Je n’ai que ces vers
Pour ultimes prières
À tous les damnés de la terre
Ces hommes proscrits
Ces exilés de l’univers
Ces êtres maudits
Les excréments de la terre.
J’aurais dû être votre ami
Partis de l’aube assassinée !
Mais mon préféré le mépris
Affichait complet ma lâcheté
De l’amour de la vie.
J’aurais dû vous accompagner
Sur le pas de vos hivers
Sur vos printemps oubliés
Sur la trace de votre douleur
À l’ombre de vos hauts faits
Martyrs de mon bonheur.
J’aurais dû vous écouter
Questionner les heures
Des espoirs bafoués
De pauvres hères
Dénoncer le pas cadencé
La marche de la misère.
J’aurais dû vous suivre
Chanter en chœur
Les cœurs en givre
Ces faiseurs de guerre
Pour qui le vivre
Est toujours en demeure.
J’aurais dû partir
Avec ou sans vous
Ou bien finir
Avec ou sans vous
Ou bien écrire
Avec la force de nous
Ce proche avenir
La promesse des fous
Se sacrifier avec le sourire
Sans se mettre à genou
Et surtout mourir
À la verticale
En position debout.
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