Rachel Corrie

L'oiseau étourdi de mon cœur bat de l'aile

Dans le ciel gris de mon corps enseveli

En égrenant les vers d'un poème éternel

Dans le jardin engagé de la riche poésie.

Tu as su accaparer tout mon amour Rachel

Pour en donner un tantinet aux Etats Unis

À ceux-là même qui ont dressé ton autel

En armant le bras inhumain de la folie.

Désormais notre rendez-vous sera annuel

À la lisière lointaine et bleue de notre pays

Ton amour plus fort que le tesson d'un rituel

Au goût sacré de ton corps fluet enseveli

Où plane ton âme aussi belle qu'une hirondelle

Ô ma douce Rachel, ô ma splendide reine Corrie

C'est à l'encre de mon sang que ces vers catégoriels

Fusent au-delà des murs vernaculaires de mon aphasie

En décrivant au fond de mon être cet arc-en-ciel

Où les mots me font boire le calice jusqu'à la lie

Je me souviens du mois de ce temps fou antipersonnel

Où mars de la cinquième saison est venu sans alibi

Sonner le glas de notre printemps de son acte criminel

Et transformer nos cœurs en une effroyable charpie

Ma mémoire où se maintient ta douleur continuelle

Ton souvenir Rachel sans jamais mourir s'aurifie

Mon cœur où flotte ton drapeau inconditionnel

S'accroche à la hune de ton mat comme une vigie

À l’affût de cette soldatesque pirate et démentielle

Avide de sang innocent et friande de lâche tuerie

Mon amour pour toi s'en va toujours exponentiel

En multipliant notre chance au facteur de l'infini

Pour que la liberté soit notre seule raison essentielle

Et l'espoir, ce beau rebelle de notre source non tarie

Au nom de la vie, au nom de notre lien fraternel

Au nom de ce qui nous unit et de ce qui nous lie

Au nom de moi ton ami, au nom de toi Rachel

Au nom des démunis et de tous les nôtres partis

Au nom de tous ces êtres qui nous sont fidèles

Au nom de tous les prêtres, les imams et les amis

Je te nomme gardienne du testament universel

Dépositaire unique du monde et sa vox populi.