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dimanche 7 mai 2017

Monsieur Fatah et le terroriste

Monsieur Fatah, je mesure l’ampleur du dégât causé dans l’esprit de ce petit qui se retrouve tout seul dans la rue et je ne peux secouer cette torpeur qui m’envahit en engourdissant sérieusement ma pensée chaque fois que tu négocies. Sais-tu au moins avec qui tu le fais ? Au nom de qui agis-tu ? Tu t’arroges le droit en bafouant les lois et la patrie que tu défends ! Mais, entre nous, de quel pays es-tu président ? Connais-tu vraiment cette Entité avec laquelle tu entretiens de savantes relations et avec laquelle tu discutes éternellement ? En d’autres termes, à laquelle tu accordes tant de crédit ?

J’ose te faire un rappel ainsi qu’à ceux de ton acabit, ces adeptes de la stérilité dialoguiste découlant d’une négociation bâtarde, byzantine et inféconde. Cette Entité que tu cautionnes, car tu ne cesses de légitimer son existence, fut admise en tant qu’État à l’Organisation mondiale grâce à la dérive et la perversion des Nations Unies. La résolution 273 du 11 mai 1949 qui a été adoptée à cet effet par l’Assemblée générale précise que cette nouvelle création doit respecter la Charte des Nations Unies :

« Ayant reçu le rapport du Conseil de sécurité relatif à la demande d’admission d’Israël à l’Organisation des Nations Unies,

Notant que, de l’avis du Conseil de sécurité, Israël est un État pacifique, capable de remplir les obligations de la charte et disposé à le faire,

Notant que le Conseil de sécurité a recommandé à l’Assemblée générale d’admettre Israël à l’Organisation des Nations Unies,

Prenant acte, en outre, de la déclaration par laquelle l’État d’Israël accepte sans réserve aucune les obligations découlant de la Charte des Nations Unies et s’engage à les observer du jour où il deviendra Membre des Nations Unies,
Rappelant les résolutions du 29 novembre 1947 et du 11 décembre 1948,

 Et prenant acte des déclarations faites et des explications fournies devant la Commission politique spéciale par le représentant du gouvernement d’Israël en ce qui concerne la mise en œuvre desdites résolutions,

L’Assemblée générale,
Remplissant les fonctions qui lui incombent aux termes de l’Article 4 de la Charte et de l’article 125 de son règlement intérieur,
1. Décide qu’Israël est un État pacifique qui accepte les obligations de la Charte, qui est capable de remplir lesdites obligations et disposé à le faire ;
2. Décide d’admettre Israël à l’Organisation des Nations Unies. »

Or, depuis cette reconnaissance, Israël n’a jamais appliqué les résolutions prises à son encontre par la communauté internationale. Pire encore, il ne cesse de passer outre les principes de justice et de droit international contenus dans ladite charte.

Oui, monsieur le président, cette Entité née par forceps dans le concert des nations est la fille illégitime des Nations désunies. D’ailleurs au nom de quel droit, cette organisation borgne et unijambiste, dégomme-t-elle un État ou le renomme ? A-t-elle été créée dans le but de faire ou de défaire des États ? Bien qu’il n’existe pas une définition juridique exacte, l’on est suffisamment imprégné de la notion d’État pour commettre un tel crime.

Un État est un enfant qui n’a nul besoin de la reconnaissance de ses parents ni de son enregistrement à l’état civil pour exister. Un État est un ensemble d’habitants animés par le même sentiment d’appartenance à un territoire donné. L’Histoire est là pour rappeler que Palestine existe depuis la nuit des temps, avant même ceux qui ont créé l’ONU et président toujours à sa destinée.

