Il est venu
Il est déjà là
Entre l'amour et la haine
Un sandwich de la vie.
Il est venu
Du haut de la civilisation
Sans aucune civilité
Le temps de la mondialisation.
Je sens le temps varloper
Le bois vert de mon cœur
Le sanglot varapper
À l'infini pleur.
Je suis occupé
À l'image de mes frères
Au ciel ensanglanté
À l'image de notre terre.
Je suis occupé
À aligner des mots
Tels des prisonniers
Butin de guerre.
Pardonne-moi mère
Je n'ai qu'un fils
Le propre de ma chair
Pour laver l'honneur
De la terre violée.
Et toi, mon enfant !
Je t'offre un peuple
Un peuple si grand
Que la folie repeuple
Dans les bantoustans
Un peuple si bon
Un oublié du temps
Au creux du vent
Au milieu de la tempête.
Je t'offre mon nom
Le testament d'un poète
Les gouttes de mon sang
Une âme obsolète
Exilée de tous les temps
De toutes les fêtes.
À toi mon fils
Je te donne le choix de mourir
En toute démocratie
La vie vient de choisir
En toute autocratie
De ne rien t'offrir
Que le langage du fusil.
Je te donne le choix de mourir
Avant la jeunesse
Afin de ne pas souffrir
L'impuissante vieillesse
Cette lâche enfance
Qu'on abat comme un gibier de potence
Sur les murs de la fragrance.
Je te donne le choix de choisir
Entre mourir et mourir
Notre alliance avec le verbe finir
À fini par tout faire partir
Même la paix, même le désir
Même la liberté...d'écrire
Avec l'encre de notre sang
Qui refuse tous les mots
Qui se mettent en rang
À la première tournure.
Je te donne le choix
Tant que goutte la vie
Sur le lit de notre terre
Où prisonnier notre paradis
Se meurt d'heure en heure .
Je te donne le choix
De mourir sans tes larmes
Tes pleurs me désarment
Et ton silence me foudroie
Alors pleure et crie
À tous les vents
À tous les temps
Ton amour à la vie.
Tu sais mon fils !
J'aurais pu être ton père
Nous aurions pu être frères
Sans la démagogie
Sans nos malheurs
Ce quotidien fusillé
Depuis notre naissance.
Nous aurions pu être amoureux
Emmaillotés dans le lit de l'amour
Sans ce ciel ténébreux
Sans tous ces détours
Avec pour escorte
Ce seul chemin
Notre seul pourtour.
Au-delà de ce périmètre
Qu'est notre peau
Flotte, libre notre drapeau
À la hampe de notre cerveau
À l'abri de tous les traîtres.
Je te donne le choix
De mourir en paix
Celle qu'on te refuse
Au nom du droit
Cette paix qu'on accuse
Acculée à la seule voie
À la réclusion recluse !
Tu vois mon fils
La terre est notre chance
Notre seul auspice
Face à l'aberrance.
Tu sais mon fils !
J'aurais pu être ton père
Tu aurais porté même mon nom
Comme tous les enfants.
Tu aurais eu des frères
Pas ces morts-vivants
Tu aurais eu des sœurs
Pas cette chair à canon
Tu aurais aimé l'école
Le pupitre et le banc
Tu aurais aimé les chants
Les hymnes de chaque pays
Au milieu du tien
Tu aurais appris palestinien
Et connu la vie
Sous les moindres replis
Les jolies filles
Aux tresses folles
Et même les colibris
Et toutes les choses frivoles
Collant si bien à une patrie.
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