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mardi 16 mai 2017

Trèfles d'Oran

Dans le bar à Choupot
Le monde au goulot
La terre dans ma gorge
Le cri essoufflé
De l’amer sanglot
Ça goutte sous mon crâne
Où le ciel a pleuré
L’esprit brouillé
En un pétard mouillé
Pète dans mon âme
Dis-moi ma sœur
Que fais-tu d’un frère
Quand la moitié se cherche
Quand misère et déche
Sont les faces cachées
De notre vieille rancœur.


Oh ! Dis-moi ma sœur
Que fais-tu d’un homme
Qui rit et qui pleure
Qui pleure et qui rit
D’une silencieuse douleur
De l’adieu d’un ami
Oh ! Oui toi ma sœur
Que fais-tu d’Oran
À l’heure des CASTILLANS
Et la montagne des lions
Est amoureuse de GRENADE
FERDINAND LE CONQUERANT
De XIMENES à CARTHAGENE
ORAN est toujours algérienne.

La corniche où la mer se niche
Pour un énième tango
Où s’escriment pauvres et riches
Si différents et tellement égaux
De Maraval à Choupot
À l’heure  du bilan
Un homme tresse les rues
Pour un grand monument
De cohue en cohue
Pour unique testament
Ça grince sous mon crâne
Les dents serrées des méninges
Le moulin du cerveau ahane
À essorer mon sale linge.

Debout ! Ma sœur, mon amie
Le temps n’est plus informel
Fou, le temps, notre ennemi
Doucement, injecte sa dose mortelle
Debout ! Mon amie, ma sœur
Le temps d’heure en heure
Creuse le fossé qui nous lie
Sonne le glas de notre délit
Que je crie que tu pleures
Les couacs de la vie
Jalonnent notre histoire.

De Maraval à Choupot
Quand Oran est un miroir
À l’ombre du Murjajo
Où se mire chaque soir
Le soleil de notre peau
Écoute le vent souffler
Sur la baie Oran
Notre bateau à quai
Sans matelots sur le pont
Écoute le vent chanter
Comme une lyre magique
Et le poète hanté
Par la douce musique.

Écoute le vent râler
La douleur des cœurs brisés
Les fleurs fanées
D’un printemps manqué
Écoute-le raconter
Le soir au coin du feu
Les maigres années
Et les silences creux
Écoute le vent parler
La douceur de ta bouche
Tenue au secret
La lune de notre couche.

Écoute-le rire
Dans le champ de blé
Dans la chevelure
De notre amour épinglé
Écoute-le pleurer
Les larmes dorées
D’un enfant sevré
D’une douce maman
Écoute-le mourir
Dans la baie d’Oran
Dans un long soupir
Dans un bruit troublant.

À l’étroit dans ma tête
J’imagine tout Oran
Aux couleurs de ta silhouette
À la robe d’alezan
Ce soir c’est un peu la fête
Chevaliers et tapis persans
Cavaliers et robes cafetans
À l’étroit dans ma tête
J’invente un peu le vent
Les phrases toutes prêtes
De mon dernier testament
J’écris un peu ton nom
Les lettres trop parfaites
D’un amour naissant.
J’invente un peu le vent
Les prairies vertes
Où je vois paître
Un amour grandissant

À l’étroit dans ma tête
Je chasse le temps
Le temps des peut-être
Le mauvais temps
À l’étroit dans ma tête
Je me sens prisonnier
Des idées toutes faites
De mon cœur négrier
Où je suis esclave et maître.

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