Monsieur Fatah, faut-il t’énumérer les résolutions qu’Israël n’a jamais appliquées pour que tu comprennes enfin que tu parlementes avec un État non-conformiste ? Es-tu naïf jusqu’à l’imbécilité pour croire à une solution négociée avec un éternel insoumis international ? De toute façon, à toutes fins utiles, je t’égrène, à titre non exhaustif, le chapelet désolant que tu portes malgré toi à ton cou malheureux depuis la maudite création :
— La résolution 237 du 14 juin 1967 qui prie le gouvernement israélien d’assurer la sécurité et le bien-être des habitants des zones où se sont déroulées des opérations de guerre et de faciliter le retour des gens qui se sont enfuis depuis le déclenchement des hostilités.
— La résolution 242 du 22 novembre 1967 demandant le retrait des forces israéliennes des territoires récemment occupés.
— La résolution 248 du 24 mars 1968 condamnant l’action militaire en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et les résolutions relatives au cessez-le-feu.
—Les résolutions 250 du 27 avril 1968 invitant Israël à ne pas organiser de défilé militaire à Jérusalem.
— La résolution 251 du 2 mai 1968 qui déplore la tenue du défilé militaire au mépris de la résolution 250.
— La résolution 252 du 21 mai 1968 qui déclare non valides les mesures prises par Israël ainsi que l’expropriation de terres et de biens immobiliers visant à modifier le statut de Jérusalem.
— La résolution 267 du 3 juillet censurant les mesures visant à modifier le statut de Jérusalem.
— Les résolutions 340 du 25 octobre 1973, 446 du 22 mars 1979, 468 du 8 mai 1980, 592 du 8 décembre 1986, 605 du 22 décembre 1987, 607 du 5 janvier 1988, 608 du 14 janvier 1988, 636 du 6 juillet 1989, 641 du 30 août 1989, 672 du 12 octobre 1990, 673 du 24 octobre 1990, 681, 694, 799, 904, 1322, 1397, 1402, 1405, 1435, 1515, 1544, 1850…
Ouf ! Ça n’en finit plus cette longue litanie de résolutions bafouées par Israël qui devient le premier État à ne pas respecter en long et en large la Charte des Nations Unies juste après son admission.
— La résolution 1860 du 8 janvier 2009…

He, monsieur Fatah ! Tu ne m’écoutes plus ? Tu es au courant de tout cela ? C’est grave, monsieur ! Cette résolution concerne les agressions successives contre le territoire de Gaza et les massacres perpétrés contre la population. Cette Entité est tellement certaine de son immunité qu’elle défie le Monde. Tu n’es pas sans savoir qu’elle détient tous les pouvoirs pour nommer et défaire les présidents, les directeurs, les procureurs… Elle compte sur un lobby très puissant agissant au niveau des centres de décisions à l’échelle planétaire. Que-t-ont rapporté les vingt ans de négociation, monsieur le négociateur ? Sais-tu que tu induis les Palestiniens en erreur en leur faisant accroire qu’ils peuvent recouvrer leur liberté et leur indépendance juste en papotant ? Tu leur apprends une tout autre dimension que celle de la révolution ! Oui, monsieur, la résistance est une culture qu’il faut entretenir contre vents et marées jusqu’à réussir.

Israël étant un dissident permanent faisant fi du droit international, de la Charte des Nations Unies, et de plus de deux cents résolutions adoptées à son égard, comment arrives-tu à lui accorder un tel crédit ? Le plus beau et là où le bât blesse, c’est toujours toi qui l’invites à table alors que lui est récalcitrant. C’est souvent toi l’initiateur de pourparlers vides et inconséquents, mais terribles et dangereux, car ils hypothèquent gravement le devenir palestinien.

Depuis sa création, Israël est coupable de plusieurs agressions perpétrées contre des pays souverains. Il viole continuellement les espaces aériens d’États indépendants sans être inquiété outre mesure par la communauté internationale. Il compte à son actif plusieurs massacres élevés au rang de crimes contre l’humanité. Avec tout ce funeste palmarès, comment continues-tu à négocier avec un État tout à fait terroriste ?

Monsieur, la Palestine est plus grande que toi, que ton maudit parlement, que tes opportunistes ministres et tes enfants réunis. Au fait monsieur, les tiens sont-ils au maquis ? Et pardon encore, j’aurais dû commencer par-là ! Sont-ils palestiniens ? Pour ta propre gouverne, Nassr-Allah que tu n’aimes pas a perdu un fils au combat en première ligne du front. Et si le tien prenait les armes ? Et s’il se faisait exploser en plein cabinet israélien ? En effet, je délire, monsieur, car ton héritier ne peut être un guerrier. Il est plutôt prédestiné à être un brillant entrepreneur. La guerre et la mort sous les décombres sont pour les autres, de l’autre côté du rideau de fer et de feu que tu attises avec ton souffle permanent. Je ne comprends pas ta ténacité à déployer tous ces efforts pour finalement accoucher d’un pétard mouillé.

Est-ce de l’inconscience ?

Comment arrives-tu à faire confiance à un État voyou qui ne recule devant rien pour te damer le pion chaque fois qu’il le juge nécessaire, et ce, même quand tu ne lui donnes pas l’occasion ? Vous formez une belle paire, toi et ton grand négociateur dont l’esprit est tellement acrobate qu’il manie le verbe dans tous les sens, sauf dans celui de l’indépendance. L’adepte de la négociation par la concession renvoie à cette femme qui se défait de ses habits pour vendre sa vertu au marché de la connivence et de la prosternation.

