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samedi 20 mai 2017

Trèfles d'Oran


Par tous les pores de ma peau
Par toutes les rues désertes
Par tous les monts
Par tous les vaux
Par le lien de l’esclave et le maître
Par tous les péchés capitaux
Par tout mon sang en alerte
Par tous les suaires et canaux
Par l’enfant qui vient de naître
Par tous les navires et bateaux
Par toute l’essence de mon être
Je déclare tout bas, je déclare tout haut
Que tout Oran n’est que le tertre
D’un amour servi sur un plateau
Que ton regard n’est  qu’une fenêtre
Par laquelle je vois tout beau
Que ton sourire n’est que l’âtre
Du feu qui ronge mon caveau
Que ta jambe en plâtre
L’os de mon cœur badaud
Que tes cheveux de martre
Les bûches de mon fourneau
Que ta présence folâtre
Le fantôme de mon château
Qu’Oran est une ville saumâtre
Qui ne fait pas de cadeau.

À l’étroit un peu dans ma peau
Je sens monter dans la tête
Les remous silencieux de Choupot
En une vilaine tempête
À l’étroit un peu dans mon âme
Comme au-dessus d'une crête
J’entends le vent rendre les armes
Dans le cri noyé d’une chouette
À l’écart un peu dans mon corps
Je vois Maraval en flammes
Notre idylle dans le tort
Notre amour dans le blâme
Un peu au bout de mon élan
Mu par une aube bizarre
Je flotte sur ton étang
Mi-chaloupe et mi-nénuphar.

Bûcheron ! De grâce un peu de bois
Il fait si froid dans ma maison
Chaperon ! De grâce un peu de toi
La peur du loup est sans raison
Exorciste ! Un peu de prière
Mon âme est tout à fait hantée
J’ai pris une potion sorcière
Et un zest de dernière cuvée
Brise le fou sortilège
Où Oran m’a envoûté
Libère mon âme du manège
Où Maraval m’a fourré
Abreuve-moi de cette sève
À nulle autre pareille
Et qu’en toi s’élève
Le cri qui sommeille.

Que Maraval soit le fleuve
Et Choupot qui appareille
Que tu sois la grève
Que je sois l’écueil
Du coté de mon cœur
Un oiseau fait son nid
Quelle est cette langueur
D’une aube infinie.

Du côté de mon jardin
Il se passe des choses
Il pousse du romarin
Et ça sent la rose
Et du soir au matin
Je prends ma dose
Quelque part dans mon cœur
Des filles jouent à colin-maillard
Cheveux tressés de douceur
À l’ombre de mon cafard.

Quelque part dans mon cœur
Des filles chantent une ronde
Robes tachées de fleurs
Aux sons de mon humeur profonde
Du foin de mon âme
Se dégagent des flammèches
Une fumerolle amoureuse de flammes
A mis le feu à la mèche
Que ça brûle que ça crame
Le destin est en marche
Au bonheur d’un quidam
Parmi la foule je cherche
Un Monsieur et une Dame

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