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jeudi 11 mai 2017

Trèfles d'Oran


Bonjour! Je vous livre Trèfles d'Oran qui n'est nullement un recueil, mais un seul poème écrit en un seul jet, alors que je traversais Oran à pied, un certain jour de l'année 1991. La désobéissance civile s'amplifiant, les manifestations plurielles prenaient en otage la ville d'Oran qui se mit , elle aussi , au diapason de la tragédie de l'Algérie. En zombie, je marchais en écoutant ma muse qui du tissu fiévreux de mon esprit égrenait le chapelet douloureux de la poésie que voici:   

Maraval ! Dans tes rues
Labyrinthes de mes idées
Un oiseau s’est posé
Parmi la foule débridée
Dans son bec
Un brin de lumière
Dans ses pattes
Un écrin de chaleur
Parmi la foule immense
Perle rare et d’innocence
Un nouveau jour s’annonce
Le soleil à portée de mains.

Maraval ! Dans tes rues
Le présent se conjugue au futur
Le passé se fige au garde à vous
Devant l’altesse de ta présence
Comme un soldat de plomb
Que l’enfant écrase en seigneur
Dans ma triste demeure
La tisseuse file du coton
Du fil à retordre
À mes espoirs perdus
Dans ma triste demeure
Où unique lampe nue
Tu éclaires, lanterne rouge
Mes idées tordues.

Maraval ! Dans tes rues
Le mystère a trouvé refuge
Maraval ! Par quel juge
Tu prononces la sentence ?
Par quelle alchimie
Tu dilues mon essence ?
Maraval ! Par quelle chance
Le hasard se multiplie ?
Et par quelle danse
Le bal du cœur commence ?

Maraval ! Ton point d’honneur
C’est d’être gladiateur
Dans la vie ou  la guerre
L’on est soit soldat soit seigneur
Si le propos est flatteur
Le silence est d’or
Et la parole bien éphémère
Maraval ! Que l’écrit soit le cristal
Où le regard se croise
Où se noie le geste fatal
Où meurt l’idée sournoise
Maraval ! Je clame haut
Du haut de mon âge
À bas l’esprit nobliau
Ainsi que le vieil adage.

Maraval, mon vieil ami
À la lumière d’une bougie
Qui se mange comme la vie
Je tisse cette merveille
Une ombre claire sur ma feuille
Maraval ! À l’aune d’une bougie
Je mesure le temps qui coule
Comme coulent mes espoirs
Dans le sablier de la vie
Je m’accroche en chauve-souris
Au-delà de la lumière
La raison à ses frontières
Le cœur à ses malheurs
Que la raison ne connaît pas.

Malheur aux raisons
Qui ne sachent le diapason du cœur
Tu sais, mon cher Maraval
Tu aurais pu être ma mère
Car nul amour n’a d’égal
Que celui d’un enfant
Le temps coule comme du sable
De Choupot à Maraval
De Maraval à Choupot
Quand Oran se désintègre
De Choupot à Maraval
Le cœur balance
Douce violence
Et vérité cardinale.

Tu sais cette mangeure
À l’heure du repas
C’est mon cœur désossé
Qui repose sur le plat
Choupot ! Je te prends à témoin
Que Maraval est un complot
Qu’Oran est un mal de chien
Que je crie mon lamento

Je te défie
À l’arme de la vie
Que l’éloignement est à l’amour
Ce que le feu est à la bougie
Et que rien ne vaut le détour
Quand on a qu’un ami
Et que rien ne vaut la vie
Quand bien même elle ne fait pas de cadeau
Et que les langues se délient
Quand sont dressés les échafauds
La colombe est blessée
L’os de mon cœur brisé...(à suivre, Trèfles d'Oran-2)


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