Pourquoi vous entêtez-vous à vouloir coute que coute négocier ? Lorsque votre vis-à-vis vous coupe l’herbe sous les pieds, vous trouvez toujours un moyen pour le ramener à la table quitte à vous aplatir devant ses seigneurs pour qu’ils l’incitent à venir accepter un nouvel octroi. Il parait que vous êtes expert en matière de distribution de dons. À chaque round que vous sollicitez, vous concédez un autre territoire. Vous vous prostituez en appelant cela de l’art, de la diplomatie. Par vos pourparlers négatifs et désolants, vous avez transformé la Palestine en peau de chagrin et les quelques espaces encore palestiniens en bantoustans, en immenses prisons à ciel ouvert. Après la guerre de six jours, la Palestine conservait quarante-huit pour cent de ses terres. Aujourd’hui, elle n’en compte que vingt-deux pour cent, étalés en ilots séparés par des colonies, des langues étrangères. Au final, nous avons au menu trois enclaves hissant pavillon palestinien.

Monsieur Fatah, pourquoi cette obstination à courir derrière un mirage en développant un discours sirupeux et lénifiant après tant d’années d’incurie dans le domaine des tractations ? Tu ne fais qu’endormir et leurrer ton peuple en lui faisant miroiter une issue heureuse. C’est une lourde responsabilité que tu endosses face à l’Histoire, alors pourquoi t’obstines-tu à commettre l’irréparable ? Tu es petit et le resteras toujours ! Il est impossible que tu puisses rejoindre le panthéon des grands hommes, les vrais révolutionnaires. Nul n’a eu autant de chances que toi pour se distinguer. Malheureusement, cela fait soixante ans que tu rates l’occasion. J’en mets ma main au feu, tu n’arriveras à rien avec ces Israéliens qui t’utilisent au mieux pour leur bien. Tu joues leur jeu en minant les sentiers déjà piégés de ton peuple opprimé.

Le malheur, tu te confies aux États-Unis pour aplanir les difficultés qu’Israël édifie pour éluder les discussions, car lui ne négocie jamais le devenir de son Entité. Je sais que tu tires certains dividendes de ta rencontre avec le président américain et surtout une pleine satisfaction. Et comment ! N’es-tu pas l’égal de cet être tout puissant ? Il n’est pas donné à n’importe quel président d’être reçu par le premier Américain. Tu fais donc partie de ces hommes d’État chanceux auxquels cet honneur est réservé.

La sécurité d’Israël constitue une ligne rouge à ne pas approcher ! Israël fait partie intégrante de la sécurité des États-Unis ! Qui menace Israël, menace les États-Unis ! La survie d’Israël passe avant celle des États-Unis ! Ce sont là quelques mots d’ordre claironnés par les hôtes de la Maison-Blanche. Crois-tu, monsieur Fatah que ces derniers puissent être tes amis ? Quant à Israël, es-tu vraiment son ennemi ou bien juste un adversaire pour lui agrémenter la vie ? Israël te déshabille, mon petit, chaque fois que tu lui souris. D’ailleurs, tu es presque nu, il ne te reste que ton esprit pour ultime et dernier habit. Le pantalon, tu l’as aux chevilles à l’image des vingt-deux pour cent de notre patrie.

Imbécilité extrême, tu cours, tu jappes, tu sollicites l’intervention de l’Amérique pour régler le différend qui t’oppose à son ami, que dis-je, son protégé. C’est de la pure folie, monsieur ! Autre chose, monsieur ! Depuis quelque temps, ton mandat a déjà expiré. Tu n’es plus le représentant légal des Palestiniens, alors pourquoi braconnes-tu au niveau de l’Autorité ? Tu as pris le pli du faux métier de président en exerçant un monopole déroutant et dégoutant en marge de la légalité. L’Amérique que tu vénères ne te sent pas, ne peut t’aimer et ne peut en aucun cas être de ton côté. L’Amérique a depuis longtemps choisi son camp et il faut être vraiment con pour soutenir le contraire et croire qu’elle peut jouer le rôle d’intermédiaire en toute impartialité.

Monsieur Fatah, tu ne fais que rater le coche, car tu penses toujours que tu peux mener une révolution à partir d’un discours. Alors, joignant l’utile à l’agréable et enfourchant ta langue fourchue, tu prononces souvent des allocutions et parfois des harangues ennuyeuses, parce qu’identiques et interminables. Tu persistes à croire que le verbe remplace l’épée et la parole une arme et tu t’en vas en guerre en asticotant ton seul langage pendant qu’en face on tue les tiens, on démolit ton entourage, on spolie tes terres à l’aide de chars et d’artillerie. Tu développes d’une manière détournée la philosophie de Gandhi que tu appliques maladroitement là où tu devrais mettre en œuvre celle du Che. Tu le connais, forcément, mais tu l’ignores sciemment, car la première leçon que les vrais révolutionnaires retiennent de son action, c’est servir le peuple et lui enseigner inlassablement la révolution.

Toi, tu le désarmes continuellement en l’endormant infatigablement.

Tu aurais pu être un petit Che, juste ce qu’il faut pour mener une révolution et délivrer la Palestine de cette vipère qui empoisonne ses terres. Je dis petit, car Guevara est un révolutionnaire authentique et tu ne pourras jamais l’égaler. Il fait partie de l’Histoire et du patrimoine universels, ce guerrier international qui a sillonné le monde pour aider les opprimés à se libérer.

Je me permets ici d’ouvrir une parenthèse sur la révolution congolaise juste pour éclairer ta lanterne afin que tu comprennes son édifiant enseignement.

En 1965, le Che débarque au maquis de Kabila alors que l’insurrection s’essouffle, se meurt à la suite d’opérations militaires de la part de mercenaires. Le Che et ses compagnons ont importé au Congo leur propre expérience de la lutte révolutionnaire acquise à Cuba et en Amérique Latine dans le seul but d’aider les Congolais épris de liberté de s’affranchir de la junte au pouvoir et de ses commanditaires blancs. Deux mois après son arrivée, il écrivit que la guérilla au Congo manquait de cadres de niveau culturel approprié, de partisans absolument fidèles à la cause, de discipline dans les rangs, de commandement unifié. Il ajouta qu’elle était sérieusement minée par la prolifération de chefs locaux, par une indiscipline caractérisée au sein des unités et surtout par l’absence de combativité.

J’espère, monsieur Fatah, que tu regardes la lune et non pas mon doigt, car ce que je raconte est très édifiant. Le Che, dont l’esprit critique était éveillé, fut frappé par certains clivages de la société congolaise. À cet effet, il note :

« Dès les premiers instants, nous ressentîmes une franche division. Aux côtés de gens très peu éduqués, majoritairement paysans, on en trouvait d’autres avec une culture supérieure, un habillement distinct, une meilleure connaissance du français. Entre ces deux groupes d’hommes, la distance était frappante. L’Armée de libération recevait des renforts, sous forme de contingents entraînés en Chine et en Bulgarie. C’étaient des cadres entraînés par la Révolution, mais on ne pouvait pas les risquer au combat. Cela aurait été irresponsable ! Ils venaient seulement déverser sur leurs camarades la montagne de connaissances accumulées en six mois d’études théoriques… Ils n’ont presque jamais participé au combat. Ils ont formé des organisations politiques parallèles qui se disaient marxistes-léninistes, mais ne servaient qu’à accentuer les divisions. Ce genre de révolutionnaires ne cultivait que l’ambition d’obtenir un poste de direction… »

N’est-ce pas que cela colle admirablement à la société palestinienne ? Tu n’es pas sans savoir que les Palestiniens sont les plus instruits des peuples arabes. Les cadres palestiniens sillonnent le monde pour acquérir des connaissances aux frais de la princesse qui n’est autre que la révolution ; ils cumulent des diplômes en étudiant dans les pays arabes. Des officiers ont suivi le même stage plusieurs fois dans différents États. Du perfectionnement à l’état-major, ils subissent la formation sans jamais clôturer le cursus pour ne pas avoir à retourner au bercail. L’essentiel étant de rester longtemps éloigné des lieux de combat, ils affichent leurs certificats et brevets comme autant de trophées. Ces gens qui goûtent à la belle vie, alors que les leurs se font massacrer, ne prendront jamais une arme pour se libérer. Au contraire, ils vont tout faire pour démontrer à la population qu’il existe d’autres moyens plus efficaces pour résister. C’est ce à quoi s’emploie l’Autorité et une certaine élite palestinienne.

Toi et tes compères, vous caressez dans le sens du poil cet ennemi qui du coup vous catapulte au-devant de la scène en vous taxant de danger public numéro un. Il vous crée une aura, une légende sur mesure. Il engage contre vous une fausse chasse aux sorcières, juste pour vous donner le crédit qu’il faut afin que vous puissiez leurrer votre peuple continuellement. On vous permet même de les insulter, de les fustiger quand il vous arrive de prendre la parole à l’Assemblée des Nations Unies. L’Amérique et Israël réagissent négativement en vous faisant monter la moutarde au nez uniquement pour vous aider à sévir un instant de discours prononcé. Ils jouent le jeu pour redorer votre blason et vous procurer une légitimité. Oui, que vous soyez ambassadeurs ou parlementaires, on vous crée les circonstances favorables afin que vous puissiez bien tenir les rênes d’un peuple qui n’aspire qu’à une vraie révolution.
Je te défie, monsieur Fatah, de tirer un seul coup de feu dans le ciel de Palestine occupée.

Benak in Les enfants de Gaza
Copyright © 2017 Benaissa Abdelkader

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